En dépit des différentes campagnes et de la hausse des cas de contamination, la vaccination contre le coronavirus continue d’afficher des chiffres loin de l’objectif recherché par la santé publique.

PAR INES DALI
Les records de contaminations au Covid-19 s’enchainent les uns après les autres. Le cap de plus de 2500 cas quotidiens a été dépassé, sans que cela ait été en mesure de donner un coup de fouet à la vaccination qui fait du surplace, si ce n’est une très légère hausse, mais loin, très loin du sursaut escompté, alors que l’Omicron continue de progresser et de mettre à mal les hôpitaux et le secteur de la santé qui se voit amputé d’une partie de son personnel soignant.
«Les doses sont disponibles, le temps d’attente est court. Pourtant, il n’y a pas beaucoup de gens qui viennent se faire vacciner», selon une jeune médecin travaillant dans un centre vaccinal. Le très faible taux de vaccination national d’à peine 29,39% annoncé par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a été «difficilement atteint», a-t-il avoué, faisant savoir que l’évolution de jour en jour était parfois de seulement un dixième. La vaccination a connu un véritable coup de frein ces deniers mois, après avoir été au ralenti, quelque temps, suite à l’extinction de la meurtrière troisième vague de l’été dernier.
Pourtant, les professionnels de la santé ne cessent de sensibiliser, tous les jours, sur les différents canaux médiatiques, quant à la nécessité, voire l’impératif d’aller se faire injecter l’anti-Covid-19, soulignant que c’est «le seul moyen» de vaincre cette crise sanitaire et passer le cap de cette quatrième vague «sans trop de dégâts», étant donné qu’«il y a toujours des morts» et autant de familles endeuillées.
La sensibilisation dans son volet communication a souvent été mise en cause par les professionnels de la santé ainsi que la profusion des fake news sur les réseaux sociaux. Il faut «innover dans notre manière de communiquer et de nouveaux moyens doivent être mis en œuvre, en ayant recours, par exemple, à des personnalités respectées et aimées par les citoyens», de l’avis du Dr Mohamed Bekkat Berkani. «Il faut sensibiliser, insister et expliquer encore et encore que la seule issue pour sortir de cette crise sanitaire et se protéger, c’est la vaccination», estime également le Pr Ryad Mehyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19. Insistant sur le rôle de la sensibilisation, il souligne que «relancer une campagne de vaccination puis une autre ne va pas porter ses fruits si les gens ne sont pas sensibilisés».
Le premier responsable du secteur n’en pense pas moins puisqu’il a affirmé, à son tour, que la sensibilisation continuera d’être privilégiée par le biais de différentes façons, comme l’envoi d’équipes sur le terrain, dans les universités, les centres commerciaux et d’autres lieux publics, y compris dans les zones reculées «car une chose est sûre», a-t-il dit, «c’est que la vaccination est le seul moyen de minimiser les dégâts que peut causer le virus». C’est, ainsi, qu’il compte sur la réussite de la nouvelle campagne de vaccination lancée en début de semaine en souhaitant une plus grande adhésion de la population, notamment du personnel de l’éducation nationale, enseignants et administratifs, au profit desquels une 4e campagne est lancée, surtout que les enfants ont, à leur tour, été contaminés et sont devenus des vecteurs de contamination, en cette période où le variant Omicron, très contagieux, est en passe de supplanter le variant Delta.
La forte contamination des enfants a contraint à la fermeture des écoles pour une période de 10 jours et, à ce propos, le directeur général de l’Institut Pasteur Algérie (IPA), Fawzi Derar, a estimé que la situation en raison de laquelle la décision de suspendre les cours a été prise «n’a pas changé». De ce fait, il n’a pas écarté que la même décision puisse être «reconduite pour quelques jours si la situation ne s’améliore pas», tout en précisant que «la décision finale revient au président de la République».
Omicron atteindra 80% des cas dans deux ou trois jours
Il a mis en garde contre le nouveau variant, indiquant que le Delta va «définitivement disparaitre en Algérie en raison de la très forte vitesse de propagation d’Omicron», comme cela se passe dans les autres pays du monde. Une personne infectée par le Delta peut transmettre l’infection à 8 personnes de son environnement, tandis que l’Omicron peut transmettre l’infection à 18 autres personnes, a-t-il indiqué, ajoutant qu’on s’attend à ce qu’aucun nouveau cas d’infection par le variant Delta ne soit enregistré en février prochain. Selon les prévisions du directeur général de l’IPA, l’Omicron atteindra «80% des cas au bout de deux ou trois jours», alors que la semaine dernière ce taux était de 57%.
Freiner cette fulgurante progression de la quatrième vague passe par la vaccination, relève-t-il autant que les autres professionnels de la santé. Le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie, relève que même s’il y a une baisse de l’efficacité des vaccins par rapport à l’Omicron, il reste que «pour les malades hospitalisés qui font des formes graves de Covid-19 et pour les décès, on a constaté que ce sont des personnes qui ne sont pas vaccinées». Ce qui confirme le taux annoncé selon lequel «94% des décès en Algérie représentent des personnes qui ne sont pas vaccinés». Mais le Pr Djenouhat reste optimiste quant à l’avenir de cette crise sanitaire. «Heureusement, et c’est mon avis personnel, on a transité de la phase pandémique à la phase endémique. Dans quelques semaines, je pense que ce sera l’ouverture pour tout le monde et qu’il n’y aura plus de restrictions», a-t-il conclu, après avoir écarté que le pays puisse vivre la même situation que lors de la troisième vague, argumentant que le variant Omicron se propage, certes, à une très grande vitesse mais n’est pas aussi dangereux que le Delta.
Entretemps, les cas continuent d’augmenter, les hospitalisations également avec une saturation des services de réanimation, les citoyens se ruent vers laboratoires d’analyses et l’achat des médicaments, le tout avec une vaccination qui a toujours du mal à décoller une année après son lancement, restant loin de l’objectif de 70% de la population de plus de 18 ans à vacciner.