La frontière entre la bande de Gaza et Israël a rouvert hier lundi, permettant à l’unique centrale électrique de l’enclave de redémarrer.

Synthèse Kahina Terki
Elle a recommencé à générer de l’électricité, a annoncé aux agences de presse le porte-parole de la compagnie d’électricité gazaouie, Mohammed Thabet. Des camions de carburant sont entrés dans l’enclave palestinienne après la réouverture par l’armée israélienne des points de passage fermés depuis mardi 2 août. Un signe de la trêve observée entre l’Etat hébreu et son armada et le Jihad islamique après trois jours de bombardements qui ont tué 44 Palestiniens dont 15 enfants sans compter les centaines de blessés.
La trêve est entrée en vigueur à 23h30 locales dimanche 7 août. Elle a été négociée par l’Egypte, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés palestiniens, mais Israël comme la résistance palestinienne à Gaza ont déclaré se réserver le droit de répondre en cas de violation par l’autre partie. Dimanche 7 août, dix-sept Palestiniens dont neuf enfants ont été tués dans les raids israéliens notamment sur Jabaliya, la ville de Gaza et Rafah, a indiqué le ministère de la Santé du mouvement armé palestinien Hamas, au pouvoir dans l’enclave sous blocus israélien depuis plus de quinze ans. A Gaza, le directeur de l’hôpital al-Chifa a affirmé que son établissement avait besoin en urgence de médicaments et d’électricité.
Dans l’enclave palestinienne, «la situation est tragique et difficile», témoigne à l’AFP un Gazaouï, Mohamed Alai. «Nous avons beaucoup de morts et de blessés, des destructions et la dévastation mais Gaza panse ses plaies», a-t-il ajouté dans un témoignage similaire aux nombreux autres diffusés en boucle par les médias et les chaines de télévision, celles du Golfe notamment. Une autre habitante, Souhail al-Baouab, 56 ans, a «vécu trois jours dans la peur». «Nous ne voulons pas de guerre tous les six mois et quand on a entendu parler de la trêve, on était si contents malgré le deuil pour les martyrs car la vie reprend son cours normal», a-t-elle dit.
Trois personnes ont été blessées en Israël par les tirs de roquettes, selon des secouristes israéliens. D’après l’armée, des centaines de roquettes ont été tirées à partir de Gaza depuis vendredi, la grande majorité ayant été interceptée. L’accord de trêve prévoit entre autres «l’engagement de l’Egypte à oeuvrer en faveur de la libération de deux prisonniers» du Jihad islamique aux mains d’Israël, a affirmé le groupe palestinien. Le Caire doit s’employer à obtenir la libération de M. Saadi et d’un autre responsable du Jihad islamique, Khalil Awawdeh, détenu dans une prison israélienne depuis décembre 2021 dans le cadre de l’accord de trêve, d’après le Jihad islamique.
L’armée israélienne a présenté son opération lancée vendredi comme une «attaque préventive» contre le Jihad islamique, au cours de laquelle ses principaux chefs militaires à Gaza, Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour, ont été tués, de même que plusieurs combattants du groupe. Elle a justifié ses opérations par ses craintes de représailles du Jihad islamique après l’arrestation de l’un des chefs du mouvement, Bassem al-Saadi le 1er août en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.
Ces derniers jours, quelque 40 membres du Jihad islamique ont été arrêtés par les forces israéliennes en Cisjordanie. Dans un communiqué diffusé dimanche soir, Joe Biden a salué le cessez-le-feu et remercié le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour le rôle joué par son pays dans sa négociation. Le président américain a également demandé que des enquêtes soient menées sur les victimes civiles, qu’il a qualifiées de «tragédie». L’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland a salué sur Twitter l’accord de trêve mais affirmé «que la situation rest(ait)e très fragile». «J’exhorte toutes les parties à respecter le cessez-le-feu.» n