Le Tribunal de Sidi M’hamed a prononcé, hier, son verdict dans l’affaire de l’ex-patron de la Police, Abdelghani Hamel, de son épouse et de ses fils. L’ancien Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), poursuivi avec les membres de sa famille dans plusieurs affaires de corruption, principalement liées au «blanchiment d’argent, enrichissement illicite, trafic d’influence et obtention de fonciers par des moyens illégaux», a été condamné à une peine de 15 ans de prison, assortie d’une amende de 8 millions de dinars.
Le Parquet a condamné Annani Salima, épouse de M. Hamel, à 2 ans de prison et 1 million de dinars d’amende et prononcé différentes sentences à l’égard de leurs enfants. Chahinaz Hamel a été condamné à 3 ans de prison et une amende de 5 millions, Amyar, le fils aîné, à 10 ans de prison et 6 millions de dinars d’amende, Mourad à 7 de prison ferme et une amende de 5 millions de dinars, tandis que Chafik a été condamné à 8 ans de prison et 5 millions de dinars d’amende. Le Tribunal a, sans surprise, décidé de saisir tous les biens immobiliers, comptes bancaires que possèdent Abdelghani Hamel et sa famille, tout en condamné les sociétés de la famille Hamel à verser 32 millions de dinars au Trésor public.
Le Tribunal a également condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis l’ex-Directeur des domaines de Tipasa, Bouamrane, qui a nié tous les faits qui lui sont reprochés, soulignant avoir subi des «pressions» entre 2016 et 2017 par certains «détenteurs du pouvoir», citant parmi eux le directeur de la Sûreté de wilaya à l’époque. Il a indiqué avoir déposé 10 plaintes contre le wali de Tipasa et les directeurs de l’organisation et de l’industrie en cette période. Même sentence à l’encontre de Hmirat Djelloul, chef du service technique à l’Agence foncière d’Alger. Lors de son audition, Hmirat a rejeté les chefs d’accusation, précisant que l’ancien wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, «lui avait interdit d’engager des mesures judiciaires contre les enfants de Hamel pour des dépassements inhérents au non-paiement de redevances et de frais d’aménagement».
Auditionné en tant qu’ancien wali d’Oran, l’ancien ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf a été lui aussi condamné à 3 ans de prison ferme pour avoir «cédé deux biens immobiliers aux enfants de Hamel dans les communes de Tafraoui et El Kerma dans le cadre de la loi». L’ancien ministre des Transport, Abdelghani Zaalane, auditionné en sa qualité d’ancien wali d’Oran, a écopé également de 3 ans de prison et 1 million de dinars d’amende. Il a reconnu avoir donné une assiette foncière à Hamel Amyar, arguant avoir recouru «à la réduction de la superficie de ce bien immobilier car il s’agissait d’une voie publique».
L’ancien wali de Tlemcen, Zoubir Bensebane, qui a reconnu avoir octroyé une assiette foncière au fils de Hamel pour «la réalisation d’un projet de raffinerie d’huile d’olive», a écopé de 3 ans de prison.
Quant à l’’ex-wali de Tipasa, Ghellaï Moussa, il a été condamné à 5 ans de prison et un million dinars d’amende. Il a reconnu «avoir redonné un contrat de concession à la société des enfants de Hamel malgré le refus du Tribunal administratif, suite à une correspondance qu’il avait reçue à l’époque de la part du ministre de l’Intérieur, qui appliquait une correspondance du Premier ministre, niant avoir entretenu une quelconque relation avec le principal accusé et ses enfants».
Lors du procès qui s’est ouvert le 11 mars, l’ancien DGSN a rejeté toutes les accusations en lien avec les affaires de corruption dans lesquelles il est poursuivi. Il en est de même pour son épouse, qui a rejeté les accusations portées contre elle, reconnaissant, toutefois, avoir bénéficié de neuf locaux dans la commune de Ouled Fayet (Alger) pour «la réalisation d’une crèche». Lors de son réquisitoire, le Procureur de la République près le Tribunal de Sidi M’hamed a requis 20 ans de prison ferme à l’encontre de l’ancien DGSN, et de son fils Amyar et 15 ans de prison ferme à l’encontre de ses autres enfants, Mourad, Chafik et Chahinaz, et 10 ans de prison à l’encontre de son épouse, Annani Salima, assortis d’une amende de 8 millions de dinars chacun, outre la confiscation de leurs biens comptes bancaires saisis.
Enfin, l’on apprend que les avocats de la défense ont décidé d’interjeter appel dès la semaine prochaine.<