Il ne faut jamais sous-estimer la capacité du marché des transferts à nous surprendre. Mais a priori, on tient bien le mouvement le plus inattendu de ce mercato hivernal : le départ de Joao Cancelo en prêt au Bayern Munich. The Athletic a dévoilé l’information, le Daily Mail l’a complétée, en évoquant une option d’achat d’environ 70 millions d’euros pour l’été prochain. En un claquement de doigts, le latéral portugais a peut-être vu son aventure du côté de City se terminer pour de bon. En quelques semaines, tout ce qui ressemblait à des certitudes a valsé.
A commencer par le temps de jeu du Portugais. Avant le Mondial, Cancelo avait débuté 13 des 14 rencontres de Premier League disputées par City. Depuis son retour, il est resté cinq fois sur le banc toutes compétitions confondues, pour trois titularisations en dix rencontres. Dont l’une qui a tourné au vinaigre le 5 janvier contre Chelsea, avec un remplacement dès la mi-temps.
RICO LEWIS ÉMERGE, LES ÉTATS D’ÂME DE CANCELO AUSSI
A droite, le jeune Rico Lewis a émergé. C’est d’ailleurs lui qui avait pris sa place face aux Blues, avec une bien meilleure seconde période à la clé, en imitant ce rôle de milieu de terrain supplémentaire en phase de possession. A gauche, Nathan Aké, buteur contre Arsenal vendredi soir en FA Cup, s’est installé malgré sa formation de défenseur central. Plus ou peu de place, donc, pour le polyvalent et si talentueux Cancelo aux yeux de Guardiola.
De quoi frustrer l’ancien pensionnaire de Valence et de la Juventus. Le Daily Mail explique ainsi qu’il n’a pas hésité à afficher son mécontentement, à l’entraînement – où il aurait eu des discussions assez chaudes avec son coach – et même à l’échauffement du match contre Wolverhampton le 22 janvier.
«Nous avons eu des difficultés tous les deux après son arrivée, expliquait en effet Guardiola devant la presse il y a un an. Nous n’étions pas d’accord sur beaucoup de choses, mais en partie à cause de mes erreurs (…) Il a eu un peu de mal à comprendre ce que nous voulions faire. Personnellement, j’ai eu besoin de plus de temps pour le connaître».
Quelques jours plus tard, le Portugais livrait sa version : «Il y a eu des complications avec l’entraîneur, sur la façon dont l’équipe jouait (…) C’était ma responsabilité plus que celle de l’entraîneur, c’était ma faute», estimait-il, se félicitant alors comme son coach d’avoir fini par s’imposer pleinement. Un an plus tard, le ton n’est plus le même. Et Guardiola a multiplié ces dernières semaines les sorties ambiguës, qui prennent aujourd’hui tout leur sens.
Surtout cette phrase prononcée vendredi au moment d’évoquer la prestation de Nathan Aké, titulaire et buteur contre Arsenal. «Il n’y a personne dans le vestiaire…enfin peut-être, mais je ne pense pas,… personne qui n’est pas content pour lui». L’hésitation et la moue étaient alors bien trop marquées pour ne pas être ciblées. Suivez son regard.
DES INDICES DANS LA RELATION SANTOS – CANCELO
Si la rupture, au moins temporaire, entre Cancelo et City sera bientôt officielle, celle entre le Portugais et Guardiola devenait donc palpable. Reste que tout ne se résume pas à la stricte relation entre les deux hommes. Car les exemples de rapports conflictuels du Catalan avec certains joueurs majeurs dans le passé ne manquent pas. Et Cancelo, lui, n’est pas le plus docile des éléments dans un vestiaire. En club comme en sélection.
Plus globalement, cette rupture ressemble à l’une des premières conséquences d’un vestiaire qui arrive, en partie, à bout de souffle. Guardiola a souvent pointé du doigt, ces derniers temps, une motivation moins importante chez ses joueurs que chez ceux d’Arsenal, en tête de la Premier League.
City propose un contenu beaucoup moins convaincant que par le passé, et plusieurs cadres arrivent au bout de l’aventure. Bernardo Silva, par exemple, l’assume depuis plusieurs mois. Ce n’était pas le cas de Cancelo. Et pourtant… <