Le comité d’organisation des Jeux Méditerranéens d’Oran 2022 et les éditions Dalimen se sont associés pour la publication d’un bel ouvrage de bande dessinée sur le thème de la Méditerranée en tant que bassin millénaire et vivant de la culture des arts.

Par Farid Ainouche


L’album de 96 pages rassemble les planches de dix-huit artistes de part et d’autre du pourtour méditerranéen qui se sont faits plaisir à dessiner des lieux et des ambiances de villes emblématiques de leurs pays respectifs. Des scènes où le Sud et le Nord se ressemblent, se rassemblent et se tendent la main à travers ce qu’ils ont de commun : l’exceptionnalité d’un héritage légué par la «Mère Méditerranée, Mer de tous les arts », titre de l’ouvrage conçu sous le double signe de la maternité génitrice d’une culture propre à la région et diverse dans son génie et dans son expression, et de l’espace aquatique : ces flots porteurs de beautés mélangées. Le livre est agréable au regard comme au toucher. Il est comme un outil ludique pour prolonger ces Jeux Méditerranéens aujourd’hui passés et se rappeler que derrière l’évènement il reste encore pour demain ce vœu d’une mare nostrum, une mer commune malgré les difficultés et les vicissitudes du présent ; pour faire prendre conscience aux jeunes générations de la richesse que constituent les fonds culturels et artistiques de la Méditerranée pour les faire connaître ici comme ailleurs, hier comme aujourd’hui et dans le futur.
Le livre a été possible grâce à l’initiative de l’artiste kosovar Gani Jakupi qui a su rassembler et réunir tous les artistes bédéistes qui lui ont donné jour. Sa conception porte la signature de l’Italien Virginio Vona. Dans sa préface, Salim Dada, le président de la commission des cérémonies d’ouverture et de clôture des animations culturelles des JM 2022, évoque « l’écologie, l’humanisme, l’olivier, le vivre ensemble, la paix, l’immigration clandestine, la culture, l’art, l’amitié entre les peuples, l’esprit méditerranéen ». Il s’interroge sur les revirements de l’histoire. Il écrit que la Mare Nostrum est un « rêve légitime d’hommes, de femmes et d’enfants, espoir d’une vie meilleure, loin de la faim et de la guerre (…) un rêve-illusion qui, pour beaucoup, tourne au cauchemar ».
Le poète arabo-sicilien Ibn Hamdis, ajoute-t-il, n’a cessé de remémorer sa mère patrie, La Sicile, non sans douleur (…) Il nous rappelle qu’au XIIe siècle, le sens de l’immigration était du nord vers le sud. »
« Mère Méditerranée, mer de tous les arts est un bel exemple de collaboration entre établissements publics et privés, entre organisateurs et réalisateurs, entre le comité d’organisation des jeux et les éditions Dalimen, fervents défenseurs et diffuseurs de la BD algérienne et maghrébine en Algérie, en Afrique et en Europe », conclut presque Salim Dada pour un album qui donne envie aux jeunes « créatifs » comme aux séniors de se jeter à l’eau pour en sortir ce qu’ils savent faire et maitriser en matière de bande dessinée, mais pas seulement. Pour nous dire, comme ceux qui ont signé l’ouvrage (pour l’Algérie, c’est Bouchra Mokhtari et son personnage Zozo): regardez comme la Méditerranée est un espace merveilleux, avec ses ports, ses rades, ses toits en brique rouge, ses églises, ses mosquées, ses lieux de l’humanité dans ce qu’elle a de précieux à préserver. n