La France a pris, samedi, pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne. A minuit sonnante (23H GMT vendredi), elle a pris le relais de la Slovénie, qui présidait le Conseil de l’UE depuis le 1er juillet, et cèdera son tour au second semestre à la République Tchèque.
Synthèse Anis Remane
Le Conseil de l’UE représente les intérêts des 27 Etats-membres face à la Commission et au Parlement européens. La présidence semestrielle convoque les réunions des ministres, fixe l’agenda et conduit les négociations. Pendant six mois, la France va donc disposer d’un important pouvoir d’influence pour faire avancer certains sujets et trouver des compromis avec 27 Etats même si l’exercice, très encadré, implique neutralité et doigté. Le président Emmanuel Macron a placé la barre très haut pour cette présidence française de l’UE. «2022 doit être l’année d’un tournant européen», a-t-il lancé vendredi soir, lors de ses vœux de Nouvel An. Il s’agit de rendre «l’Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin», avait-il déroulé le 9 décembre. Des ambitions qu’il ne cesse d’afficher depuis son élection, en 2017, non sans crisper certains de ses partenaires, notamment est-européens alors que l’UE se trouve à la croisée des chemins sur une série de sujets, de la sécurité en Europe à la crise sanitaire, qui obscurcit de nouveau l’horizon économique européen en passant par la question migratoire. La France s’est fixé trois chantiers prioritaires pour sa présidence, l’instauration de salaires minimum dans toute l’UE, la régulation des géants du numérique et la création d’une taxe carbone sur les produits importés en Europe en fonction de leur impact environnemental. Emmanuel Macron prône également une réforme de l’espace Schengen afin de mieux «protéger les frontières» européennes face aux crises migratoires, un sujet qui sera au coeur de la campagne présidentielle française. Il entend aussi mettre sur la table une révision des règles budgétaires – les fameux critères de Maastricht – qui encadrent les déficits européens afin de pouvoir financer plus d’investissements européens et de croissance. Et continuer à faire avancer l’Europe de la défense, malgré les réticences de certains partenaires, soucieux avant tout de la protection de l’Otan. Il s’agit de la 13e présidence semestrielle tournante exercée par la France depuis 1958 et la première depuis 2008.
Emmanuel Macron peut compter sur le soutien du nouveau chancelier allemand, le social-démocrate Olaf Scholz, qui présidera de son côté le G7 en 2022. Dans sa première allocution du Nouvel An, le successeur d’Angela Merkel a plaidé pour une «Europe plus souveraine et forte». Les élections, présidentielle de mai et législatives de juin, en France, vont toutefois marquer la présidence française. L’opposition au président Macron dans l’Hexagone dénonce déjà une instrumentalisation de cette présidence, le chef de l’Elysée étant probablement candidat à sa réélection.