Par Nadir Kadi
Auditionné mardi matin par les juges de la section chargée de la «lutte antiterroriste et du crime organisé transfrontalier» du Tribunal de Sidi M’hamed, l’ancien militaire Mohamed Azzouz Benhalima a été placé, le soir même, en détention provisoire. Les charges retenues contre lui sont liées à l’appartenance à l’organisation terroriste «Rachad», mais aussi à «l’atteinte à la sécurité et l’unité nationales».
Des sources de presse ajoutaient, hier, que plusieurs autres suspects sont également cités dans ce dossier, notamment Abderrahmane Zitout, l’un des frères de Mohamed Larbi Zitout, placé en détention provisoire. Les besoins de l’enquête «qui se poursuit» ont également conduit les juges à décider le placement sous contrôle judiciaire de quatre autres personnes.
La procédure judiciaire a été relancée pour rappel suite à l’extradition, le 24 mars dernier, de Mohamed A. Benhalima depuis l’Espagne. L’accusé avait fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par les tribunaux de Bir Mourad Raïs et Sidi M’hamed et était également sous le coup d’une condamnation par contumace à «10 ans de prison» émise par la Cour d’Alger. La remise du suspect entre les mains de la justice algérienne avait été suivie par la diffusion, par les services de la DGSN, d’une partie de l’interrogatoire ; les réponses de Mohamed Benhalima aux enquêteurs ont en ce sens impliqué de nombreuses personnes, à l’instar de Mohamed Larbi Zitout et ses frères Smaïl et Miloud, Mourad Dehina, Mohamed Abdellah, Amir Boukhers (dit Amir Dz), Abdou Semmar et Assia Kechoud.
Ainsi, il apparaît, selon les propos de Mohamed A. Benhalima, que l’organisation Rachad, classée comme terroriste, préparait ou envisageait la préparation d’actes et attentats contre les services de sécurité. L’accusé expliquant que «Zitout m’a contacté dans le seul but de porter atteinte aux fondements de l’institution militaire (…) Zitout nous fournissait certaines fatwas dont nous ignorions la source et tentaient de nous en convaincre. Il prétendait que l’Islam n’interdisait pas de s’attaquer aux familles des responsables».
L’organisation terroriste aurait, par ailleurs, constitué un réseau soumis à une certaine organisation et une répartition précise des rôles. Ainsi, Mohamed Benhalima, lui-même ancien militaire (caporal), avait expliqué aux enquêteurs que Larbi Zitout lui avait demandé lorsqu’il était encore sur le sol algérien de fournir certaines informations sur «la police, le ministère de la Défense nationale et d’autres ministères». L. Zitout confiait «une mission spécifique» à chaque membre, «chargeant» plus précisément Mohamed Benhalima de «l’Armée et de la Police, tandis que Mohamed Abdellah s’occupait de la Gendarmerie nationale et d’autres départements ministériels. Mohamed Zitout s’occupait, quant à lui, des affaires concernant les présidents et d’autres questions diplomatiques».
Agissant principalement depuis l’étranger, en utilisant entre autres les réseaux sociaux, Mohamed Benhalima explique à ce propos, dans l’interrogatoire diffusé par la DGSN, qu’il s’agissait pour les membres de l’organisation de «recruter» des jeunes. Il ajoute que Smaïl Zitout (frère de Larbi Zitout) possédait près de 24 pages Facebook, plusieurs logements et téléphones mobiles. Miloud Zitout (autre frère de Larbi Zitout) travaille quant à lui pour une société informatique en Belgique et mène des activités suspectes sur le moteur de recherche Google et Youtube. D’autres membres de l’organisation Rachad, dont les noms n’ont pas été précisés, auraient eu pour rôle de «prendre attache» avec les jeunes en vue de les recruter à travers de faux comptes sur les réseaux sociaux, ou lors de «réunions» organisées dans «la discrétion la plus totale» pour «saper la sécurité et la stabilité de l’Algérie».