Les départs des touristes algériens vers la Tunisie sont loin des prévisions. Durant cette première semaine d’ouverture des frontières terrestres entre les deux pays, les voyagistes parlent d’une affluence plutôt timide comparativement à la période d’avant la pandémie de Covid-19. Ainsi, le rush et l’engouement attendus n’ont pas eu lieu. Parmi les raisons évoquées, il y a la cherté des prix pratiqués dans les hôtels en Tunisie. Des prix que les potentiels touristes algériens n’avaient pas prévu dans leur budget réservé pour les vacances.
«Les réservations sont timides dans les deux sens», selon un propriétaire d’une agence de voyage et de tourisme algérien qui a évoqué entre autres, concernant la faible réservation de la part des Algériens, l’augmentation inattendue des tarifs hôteliers en Tunisie. Un avis que partagent d’autres agences algériennes de tourisme.
«Malgré la forte demande exprimée au début, à l’annonce de l’ouverture des frontières terrestres avec la Tunisie, il n’y a eu que 30 à 40% des Algériens ayant réservé qui ont confirmé leur réservation. C’est à peine moyen», a indiqué la responsable d’une agence à Kouba, sur les hauteurs de la capitale. A la question de savoir pourquoi ce taux de confirmations plutôt faible par rapport à la «forte demande» initiale, elle a répondu sans hésitation que ce sont les prix qu’elle qualifie d’«exagérés» au niveau des hôtels tunisiens qui sont le premier facteur de dissuasion des Algériens d’aller passer leurs vacances dans le pays voisin.
«Les hôtels en Tunisie ont trop augmenté leurs prix. Ils les ont doublés», a-t-elle dit, expliquant qu’à la demande des devis au niveau des hôtels tunisiens avec lesquels elle avait des contacts avant, elle s’était aperçue que les prix s’étaient envolés. A titre d’exemple, a-t-elle indiqué pour illustrer son propos, «les devis qui étaient de l’ordre de 100.000 à 150.000 DA avant, ont augmenté à 300.000 DA cette année». Ce qui cause certains problèmes du moment qu’elle se retrouve dans l’obligation de trouver un peu vite d’autres hôtels d’un moindre standing après avoir été habituée à travailler avec une catégorie de clientèle fidèle.
Un autre propriétaire d’une agence de voyage au quartier Les Sources n’en pense pas moins à propos des prix au niveau des hôtels en Tunisie. «Dès l’annonce de l’ouverture des frontières terrestres, les Tunisiens se sont cru intelligents et ont augmenté leurs tarifs, allant parfois jusqu’à les multiplier par deux (…)», a-t-il dit. «Ils ne savaient pas que les Algériens connaissaient les tarifs d’avant et font la différence avec les tarifs pratiqués actuellement», a-t-il ajouté.
Face à cela, il y a un autre élément qui ne joue pas en la faveur des prix fortement augmentés en Tunisie. «Le pouvoir d’achat en Algérie n’est plus ce qu’il était il y a quelques années. Il a drastiquement chuté. Ce qui fait que les Algériens réfléchissent par deux fois avant de prendre leurs vacances. Le dinar a perdu de sa valeur, et même si l’euro a également perdu de sa valeur sur le marché parallèle, ça reste tout de même assez élevé pour les cadres moyens qui, d’habitude, représentaient le plus grand nombre de ceux qui partaient avant la pandémie de Covid-19».
Pour un autre encore, outre les tarifs hôteliers, l’ouverture des frontières terrestres est intervenue, peut-être, un peu en retard, en pleine saison estivale. «Je pense qu’il y a aussi des personnes qui ont déjà confirmé leurs séjours ailleurs, c’est-à-dire qu’ils se sont déjà engagés à passer leurs vacances au niveau local, en Algérie, et n’ont peut-être pas pu annuler par la suite», vu que «l’ouverture des frontières était peut-être un peu tardive», nous a-t-on encore déclaré.
Les voyagistes algériens restent optimistes et estiment que le flux des touristes algériens vers la Tunisie pourrait augmenter les jours à venir. Notant que la période des vacances n’est pas encore finie, ils estiment que la situation pourrait être meilleure à partir de la semaine prochaine.
«Je reste persuadé qu’à partir de la semaine prochaine il pourrait y avoir des départs massifs», a affirmé un voyagiste. Il a tenu, toutefois, à relativiser et à souligner qu’il ne faut pas s’attendre à un flux tel que celui d’avant le coronavirus. Pour lui, lorsqu’il parle de «départs massifs», c’est comparativement à la première semaine qui était un peu timide. «Ce ne sera certes pas le flux des années d’avant la pandémie de Covid-19, c’est clair, mais il y aura certainement plus de voyageurs vers la Tunisie, puisque beaucoup d’entre eux ne pourront pas faire un voyage en Turquie ou autre pays généralement très demandé en raison des tarifs qui sont encore beaucoup plus élevés, et aussi parce que les professionnels algériens n’ont pas encore compris que l’offre et la demande pouvaient influencer sur les prix et ont aujourd’hui décidé d’augmenter les tarifs d’un commun accord», a-t-il affirmé. Une autre raison qui pousse les propriétaires des agences de voyage à penser que les Algériens seront plus nombreux à aller passer leurs vacances en Tunisie, c’est qu’il y en a beaucoup qui, généralement, partent en famille. Ils ont donc certainement préféré attendre d’abord les résultats des examens et les inscriptions pour les bacheliers pour partir.
«La période des vacances, depuis longtemps, commence à partir de la période du 24-25 juillet et s’étend jusqu’au début septembre. Le début de juillet n’a jamais été une grande période de départ car c’est la période de l’annonce des résultats des examens et les parents préfèrent s’occuper de l’avenir de leurs enfants que de leurs vacances d’abord», a relevé un voyagiste.
Quant aux mesures sanitaires appliquées au niveau des frontières depuis leur ouverture le 15 juillet, à savoir l’exigence du pass sanitaire de moins de neuf mois avec les deux doses sauf pour le vaccin Johnson, et le test antigénique ou PCR, les propriétaires des agences de voyages estiment que cela est «tout à fait normal, surtout que les cas de Covid-19 sont en train d’augmenter un peu partout dans le monde, y compris chez nous et en Tunisie».