L’après-référendum du 1er novembre, marqué par l’approbation du texte portant loi fondamentale sur fond d’abstention populaire, continue d’agiter les courants politiques aussi bien ceux opposés à la démarche que ceux ayant fait campagne au moment où les traditionnelles formations de l’allégeance semblaient ne pas encore digérer les résultats.
Dans sa lecture du déroulement de cette échéance et les questions qu’elle n’a pas manqué de poser, le Front des forces socialistes (FFS) a insisté pour « l’ouverture sans tarder d’une dynamique politique, pour transformer la révolution du 22 février 2019 en projet politique pour la construction d’un processus politique qui préserve l’unité nationale, l’intégrité territoriale, et consacre la souveraineté populaire et nationale ».
Opposé à la démarche du pouvoir à laquelle il a constamment préféré un processus constituant, le FFS a estimé que « plus que jamais, l’Algérie a besoin d’une solution politique démocratique et consensuelle qui débouchera sur un pacte politique national regroupant l’ensemble des forces vives de la nation et qui mettra les bases d’un Etat-Nation auquel adhère l’ensemble des Algériens ».
Exprimant « sa disponibilité à s’engager aux côtés des forces nationales et patriotiques pour une issue politique qui réhabilite l’Etat Nation et consacre la démocratie politique, économique et sociale », le FFS a annoncé, dans ce sens, qu’il organisera une « convention politique nationale », qu’il considère comme « une échéance politique majeure dans la vie » du parti et du pays dans le sens où elle « permettra d’instaurer un débat démocratique pour élaborer un projet politique pour le pays ».
De son côté, le Parti des travailleurs (PT) a exprimé ses craintes de voir le pouvoir en place « poursuivre la politique de l’autruche », recommandant «un retour à la raison » pour admettre « l’échec de la démarche ». Pour le parti de Louisa Hanoune, la seule solution qui s’offre au pays consiste à « rendre la parole au peuple à travers un processus constituant », saluant ce qu’il qualifie de « capacité de discernement du peuple », en allusion au taux d’abstention enregistré lors du référendum.
A l’opposé de ces formations, le Front El Moustaqbal, dirigé par Abdelaziz Belaïd, ancien candidat à la présidentielle, a estimé dans un communiqué que l’échéance référendaire est « une étape sur la voie de la crédibilité » des institutions et leurs choix, insistant sur « l’impératif » de réinstaurer la confiance entre l’Etat et le citoyen.
Même lecture développée jeudi par le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Slimane Chenine, lequel a jugé que « l’amendement constitutionnel sera suivi par l’adaptation de l’arsenal législatif, ce qui rétablira la confiance » envers les institutions de l’Etat. A l’évidence, les deux voix approbatrices, à savoir le parti d’Abdelaziz Belaïd et le président de l’APN, ne sont pas moins dans le vrai quand elles évoquent « la confiance » dans leur lecture de cet évènement qui suscite des interrogations en attendant sans doute l’avis du président Tebboune, qui poursuit son séjour médical en Allemagne.
Prendra-t-il des mesures politiquement fortes de nature à contourner la faille engendrée par l’abstention de l’échéance référendaire, lui, qui misait sur un plébiscite ? Au lendemain du scrutin, la Présidence de la République a estimé que les résultats sont « l’expression réelle et intégrale de la volonté du peuple et démontrent que le Président de la République a tenu ses engagements », jugeant que les résultats sont à « la hauteur » de l’attente du Gouvernement dans un « contexte particulièrement contraignant marqué par les mesures préventives de lutte contre le Coronavirus ».
Pour sa part, le MSP d’Abderrazak Makri, qui a appelé ses militants à voter contre le projet soumis à référendum, a estimé que « le faible taux de participation et le refus de ce texte, exprimé de différentes formes, porte préjudice à sa crédibilité et le vide de sa légitimité politique et populaire, malgré les moyens faramineux mis à disposition».