Afin de tenter un rattrapage en matière de vaccination, une campagne au profit des personnels de l’éducation nationale est annoncée par la tutelle du 12 au 16 décembre à travers tous les établissements scolaires.
PAR INES DALI
Le faible taux de vaccination contre le Covid-19 et l’abandon des gestes barrières a des conséquences. L’une d’elles est l’avancement de la date des vacances scolaires d’hiver. Décision est, en effet, prise d’avancer la date de ces vacances après la découverte de cas confirmés de Covid-19 dans des établissements des trois paliers de l’éducation nationale. Après Tizi Ouzou, d’autres cas ont été signalés dans le milieu scolaire dans la capitale. Le directeur de l’éducation d’Alger-Est, Nadir Khensous, en a fait état. Il a révélé que «7 cas ont été détectés parmi les enseignants et 11 autres cas parmi les élèves dans des établissements scolaires» relevant de la circonscription dont il a la charge. «C’est par mesure de prévention qu’il a été décidé de réaménager la date des vacances, afin de ne pas avoir encore plus de cas dans nos écoles», a-t-il affirmé.
Le ministère de l’Education nationale a précisé que le réaménagement des dates des vacances scolaires d’hiver, qui débuteront le 9 décembre 2021 et se termineront le 1er janvier 2022, «intervient suite à l’enregistrement, ces derniers jours, de cas de covid-19 dans les établissements scolaires des trois cycles de l’enseignement, parmi les élèves, les enseignants et le personnel administratif». Une situation qui a entraîné «la suspension des cours dans de nombreuses wilayas», a-t-il dit, sans indiquer quelles sont les wilayas en question.
Le secteur de l’éducation nationale, qui compte des millions de personnes entre élèves, enseignants et personnel administratif, enregistre un très faible taux de vaccination, de l’aveu des autorités sanitaires et des professionnels de la santé qui ont alerté sur la possibilité que les écoles deviennent des foyers de contaminations si l’ensemble de ceux qui les fréquentent ne sont pas vaccinés.
Le Pr Ryad Mehyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de Covid-19, a regretté, hier, que «le taux de vaccination dans le secteur de l’Education nationale ne dépasse pas les 20%», alors que des mesures ont été prises pour les vacciner au sein même des établissements scolaires dès le 22 août dernier. D’où, selon lui, avoir procédé à la fermeture des écoles et à l’avancement de la date des vacances est «une décision très sage». Il a souligné que «c’est l’une des principales recommandations du Comité scientifique qui avait même dit que lorsqu’il y a des élèves contaminés dans une classe il faut fermer cette classe, et lorsqu’il y a des élèves contaminés dans trois classes il faut fermer l’école». Ces recommandations ne datent pas d’hier, mais elles ont été formulées depuis l’année dernière déjà, a-t-il rappelé.
Afin de tenter un «rattrapage» en matière de vaccination, une campagne – encore une autre – au profit des personnels de l’éducation nationale est annoncée par la tutelle pour la semaine prochaine. «Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de covid-19, une vaste campagne de vaccination sera organisée du dimanche 12 au jeudi 16 décembre à travers tous les établissements scolaires (trois cycles), en coordination avec le ministère de la Santé», a indiqué le ministère de l’Education nationale dans un communiqué diffusé en fin de journée d’avant-hier, mardi.
Vacciner «d’abord les adultes» avant les 12-18 ans
Après avoir rappelé les mesures préventives prises très tôt par l’Algérie pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19, le ministère de l’Education nationale a appelé les personnels de l’enseignement «sans exception» à se faire vacciner pour préserver la santé de tous, surtout dans le contexte actuel de hausse des contaminations et de faible vaccination. Le pays compte 11 millions de vaccinés, alors qu’il prévoyait 20 millions de vaccinés pour atteindre une immunité collective de 70% à la fin de l’année, dont trois semaines seulement nous séparent.
Si une autre campagne de vaccination est organisée spécialement pour les personnels de l’éducation nationale, la question reste posée pour les moins de 18 ans, sachant qu’ils sont des vecteurs de transmission du virus. Intervenant à ce sujet au courant de la semaine, le Pr Kamel Senhadji, président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, a affirmé que c’est à l’étude au niveau du Comité scientifique, non sans relever qu’il faut «d’abord vacciner les personnes à risque, dont les malades chroniques et les personnes âgées, ainsi que les personnes en contact avec la population dans le cadre de leur travail».
Ce sont donc les personnes «adultes qu’il faut d’abord vacciner» avec un taux de couverture assez important pour pouvoir passer, ensuite, aux moins de 18 ans, selon les professionnels de la santé, dont le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie, qui affirme, par ailleurs, être également pour la vaccination des adolescents dans la tranche d’âge de 12-18 ans. «Cela fait plusieurs mois que nous avons dit que le variant Delta qui prédomine actuellement touche tout le monde, y compris les adolescents et avons appelé à leur vaccination. Tout le monde est d’accord, y compris l’Organisation mondiale de la santé, et beaucoup de pays ont vacciné les 12-18 ans. C’est vrai que l’impact du Covid n’est pas important dans cette tranche d’âge, mais lorsqu’ils sont atteints, ils font automatiquement circuler la maladie», a-t-il admis. Mais «lorsque les adultes ne sont pas vaccinés, il ne faut pas s’étonner que les adolescents soient aussi contaminés», a-t-il poursuivi, ajoutant que «tant que le taux de vaccination reste faible, le virus continue de circuler».
L’urgence est, donc, à la vaccination du personnel de l’éducation nationale et non à celle des élèves. Ce qui fait dire au Pr Mehyaoui que les vacances scolaires avancées sont «une halte qui permettra au milieu de l’éducation nationale de se préparer à la rentrée en janvier pour pouvoir préserver la santé des enfants et des adultes et l’ensemble de l’entourage de la famille de l’éducation». Il insiste que bien se préparer est aussi «accélérer la cadence de la vaccination dans le corps de l’éducation et profiter de ce congé pour vacciner le maximum de personnes», en sus de la mise de «tous les moyens de protection nécessaires dans les établissements scolaires, notamment dans les sanitaires, la distanciation physique, l’aération des salles, le nettoyage après les cours, sans oublier évidemment le port du masque qui reste, tout de même, obligatoire», a-t-il conclu.