La poursuite des combats et des raids aériens autour de la ville portuaire yéménite de Hodeïda et dans la partie sud de la province du même nom pousse les civils à fuir. Depuis vendredi dernier, des mouvements d’exode importants sont signalés par le bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires (OCHA).
Selon cette source, « toujours plus de gens fuient les zones de combat à la recherche d’un refuge dans des zones plus sûres, y compris la capitale Sanaa » contrôlée par les insurgés. « Des déplacés de la ville de Hodeïda sont arrivés à Sanaa », à 150 km au nord-est, a ajouté l’agence onusienne, soulignant que le nombre total de ces civils n’était pas encore connu. Depuis le 1er juin, plus de 30.000 personnes ont été déplacées par les combats dans la province de Hodeïda, dont 3.000 de la ville éponyme, avait indiqué jeudi l’OCHA. L’ONU et des ONG craignent que ces opérations militaires n’interrompent l’arrivée de l’aide au Yémen qui dépend des importations pour 90% de sa nourriture, et 70% de celles-ci passent par Hodeida, sur les rives de la mer Rouge. L’OCHA a indiqué vendredi que l’aide continuait à être distribuée à Hodeïda en notant toutefois que « l’accès aux bénéficiaires devient plus difficile en raison de la fermeture de certaines routes ». Un vidéaste de l’AFP a vu une colonne de dizaines de camions chargés d’aides du Croissant-Rouge des Emirats attendre à Mokha (150 km au sud de Hodeida) le feu vert pour faire route vers le nord. On ignore si les Houthis, qui contrôlent Hodeïa, vont autoriser ou non l’entrée de cette aide dans la ville. Dans la ville, les rebelles ont coupé les principaux axes avec des monticules de sable et ont creusé des tranchées, selon des habitants interrogés par les agences de presse. Le Conseil norvégien pour les réfugiés a indiqué que l’eau ne parvenait plus depuis mardi à plusieurs quartiers de la ville. « Les habitants comptent désormais sur l’eau fournie par les mosquées », a ajouté l’ONG, exprimant son inquiétude face à une « situation d’urgence humanitaire à cause du choléra » qui a déjà fait plus de 2.000 morts en près d’un an au Yémen. Par ailleurs, dans la province de Hijja située au nord de Hodeïda et contrôlée par les rebelles, le Programme alimentaire mondial (PAM) a distribué une aide à des déplacés ayant fui les zones de combats, a constaté un photographe collaborant avec l’AFP. Depuis que la coalition militaire emmenée par Riyad est intervenue au Yémen en 2015 en soutien aux forces gouvernementales face aux rebelles Houthis, le conflit a fait près de 10.000 morts. Le pays connaît «la pire crise humanitaire du monde», avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l’ONU.