Par Fazil Asmar
Le Conseil national de l’ordre des Pharmaciens (CNOP) et le Syndicat National des Pharmaciens d’Officine (SNAPO), dont la commission nationale s’est réunie récemment, dénoncent des pratiques déloyales dans la profession. Ainsi, après que le président du CNOP, Noureddine Mettioui, ait appelé dernièrement les pharmaciens à lutter contre le banditisme et à ne pas laisser les «faux» pharmaciens s’ingérer dans la profession, la commission est allée encore plus loin en évoquant les dépassements constatés. Elle dénonce, tout d’abord, les pratiques déloyales, dont le compérage, la concurrence anti-déontologique et la recherche de clientèle par des procédés réprimés par la loi. Elle déplore, également, le recours à la vente en ligne des médicaments, sur les pages web et réseaux sociaux, introduits de manière frauduleuse sur le territoire national. Ce qui constitue, précise-t-elle, un danger réel pour la santé publique. Car, il s’agit pour la plupart, selon elle, de produits prohibés, non autorisés ou contrefaits. «On regrette aussi la vente concomitante par certains distributeurs et la vente en packs imposées aux pharmaciens, notamment lorsqu’il s’agit de médicaments essentiels en rupture ou sous tension, ainsi que la perturbation du marché du médicament causée par certains spéculateurs, par la rétention notamment des produits», rapporte-t-elle en appelant au respect des pratiques commerciales et déontologiques par les laboratoires et établissements pharmaceutiques. Elle rappellera, à ce propos, qu’enfreindre les règles de l’exercice pharmaceutique expose son auteur à des sanctions disciplinaires, allant de l’avertissement à la fermeture de l’officine ou de l’établissement. «Sur les réseaux sociaux, sont commercialisés des médicaments qui sont soit contrefaits soit prohibés au niveau mondial et qui proviennent de réseaux internationaux mafieux. En Algérie, la réglementation interdit formellement la commercialisation des médicaments dans le e-commerce. Car on ne peut pas avoir la traçabilité de ces produits», explique le président du SNAPO, Messaoud Balambri. Les médicaments de cabas, révèle-t-il, ne sont pas sûrs non plus. «Il s’agit de médicaments interdits dans notre nomenclature ou bien issus de la contrefaçon et représentent donc un danger pour la santé publique. Cela peut être des hormones ou de nouveaux médicaments qui ne sont pas enregistrés chez nous et dont on ignore toutes les propriétés», souligne-t-il.
La commission fait part, par ailleurs, de l’ingérence de certaines associations à travers des actions illégales et anti-déontologiques. Ces associations, constate-t-elle, gèrent le médicament et se substituent au rôle légal du pharmacien d’officine. «La commission exprime son attachement à l’application des décisions de justice concernant l’ouverture illégale de nombreuses pharmacies et dénonce le surnombre et l’état de saturation, en matière d’ouverture d’officines pharmaceutiques, par le recours excessif et exagéré à la circulaire 003 sur les zones enclavées, et demande son annulation. Cette saturation met réellement en danger la survie des officines et compromet l’accès de nos concitoyens au médicament», signale-t-elle en prévenant contre toute déclaration diffamatoire et irresponsable sur les réseaux sociaux à l’encontre d’institutions représentatives de la profession sous peine d’encourir des sanctions disciplinaires et des poursuites pénales. Elle a annoncé, par ailleurs, la tenue des assises nationales de la santé prévues le 22 et 23 décembre tout en assurant que le CNOP et le SNAPO œuvrent à préserver, moderniser et développer la santé publique afin de protéger les consommateurs et leur offrir un accès aux soins équitable, équilibré et pérenne. «Les assises entrent dans le cadre du programme d’action de notre commission qui a été créée récemment et qui vient de se réunir pour la seconde fois. Son but est de faire part de toutes les préoccupations des professionnels pharmaceutiques dans le but de trouver des solutions concrètes», conclut Belambri. n