Si les transports privés suburbains ont repris du service dans les wilayas, ce n’est pas le cas pour l’ensemble des moyens de transport des voyageurs, notamment celui inter-wilayas par bus ou taxi et du transport durant les week-ends. Les citoyens sont également dans l’attente de l’ouverture du métro d’Alger, de la reprise des trains ainsi que des lignes intérieures pour l’aérien, en cette rentrée sociale synonyme de retour à une importante mobilité avec la reprise du travail, des crèches et garderies d’enfants, des universités, des écoles et autres.
Concernant le déconfinement progressif du secteur des transports, on peut citer à titre d’exemple celui intervenu hier à Tissemsilt, où les transporteurs privés assurant les lignes entre les différentes communes de la wilaya ont repris du service, après six mois d’arrêt en raison de la pandémie de coronavirus. Cette opération, concernant plus de 1 000 transporteurs entre bus et taxis et, pandémie oblige, est soumise à un protocole sanitaire comme tous les autres secteurs autorisés à reprendre leur activité. Il s’agit pour les transporteurs d’utiliser 50% de leur capacité afin de respecter la distanciation physique à l’intérieur du moyen de locomotion et de veiller au port du masque de tous les voyageurs, ainsi que de procéder régulièrement au nettoyage et à la désinfection du bus ou du taxi.
La reprise de ces transports est un premier signe qui remet ainsi au goût du jour la lancinante question du retour de l’activité des transporteurs inter-wilayas (bus et taxis). Ces derniers sont à l’arrêt depuis le 21 mars dernier, ce qui a suscité leur exaspération et leur colère, même s’ils ont décidé de surseoir à l’«opération escargot». Cette dernière était initialement prévue le 2 septembre dernier mais a été reportée au 20 du même mois en attendant les décisions que prendront les autorités concernant leur activité.
Parmi leurs nombreuses revendications, il y a lieu de citer celle ayant trait au volet purement sanitaire lié directement à la pandémie de Covid-19. Sur ce point, ils déclarent déplorer notamment la limitation du nombre de passagers à 50% de la capacité globale du véhicule, estimant que cette mesure leur engendra forcément des pertes, alors que leur activité est suspendue depuis cinq mois et demi.
Un point bien difficile à résoudre mais auquel il faudra trouver une solution dans les plus brefs délais, connaissant toute l’importance que revêt le transport inter-wilayas dans toutes ses formules, qu’il soit par bus, par taxi, par train ou par avion, surtout que la rentrée sociale a bien démarré il y a une semaine.
Beaucoup d’employés travaillent dans d’autres wilayas que les leurs et sont obligés d’effectuer le trajet entre les deux pour regagner leur travail. Il y a ceux qui le font quotidiennement et d’autres les week-ends. Il y a aussi les étudiants internes dans une wilaya autre que celle où ils résident et qui rentrent chez eux le week-end. C’est dire que le transport de voyageurs inter-wilayas qui n’a pas encore été autorisé à reprendre est de nature à pénaliser des millions de citoyens, sachant que le transport par bus à lui seul prend en charge autour de 12 millions de voyageurs par jour. Les transporteurs sont dans l’attente d’une décision ne pouvant se traduire que par une reprise de leur activité qui mettrait fin à une attente qui n’a que trop duré. Dans le cas contraire, l’«opération escargot» aura bel et bien lieu, ont-ils assuré.
Le Comité scientifique de suivi de la pandémie de coronavirus, qui met en place les protocoles sanitaires pour chaque secteur, mais ne prend pas les décisions sur les dates de déconfinement, celles-ci étant du ressort des autorités du pays, estime que le secteur des transports est soumis à «un déconfinement progressif avec la condition de suivre le protocole sanitaire». Ainsi, permettre aux bus inter-wilayas, où les voyageurs restent ensemble pendant plusieurs heures – de remplir à pleine capacité, ce serait réduire à néant tous les efforts consentis par les autres secteurs. Le port du masque et la distanciation physique sont les premiers gestes barrières qui permettent de faire barrage à la pandémie. Tout le monde y est soumis, dans les administrations, dans les entreprises, dans les magasins… ainsi que dans tous les lieux publics.
«Les transports sont la base de toute activité, il faudra les libérer progressivement mais tout en restant prudent», selon le président du Conseil de l’Ordre des médecins, Dr Mohamed Bekkat Berkani, qui est également membre du Comité scientifique. Il explique que les bus qui effectuent les longs trajets sont considérés comme des «lieux de confinement car les gens y passent plusieurs heures ensemble». Il se pourrait qu’il s’en trouve «parmi eux ne serait-ce qu’un seul cas asymptomatique, qui ignore lui-même qu’il est atteint de Covid-19, et qui transmettra alors le virus aux autres».
Actuellement, «nous sommes dans une tendance baissière et il nous faut la préserver. Il est vrai que le confinement a assez duré pour tout le monde, mais ce n’est pas le moment de se relâcher. Il faut préserver les acquis et la sécurité sanitaire qui est l’affaire de tous», selon le président du Conseil national de l’Ordre des médecins. n