Le monde de la culture et des arts en Algérie a été endeuillé par la disparition de plusieurs personnalités, qui ont quitté la scène en 2019.

Dès le début de l’année, une onde de choc secoue le monde de la production audiovisuelle et du cinéma algérien, suite au décès le 24 janvier du producteur et réalisateur Youcef Goucem, des suites des blessures causées par sa tentative de s’immoler par le feu au niveau du siège de la chaîne de télévision privée Dzaïr TV, le 7 janvier dernier. Le geste tragique du producteur était l’ultime cri de désespoir pour protester contre l’indifférence et le non-paiement des productions qu’il avait conclues et remises au gérant de la chaîne télévisuelle privée. Cette affaire a provoqué une mobilisation des professionnels de l’audiovisuel et du secteur du cinéma afin de trouver des solutions concrètes pour réguler un secteur qui vit un profond mal-être. Une autre mort tragique, celle de Houari Manar, chanteur de raï, le 7 janvier dernier, dans une clinique privée d’Alger, durant une anesthésie pour les besoins d’une opération de chirurgie esthétique, avait suscité la polémique et a été marquée par l’ouverture d’une enquête, par le Parquet d’Alger pour déterminer les causes exactes de sa mort. Un autre chanteur de raï est mort tragiquement durant l’année 2019, il s’agit de cheb Azzeddine, décédé le 6 février dernier des suites d’un AVC, à l’âge de 44 ans. De son vivant, il s’est notamment distingué avec «Chouf el hogra», une chanson dans laquelle il ridiculisait les autorités locales, ce qui lui a valu en 2005 une condamnation à un an de prison ferme par le tribunal de Chlef, pour diffamation et outrage à corps constitué. Le mois de janvier a aussi endeuillé le monde des arts plastiques algériens, Mansour Abrous, diplômé de psychologie et d’esthétique, décédé le 31 janvier à Paris à l’âge de 63 ans. Très actif dans le domaine de la critique et du suivi de l’actualité culturelle algérienne, il est l’auteur de nombreux articles et a laissé pour la postérité deux ouvrages de références «Dictionnaire des artistes algériens 1917-2006» et «Algérie, arts plastiques : dictionnaire biographique 1910-2010». Dans le même esprit des personnalités actives dans le monde des médias culturels, l’année 2019, a également endeuillé l’actualité culturelle avec la disparition de Rachid Alik, journaliste et chroniqueur culturel, le 5 mai à Alger, des suites d’une longue maladie. Il était âgé de 50 ans. Passé par Alger Républicain, Le Matin, La Tribune et Liberté, il dirigeait le service Livre de l’Institut français d’Alger.
Dans le domaine de la littérature, cette année qui s’achève est aussi marquée par la disparition d’Aziz Chouaki, poète, romancier, dramaturge et musicien, le 16 avril à Paris à l’âge de 67 ans. Sa disparition est une très grande perte pour la scène algérienne dont il est toujours resté un électron libre, depuis ses toutes premières publications. «Baya», son premier roman publié en 1988 chez Laphomic à Alger, a été réédité en novembre 2018 aux éditions Bleu autour. Aziz Chouaki était établi en France depuis 1991. Ecrivain, dramaturge et musicien, il est l’auteur d’un grand nombre de nouvelles, de romans comme «Baya», «L’Etoile d’Alger», «Aigle» et «Arobase», ainsi que d’une dizaine de pièces, dont «El Maestro», «L’Arrêt de bus», «Une virée», «Les Coloniaux» «Chez Mimi», «Zoltan» et plus récemment «Nénesse et Europa» (Esperanza).
Plusieurs autres personnalités culturelles ont rendu leur dernier souffle en 2019, à l’instar d’Azwaw Mammeri, artiste plasticien, le 15 mai à Alger, à l’âge de 65 ans, Belkacem Babaci, président de la Fondation Casbah, décédé le 11 septembre à l’âge de 80 ans, et Tarik Chikhi, musicien et cofondateur du groupe Raïna raï, le 11 novembre à Sidi Bel-Abbès, à l’âge de 67 ans.
Le monde du septième art n’a pas été épargné en 2019 par la grande faucheuse notamment avec la disparition du grand cinéaste algérien Moussa Haddad, cinéaste, le 17 septembre à Alger, à l’âge de 82 ans. Plusieurs hommages ont été rendus depuis l’annonce de la mort du mythique réalisateur des «Vacances de l’inspecteur Tahar», par diverses institutions culturelles et cinéclubs. L’autre grande personnalité du cinéma algérien disparue durant cette année 2019 est le réalisateur Cherif Aggoune, un des pionniers du cinéma amazigh, mort le 17 décembre dernier des suites d’un arrêt cardiaque à Paris, à l’âge de 68 ans. Il est notamment l’auteur de «Taggaran’lejnun» (La Fin des djinns, 1990), un court métrage en langue amazighe (berbère) et «L’Héroïne», un long-métrage de fiction qui revient sur les traumatismes de la décennie 1990 en Algérie.