Après avoir fait sa rentrée politique, dimanche, à l’occasion de la tenue du premier Conseil des ministres sous Abdelmadjid Tebboune, le gouvernement entre dans le vif du sujet avec, comme principales priorités économiques, le retour de la croissance au moyen du soutien à l’entreprise et à l’investissement dans les secteurs à haute valeur ajoutée, la lutte contre un chômage menaçant et la diversification des sources énergétiques.
Comme pour chaque rentrée, Abdelmadjid Tebboune, qui réunissait, dimanche, son premier gouvernement, composé, faut-il le rappeler, de 39 ministres et 4 secrétaires d’Etat, a fixé ses priorités pour chaque département, dont les ministres qui en ont la charge sont censés les traduire en mesures concrètes. De cette première prise de contacts, il n’était question que de fixer un cap, semble-t-il, puisque les priorités économiques qui en ressortent sont les mêmes que celles dont le président a parlé dans son programme de campagne électorale. Réformes structurelles et mesures immédiates pour faire face aux tensions financières que traverse le pays, il n’en était point question. Les questions économiques les plus brûlantes, dont les ajustements budgétaires nécessaires pour réduire les déficits, la révision des subventions, l’impératif d’un nouveau modèle de croissance, l’amenuisement des ressources financières… ont été comme occultées ou remises à plus tard, le temps
de confectionner une stratégie en bonne et due forme, voire un plan d’action détaillé que le gouvernement d’Abdelaziz Djerad soumettra aux deux chambres du Parlement. Abdelmadjid Tebboune s’est redit, dimanche, déterminé à concrétiser ses promesses de campagne, mais force est de reconnaitre que les mesures annoncées, alors candidat aux fonctions suprême, ne font pas une stratégie de sortie de crise. D’autant plus que les positions financières internes et externes du pays vont en s’affaiblissant, les déficits courant et extérieur se creusent, alors que le pays ne dispose plus d’aucun parechoc financier ; le financement non conventionnel étant suspendu après que la dette interne ait atteint des proportions inquiétantes, alors que la fonte accélérée des réserves de change requiert une très forte vigilance budgétaire et des ajustements en profondeur afin de réduire le déficit de la balance des paiements, principal facteur à l’origine directe de l’érosion des placements de l’Algérie en devises. La Banque centrale avait, dans sa dernière note de conjoncture, balisé le terrain quant aux réformes nécessaires susceptibles de ralentir le creusement des déficits, soulignant, rappelons-le, que « les diminutions annuelles des réserves de change, liées aux déficits du solde global de la balance des paiements, traduisent l’excès de la dépense intérieure brute de l’ensemble des agents économiques sur le revenu national ; autrement dit, quasiment l’excès des importations de biens et services sur les exportations. Dans les faits, ces déséquilibres sont générés par les importants déficits des finances publiques ». La Banque d’Algérie avait suggéré que « la poursuite de l’érosion des réserves de change souligne la nécessité d’efforts d’ajustement soutenus, notamment budgétaire, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l’érosion des réserves officielles de change. Ces efforts devraient s’intégrer dans un vaste programme de réformes structurelles pour améliorer le recouvrement de la fiscalité ordinaire (y compris par la rationalisation des subventions), libérer le fort potentiel de croissance de l’économie nationale et diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services ». Sur toutes ces questions, aussi capitales qu’urgentes, le gouvernement reste –jusqu’ici- muet, alors que son action doit être recentrée essentiellement sur ces urgences. La suite des réformes que devrait proposer le gouvernement s’annonce cruciale pour le pays, car cela fait déjà longtemps que ces urgences étaient urgentes.