L’homme d’affaires Kamel Chikhi, alias Kamel El Bouchi, a été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme, hier, par le Tribunal de Sidi M’Hamed, assortie d’une amende de 1 million de dinars. Cette condamnation qui concerne aussi 12 autres personnes accompagnant « El Bouchi », fait état de l’interdiction de ce dernier de conclure toute transaction publique pour une durée de 5 ans. Il faut dire que ce verdict intervient après une série d’auditions par le juge de Kamel Chikhi et de 12 cadres de l’urbanisme et de la Conservation foncière, poursuivis pour «corruption», «abus de fonction» et «perception d’indus cadeaux». Dans les faits, les 12 cadres de l’urbanisme et de la Conservation foncière, qui ont comparu devant le pôle judiciaire spécialisé de Sidi M’hamed dans l’affaire de Kamel Chikhi, ont été confrontés à des preuves matérielles tangibles. Lesquelles preuves se déclinent à travers des vidéos filmées à leur insu par Kamel El Bouchi lors de la «perception d’indus cadeaux» en contrepartie de services rendus. Les preuves en question sont représentées à travers des sommes d’argent en dinars et en dollars ainsi que des voyages. Les vidéos ont été diffusées lors du procès qui s’est déroulé après trois reports. Auparavant, pour rappel, Me Saïd Younsi, avocat de l’accusé principal Kamel Chikhi, a relevé à l’ouverture du procès l’absence des rapports d’expertise de l’exploitation des caméras de surveillance saisies lors des perquisitions des bureaux de Kamel Chikhi. «Les perquisitions ont été menées par la police judiciaire sans mandat du juge d’instruction», appelant à ne pas recourir aux enregistrements des caméras lors de ce procès. Le juge Abderrazek Bensalem a fait observer à cet égard que les équipements ont été saisis dans le cadre de l’enquête sur l’affaire de 701 kg de cocaïne. «Toutefois, en raison des faits à caractère pénal dans le contenu des enregistrements, le Parquet a ouvert une enquête et poursuit les responsables en justice». Dans cette affaire, le magistrat a rappelé à tous les accusés qu’ils sont poursuivis pour notamment «perception d’indus cadeaux et abus de fonction». Ils ont été tous confrontés aux enregistrements des caméras de surveillance installées à l’intérieur du bureau de Kamel Chikhi. Aussi, lors de leurs auditions, ces cadres, confrontés aux enregistrements, ont reconnu qu’ils se déplaçaient au bureau de Kamel Chikhi pour régler les procédures. Ils ont plaidé vainement pour «la légalité» de leurs actes, mais le président de l’audience a persisté et signé « c’est de la corruption ». En outre, et lors de l’audition d’El Bouchi, à la question du président de l’audience sur les raisons de l’enregistrement du contenu des caméras avec montage vidéo, Chikhi a rétorqué « c’est uniquement pour moi-même. Je voulais juste garder certains comme souvenirs et d’autres pour me rappeler des crédits accordés à des personnes ».