Par Nadir Kadi.
Le Front des Forces Socialistes (FFS) a commenté et fait le bilan des trois ans du mouvement populaire «Hirak». Le parti, par la voix de son premier secrétaire national M. Youcef Aouchiche, estime dans un communiqué que le «seuil minimum» des revendications du mouvement n’a pas été satisfait à cause des autorités, mais aussi de «la radicalisation» et de «l’immaturité» d’acteurs politiques nationaux. Les réponses aux interrogations des masses populaires «n’ont pas été à la hauteur des aspirations des Algériennes et des Algériens ainsi que leurs espoirs», ajoute le plus vieux parti de l’opposition. Le FFS, qui dresse ainsi un tableau sombre des situations économiques, politiques et sociales, a également formulé hier une série de demandes au gouvernement, placé de fait face à une «responsabilité historique».
Le FFS, après une «lecture» des causes du mouvement populaire ainsi que des développements des trois dernières années, estime que le pays fait face aujourd’hui à une situation d’impasse. «L’Algérie aujourd’hui est face à une impasse et une étape délicate de son histoire». Une situation qui apparaît plus précisément sur les plans économique et social «à l’exception de la hausse du prix du pétrole, tous les indicateurs alertent du danger». En ce sens, la FFS fait savoir que «la fragilité sans précédent, l’absence de vision stratégique, le recours à la politique du ‘’bricolage’’, la chute du pouvoir d’achat, la hausse du chômage… Tout cela crée une crise sociale qui aura de graves conséquences si rien n’est entrepris de manière urgente».
Le parti politique d’opposition partage également un constat tout aussi critique quant à la situation politique, marquée selon lui par «un recul flagrant des libertés collectives et individuelles» et notamment en ce qui concerne les «libertés d’opinion et d’expression ». La déclaration du FFS ajoute dans la même logique que la «liberté de manifestation pacifique a été limitée (…) l’action politique a été criminalisée», ce qui traduirait selon la même source, l’existence d’une certaine crainte des éventuelles réactions de la rue : «Aucune autorité n’a peur du peuple quand elle répond aux revendications, et qu’elle travaille à restaurer la confiance et l’espoir».
Situation «catastrophique» que le FFS nuance en affirmant que «l’occasion est encore à saisir» estime M. Youcef Aouchiche pour lancer un «dialogue national inclusif». Une démarche politique qui serait à même de «protéger les composantes de l’Etat ou ouvrir la voie à une nouvelle» celle de «l’Etat de droit de la démocratie, de la prospérité et de la participation des algériens à la prise de décision». Quant au FFS, dont les membres «étaient dans les premiers rangs du Hirak», le parti «demande de nouveau la libération des prisonniers d’opinion injustement emprisonnés et l’annulation des poursuites contre eux». Le document du FFS poursuit en demandant également que «les obstacles imposés aux acteurs politiques, syndicalistes et journalistes soient levés».