Par Sihem Bounabi
Après de longs mois marqués par les fortes tensions sur la disponibilité des produits importés et même des pénuries touchant certains produits comme celui des pièces de rechange de véhicules, du bois, de l’aluminium, les experts pronostiquent que suite aux dernières mises au point du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, sur le dossier des importations, les choses devraient prochainement s’améliorer pour que les produits essentiels importés puissent être disponibles.
En effet, lors de son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, diffusée vendredi dernier sur les médias nationaux, le président de la République a déclaré que « les pénuries sur le marché étaient inacceptables compte tenu de la disponibilité de la production locale et de l’autorisation de l’importation », soulignant que « la rationalisation des importations – comme affirmé à plusieurs reprises – ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen ». Le chef de l’Etat a tenu à préciser que « la substitution des importations doit intervenir une fois l’augmentation de la production locale, sa disponibilité et sa capacité à couvrir les besoins est confirmée ».
Ali Bey Nasri, ex-président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), a salué les déclarations du Président Tebboune, ce qui « prouve qu’il veille à ce qui se passe sur le terrain ». Notre interlocuteur estime qu’« il est clair que le président de la République a donné des instructions aux secteurs concernés de ne plus bloqués les importations destinées aux outils de production et aux citoyens », ajoutant que « si le président a fait de telles déclarations c’est qu’il a eu des informations qu’il y a des ruptures au niveau de plusieurs secteurs et que les citoyens n’arrivent plus à trouver certains produits essentiels ».
Ali Bey Nasri tient également à souligner que « les déclarations du président de la République visent à ce que les produits destinés aux citoyens soient disponibles et de facto mettre fin à la bureaucratie et aux lenteurs enregistrés ces derniers temps » affirmant dans ce sillage que « je suis convaincu que les critères d’importation vont être revus et que les opérations de délivrance des autorisations d’importation seront accélérées »
Il est à noter que le 21 février dernier l’APS avait rapporté que le président Tebboune « n’a, à aucun moment, interdit les importations » et a « plutôt exigé la fin de l’anarchie » assurant que « l’autosuffisance n’existe dans aucun pays au monde, les importations sont nécessaires ».
L’ex-président de l’Anexal commente à ce propos que cela sous-entend que «les instructions du président de la République portant sur la nécessité de la rationalisation des importations sont mal interprétées. Le président a insisté sur la protection de la production nationale. Mais le protectionnisme ne signifie pas un arrêt brutal de l’importation et le verrouillage des produits importés surtout s’ils ne sont pas produits localement ». Ali Bey Nasri a dans ce sillage soulevé la problématique de la plateforme mise en place par le ministère du Commerce pour la gestion des importations des produits destinés à la revente en l’état en soulignant que «le critère fondamental doit être la nécessité de la protection de la production nationale. Or, il y a des produits qui ne sont pas produits en Algérie et qui font l’objet d’une restriction. » Estimant qu’« en principe, les produits qui ne sont pas fabriqués en Algérie ne devraient pas passer par cette plateforme ».
Il cite à titre d’exemple les pièces de rechange des véhicules mais également la matière première comme le bois et l’aluminium qui sont importés.
Il précise à ce sujet que l’« on aurait dû prendre comme bases des produits n’ont fabriqués en Algérie et donc qui ne menacent pas la production nationale » soulignant « que c’est bien de protéger la production nationale mais élargir cela à tout ce qui est vente en l’état cela créé des situations problématiques de tensions et de rupture » du fait de l’absence d’« une vision claire et précise sur l’offre et la demande pour pouvoir accorder des autorisations d’importation».
Ali Bey Nasri met ainsi en exergue une autre orientation importante du président de la République qui est celle de la disponibilité de la production nationale en quantité suffisante pour répondre à la demande du marché. Il explique que « même si un produit est produit localement, mais qu’il ne suffit pas à répondre à la demande du marché, la réduction totale des importations peut créer des tensions sur l’accès des citoyens à ces produits ». Au final, Ali Bey Nasri estime que la meilleure solution pour encourager la production nationale et réduire le taux d’importation est d’« inciter les importateurs de produits finis de les produire localement et pour cela il faut un accompagnement des pouvoirs publics pour que les importateurs puissent se reconvertir en investisseurs, notamment en impliquant leur partenaire étranger ». Il tient également à préciser qu’« il est aussi important de veiller à ce que ces produits fabriqués localement soient de qualité, en quantité suffisante et que les producteurs s’engagent à ne pas faire flamber les prix ». <