Le Premier ministre tunisien Habib Jemli a présenté jeudi dernier son gouvernement après un mois et demi de tractations difficiles et l’échec des négociations avec les partis politiques.
Cet ex-secrétaire d’Etat a choisi des personnalités indépendantes et plusieurs membres du gouvernement, qui doivent être approuvés par le Parlement, et ne sont pas connus du grand public. Le cabinet est composé de 28 ministres dont quatre femmes, et de 15 secrétaires d’Etat.
«Je suis confiant que ce gouvernement sera approuvé par le Parlement», a déclaré M. Jemli à la presse. Ce dernier avait annoncé à plusieurs reprises avoir finalisé sa liste mais celle-ci n’a été finalement signée par le président Kais Saied que ce jeudi. Dans le nouveau gouvernement Jemli, le juriste et porte-parole du parquet ainsi que du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, a été désigné ministre de l’Intérieur. Les ministères de la Défense et de la Justice ont été attribués respectivement au juge Imed Derouiche et à Hédi Guédiri, ex-Premier président de la Cour de Cassation. L’ex-ambassadeur Khaled Séhili a été nommé aux Affaires étrangères. Le seul ministre reconduit est René Trabelsi, qui reste à la tête du ministère du Tourisme. Un ex-ministre des Finances Fadhel Abdelkéfi a été choisi comme ministre du Développement et de la coopération internationale. A la Jeunesse et aux Sports, M. Jemli a nommé l’ex-légende du football Tarek Dhiab. L’acteur populaire Fathi Hadaoui a été désigné à la tête du ministère de la Culture.
Pour former un gouvernement, M. Jemli avait consulté partis, syndicats et personnalités nationales sans parvenir à rallier des partis à une coalition gouvernementale. Après l’échec des discussions, il avait annoncé le 23 décembre sa décision de former un gouvernement «d’indépendants» en raison des «tiraillements» entre partis dont certains ont imposé selon lui des «conditions énormes» pour participer au gouvernement. «Habib Jemli s’est trouvé coincé au milieu de jeux, de calculs et de manoeuvres politiques très compliqués», a écrit le quotidien francophone La Presse. Il sera placé devant un défi encore plus grand: «obtenir la confiance d’un Parlement fragmenté, hétérogène et faire face à une opposition plus forte que jamais».
Le bureau du Parlement se réunit aujourd’hui samedi pour fixer la date de la plénière destinée au vote de confiance, selon un communiqué. D’après la Constitution, si la confiance du Parlement n’est pas accordée, le président «engage des consultations dans un délai de dix jours avec les partis et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité jugée la plus apte, de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois». Le retard dans l’entrée en fonctions d’un gouvernement risque de repousser davantage les réformes indispensables à la relance de l’économie nationale. Hier, vendredi, de nombreux médias et experts ont exprimé leurs doutes sur l’indépendance des membres de cette nouvelle équipe.