Par Mustapha Bensadi
Dépitées, Lisa et Zaza, deux sans-visas, s’en vont « avaler » une pizza, le visage en proie aux ravages de tics, c’est tragi-comique !
Encore une lapalissade : se voir, de nos jours, accorder un visa d’entrée dans un territoire occidental, en particulier, n’est pas toujours chose aisée ! Notamment en France. L’obtenir, désormais, est considéré comme une chance inouïe, un retentissant succès (?!). Au point où, aujourd’hui, « l’heureux (se) élu (e) au voyage dans l’Hexagone se voit adresser des « mabrouk a3lik » à profusion. « L’exploit », par excellence, en somme, alors qu’en fait, ça n’en est pas un, loin s’en faut ! Juste le fait du hasard… Dès lors, en effet, qu’il ne s’agit nullement d’une quelconque prouesse due à ses propres aptitudes intellectuelles ou physiques, ou autres qualités tenant des deux, mais davantage à un « jeu » de probabilités, favorable, sans plus. Nul n’ignore, par ailleurs, que les aléas, la conjoncture et autres « intempéries » politico-diplomatiques (entre Paris et Alger) interfèrent inéluctablement, et au troisième degré, sur « l’humeur » des principaux préposés à l’octroi du sésame au niveau des Consulats généraux français d’Alger, d’Oran et de Annaba.
Ces intempestives « brouilles » entre les deux capitales qui… embrouillent jusqu’aux relations apolitiques, pourtant, entre le citoyen algérien et l’Administration française ! Si bien que c’est « au p’tit bonheur, la chance » que l’Algérien (lambda !) s’en va déposer son dossier de demande de visa. Miné, entre-temps, par les ravages psycho-neurologiques du doute. Et ce quand il aura « réussi » (!) à obtenir d’abord un rendez-vous ! Ce tout premier « succès ». Or, il s’avère que, depuis quelque temps, celui-ci n’est un « acquis » que si l’on s’acquitte d’un million de centimes (10 000 DA) auprès d’un (étrange) intermédiaire surgi d’on ne sait où. Seul garant de l’obtention d’un RDV avec VHS (?). De plus en plus de gens confirment cette information, également attestée par des gérants d’agence de voyages et de tourisme. La question que l’on se pose : « Cet intermédiaire -du reste sujet à caution- est-il seulement « officiel » ? Patenté ? Un obstacle de plus, dans cette course à… obstacles qu’est la démarche en vue d’obtenir un visa pour la France. Déjà que les « lois » secrètes qui régissent (ou président) l’octroi desdits visas relève du secret des Dieux ! Quels en sont les critères, les conditions sine qua non et absolument requises ?
Sur le site « VISAS France » (Internet), on peut lire : « Attention aux sites frauduleux : les demandeurs de visa sont invités à faire preuve de prudence dans toutes les transactions avec les entreprises qui prétendent offrir leur assistance pour l’obtention de visas français » (fin de citation). Un homme averti en vaut deux, dit l’adage. Certes, mais il n’en demeure pas moins que ce fameux intermédiaire existe bel et bien en attendant. Un passage obligé, en somme. Un autre son de cloche auprès d’une autre agence de voyages : « Pour éviter l’intermédiaire à 10 000 DA, il faut disposer d’un certain logiciel afin de l’éviter et pouvoir entrer directement en liaison avec l’entreprise officiellement préposée à l’octroi des RDV ainsi qu’à la réception des dossiers de demande de visas » (?). Mystère !
L’autre versant de la question des visas, ce sont, bien évidemment, les « motifs » invoqués pour « justifier » un refus de ces derniers. Ceux-ci sont souvent battus en brèche par les mal-aimés, car, la plupart du temps, infondés, voire « tirés par les cheveux ». Et dans cette « aventure » ô combien stressante (et qui coûte cher, de surcroît) qu’est le dépôt d’une demande de visa pour la France, le dépit et le stress à la clé, le suspense n’étant guère en reste, le citoyen algérien lambda, à son corps défendant, se retrouve dans la peau d’une victime expiatoire des humeurs, des « critères » mais, surtout, des retombées psychologiques d’orages politiques s’abattant, par moment, entre Lutèce et El-Djazaïr. Les recours ? On vous en laisse la possibilité, tout en étant informé que si, au terme de deux mois, il n’y a pas de suite, vous devez considérer qu’ils n’ont pas abouti. Autrement dit, il est plutôt rare qu’ils aboutissent en votre faveur. Il est tout à fait compréhensible, cela dit, que l’on s’abstienne et évite d’admettre qu’un rejet, un refus est une « erreur d’appréciation », un « injuste traitement » du dossier. Tout comme, du reste, il faut comprendre une certaine propension à la sévère restriction dans l’octroi du visa France et la « politique du compte-gouttes », quand on sait que tant et tant d’individus n’ont pas honoré le visa confiance obtenu et ce, en ne revenant pas au pays d’origine, ayant opté pour l’installation au noir sur le territoire d’accueil ! Tant et si bien, qu’aujourd’hui, « les bons paient pour les mauvais ». Entretemps, que de parents se languissent atrocement de leurs enfants résidant dans l’Hexagone et vice-versa. Sachant leurs parents esseulés, souvent gravement malades, demeurés en Algérie. Forcément. Ce sont particulièrement ces cas qui font de la peine. Des situations on ne peut plus dramatiques, assurément. Pathétiques. Nous voilà réduits à quémander, oubliant toute dignité, taisant notre amour-propre, un séjour de retrouvailles affectives auprès d’êtres chers, quand bien même cette échine courbée revient, qui plus est, assez cher… La raison et la compréhension, l’honnêteté finiront-elles par l’emporter, un jour proche ? Souhaitons-le. <