Le pape François se rend à partir de demain 3 novembre et jusqu’au 6 du mois à Bahreïn pour la première visite d’un souverain pontife dans cette monarchie du Golfe.
Organisé dans le cadre d’un forum de dialogue entre l’Orient et l’Occident, ce 39e voyage à l’étranger du chef de l’Eglise catholique sera aussi le second dans la péninsule arabique après sa visite historique aux Emirats arabes unis en 2019.
Le pape de 85 ans – qui se déplace désormais en fauteuil roulant – doit prononcer sept discours lors de son séjour dans cet Etat insulaire de 1,4 million d’habitants dirigé par un roi sunnite, Hamad ben Issa al-Khalifa.
Bahreïn a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et compte quelque 80.000 catholiques, principalement des travailleurs indiens et philippins. Le pays est considéré comme respectueux de la liberté de culte, contrairement à l’Arabie saoudite voisine. Fervent défenseur du dialogue interreligieux et de la coexistence pacifique des croyants, Jorge Bergoglio devrait y multiplier les gestes d’ouverture avec l’islam, six semaines après avoir mis en garde contre « l’instrumentalisation » de la religion lors d’un congrès interreligieux mondial au Kazakhstan. Vendredi 4 octobre, il s’exprimera devant le « Conseil des sages musulmans » à la Mosquée du palais royal et rencontrera le grand imam d’Al-Azhar avec lequel il avait signé à Abou Dhabi un document fondateur sur la fraternité humaine.
Si le Vatican insiste sur le « message de paix et d’unité » de cette visite, celle-ci a suscité la critique de certaines organisations de défense des droits de l’Homme qui ont appelé le pape à y renoncer ou à faire pression sur la dynastie au pouvoir pour mettre fin aux violations de libertés et discriminations répétées, notamment contre la communauté chiite.
Dans un rapport publié lundi, l’ONG Human Rights Watch pointe du doigt une « marginalisation ciblée » de l’opposition politique, estimant qu’on « ne peut pas qualifier Bahreïn de démocratie ». De son côté, Amnesty International relève de « graves violations des droits humains » par les autorités, des « actes de torture » ainsi que des violations de la liberté d’expression et de réunion.
Chrétiens du Golfe
Attendu jeudi à 16H45 (13H45 GMT) à Awali (centre), le souverain pontife s’exprimera une première fois devant les autorités et le corps diplomatique au palais d’Al-Sakhir. Après avoir clôturé vendredi le forum de dialogue interconfessionnel, il présidera une prière oecuménique à la cathédrale Notre-Dame d’Arabie, la plus grande église catholique de la péninsule arabique, inaugurée en décembre 2021. Le lendemain, le pape célébrera une messe dans un stade à laquelle quelque 28.000 chrétiens sont attendus, dont 20.000 résidents du royaume, selon le père Charbel Fayad, prêtre de la communauté arabe de Bahreïn. Ce dernier s’attend également à voir des fidèles des pays voisins du Golfe comme l’Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats arabes unis, le Qatar et Oman, des pays à majorité musulmane mais qui abritent eux aussi d’importantes communautés étrangères.
Le pape clôturera sa visite dimanche par une prière avec des membres du clergé catholique dans la capitale Manama (Nord). Depuis son élection en 2013, François s’est rendu dans une dizaine de pays à majorité musulmane, notamment en Jordanie, en Turquie, en Bosnie-Herzégovine, en Egypte, au Bangladesh, au Maroc, et en Irak. Toujours affaibli par des douleurs au genou, il avait confié à la mi-septembre à son retour d’Astana que sa gonalgie n’était « pas encore guérie ». Mais il a poursuivi ses voyages en 2022, avec quatre déplacements à l’étranger. n