C’est dans une conjoncture mondiale assez particulière, voire inédite, que se tient depuis hier, à Istanbul, le Sommet de partenariat Turquie-Afrique. Ce troisième rendez-vous du genre, après ceux tenus dans la même capitale turque, en 2008, et en Guinée-Equatoriale, en 2014, arrive alors que la pandémie de la Covid-19 est toujours menaçante avec son nouveau variant Omicron.
Par Feriel Nourine
Mais la situation sanitaire n’a pas pour autant privé le Sommet, ouvert hier, d’une affluence massive de hauts responsables des pays africains. Ces derniers représentent, en effet, une quarantaine de pays, dont une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement et des ministres des Affaires étrangères, en plus d’une délégation de l’Union Africaine. L’Algérie est, pour sa part, représentée par le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, en sa qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
«Jugé fort et satisfaisant» par ses organisateurs, l’évènement est également qualifié d’«indicateur de la confiance des pays africains envers la Turquie». Un indicateur exprimé pour un Sommet visant à insuffler une nouvelle dynamique au partenariat stratégique entre la Turquie et les pays du continent. D’où le slogan «Partenariat renforcé pour le développement et la prospérité» qui met la barre encore plus haut par les statistiques dédiées à l’avenir proche de ce partenariat, à travers une coopération déclinée en plusieurs secteurs, dont notamment la santé, en temps de pandémie de Coronavirus, l’agriculture et l’éducation, sur fond du dossier de la paix et la sécurité en Afrique, indiquent les mêmes organisateurs.
Après avoir réussi à porter à 25 milliards de dollars ses échanges commerciaux avec le continent africain, en 2020, contre à peine 5,4 milliards de dollars, en 2003, la Turquie ne cache pas ses ambitions de pousser davantage sur l’accélérateur et atteindre 50 milliards de dollars sur ce registre pour atteindre au moins 75 milliards de dollars.
Un chiffre hautement ambitieux, mais dont le président turc Recep Tayyip Erdogan ne semble, cependant, pas se contenter. Il l’a fait savoir, hier, lors de son allocution d’ouverture du Sommet en affichant les ambitions de son pays de porter à 75 milliards de dollars ses échanges commerciaux avec l’Afrique. La Turquie vise donc, désormais, à «porter ses échanges commerciaux avec le continent africain à plus de 75 milliards de dollars, alors qu’ils dépassent actuellement les 25 milliards de dollars», a indiqué M. Erdogan, cité par l’APS. Ce dernier a étalé ce chiffre après avoir souligné, devant le parterre de hauts responsables africains, que son pays «n’a jamais tourné le dos» à l’Afrique», sachant que «nos relations, empreintes d’humanisme avec l’Afrique et les peuples africains, remontent au IXe siècle», a-t-il rappelé.
Concernant les investissements turcs dans le continent, l’intervenant a indiqué qu’ils avaient atteint «les 6 milliards de dollars», ajoutant que les entreprises turques «emploient quelque 25 000 Africains, ce qui représente des contrats pour 1 686 projets d’une valeur totale de 78 milliards de dollars». Il a exprimé, dans ce sens, la volonté de la Turquie d’accompagner et d’aider l’Afrique dans le processus de réussite du lancement officiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), assurant que les deux parties ont «l’obligation de développer leurs relations pour avancer ensemble».
Vaccin anti-Covid-19 : 15 millions de doses pour l’Afrique
Face à la pandémie de coronavirus, et la discrétion dont pâtissent la majorité des pays africains en matière de disponibilité de vaccin contre ce virus, le chef de l’Etat turc n’a pas laissé passer l’occasion de s’adresser aux représentants de l’Afrique, présent dans son pays, pour pointer «l’injustice mondiale» qui caractérise la distribution du vaccin. Erdogan ne s’est pas arrêté au stade du constat et des accusations. Il a décidé d’aller plus loin en prévoyant de «partager 15 millions de doses de vaccin prochainement avec l’Afrique en attendant que le vaccin turc soit homologué pour qu’il soit distribué à titre gratuit aux Africains». S’agissant de la situation sécuritaire en Afrique, le Président turc a fait observer que son pays «lutte contre le terrorisme depuis près de 40 ans et comprend parfaitement les défis sécuritaires auxquels les pays africains sont confrontés». n