PAR MILINA KOUACI
Alors que la rentrée scolaire approche, interrogations et inquiétudes persistent sur les mesures prises avant la reprise pour assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif ainsi que l’opération de vaccination dans le secteur. Dans tous les cas, les syndicats enseignants seront au premier plan pour défendre les droits des travailleurs et exiger un retour en toute sécurité en mettant au goût du jour les revendications socioprofessionnelles en suspens.
Le ministre de l’Education nationale Abdelhakim Belabed reçoit, demain lundi, les syndicats accrédités du secteur. Il s’agit de la première rencontre du ministre avec son partenaire social depuis sa désignation et prise de fonction en juillet dernier. Selon les syndicats du secteur, M. Belabed devrait donner les principales grandes lignes qui devront marquer l’année scolaire 2021/22.
A l’heure où la contamination au coronavirus affiche des courbes ascendantes, Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, a appelé, dernièrement, à l’accélération du rythme de la vaccination du personnel du secteur au niveau des centres de médecine du travail dans 41 wilayas et aussi des centres de dépistage pour toucher le plus grand nombre de fonctionnaires. Nonobstant, le ministre de tutelle n’a livré aucune indication sur l’organisation de cette opération, ni s’il instaure l’obligation de vaccination pour pouvoir rejoindre son poste de travail.
«Au vu du nombre conséquent des contaminations par le variant Delta, je pense qu’il est nécessaire de vacciner les travailleurs du secteur pour garantir la sécurité du personnel et des élèves, et ce, avant la rentrée scolaire», estime Abdelkrim Gaïd, président du Syndicat national des directeurs des écoles primaires (Snadep).
Si l’autorité sanitaire n’a pas déclaré «obligatoire ou facultatif le vaccin anti-Covid-19, notre interlocuteur précise que sur le plan juridique, «aucune loi n’oblige un citoyen de prendre un vaccin». Mais dans le milieu scolaire, un seul fonctionnaire qui n’est pas vacciné pourrait infecter ceux qui le sont.
Le porte-parole du Cnaspeste, Messaoud Boudiba, reproche pour sa part au ministre de tutelle «sa précipitation» à parler de vaccination du personnel du secteur. Le ministre mise sur son partenaire social pour accélérer la cadence de vaccination, mais les syndicats, quant à eux, ne peuvent que sensibiliser et orienter les fonctionnaires qui hésitent à se faire vacciner. «On ne peut instaurer l’obligation de vaccination sans présenter de garanties et assurer la quantité suffisante pour tous», dit M. Boudiba, qui préfère que le personnel du secteur aille de son propre gré et en pleine conviction se faire vacciner. «Il est crucial d’ouvrir le débat scientifique ainsi que d’organiser plusieurs campagnes de sensibilisation à travers le territoire national afin de convaincre les gens de la nécessité du vaccin.» Quant à Abdelouahab Lamri Zegar, porte-parole de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), il plaide pour l’obligation de la vaccination pour casser la chaîne de transmission, à condition que cette opération soit menée dans de bonnes conditions d’organisation et de vulgarisation. «Nous avons un Comité scientifique chargé du suivi et de la lutte contre le coronavirus et à qui revient le dernier mot dans la vaccination et le lancement de la rentrée scolaire», ajoute M. Zegar.
Sachant que le lancement de l’année scolaire dépendra de l’évolution de la crise sanitaire, les syndicats du secteur comptent saisir l’opportunité de la rencontre avec Abdelhakim Belabed afin de rappeler leurs revendications socioprofessionnelles.
Ces formations syndicales comptent livrer leurs visions et propositions des conditions socioprofessionnelles qu’elles qualifient de «déplorables». «Nous formulerons des propositions sur la rentrée scolaire et sur nos revendications socioprofessionnelles dégradées», indique le porte-parole du Cnapeste.
Pour sa part, le porte-parole de l’Unpef appelle la tutelle à renforcer le protocole sanitaire, notamment dans les établissements du cycle primaire où les collectivités locales avaient brillé par leur absence. «Nous attendons des réponses claires de la tutelle par rapport aux revendications soulevées», conclut M. Zegar.<