La tâche se complique de plus en plus pour le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah. Et pour cause. Après le rejet de sa désignation par les syndicats et la rue, c’est au tour de l’Union nationale des Ordres des avocats (Unoa) de prendre une position virulente à l’égard de celui qui doit assurer la transition.
En effet, dans un communiqué rendu public hier, l’Unoa estime que la désignation du président du Conseil de la nation Abdelkader Bensalah à la tête de l’Etat et la convocation des élections présidentielles pour le 4 juillet prochain ne répondent pas aux aspirations du peuple algérien qui réclame, depuis le 22 février dernier, un changement démocratique dans le pays. Pour l’Unoa, la crise est d’abord politique et les solutions ne peuvent être que politiques. Autrement dit, l’organisation rejette les arguments avancés par le chef de l’état-major de l’Armée Ahmed Gaïd Salah qui a insisté, depuis la ville d’Oran, sur les solutions constitutionnelles de sortie de crise. « Le bureau de l’Unoa rappelle que la crise actuelle est d’abord politique », lit-on dans le communiqué, qui plaide pour une période de transition gérée par des personnalités acceptées par le peuple. « L’élection présidentielle prévue pour le 4 juillet 2019 ne va pas assurer une transition démocratique et ne va pas avoir de crédibilité », estime l’organisation, qui charge le gouvernement de Noureddine Bedoui. «Les élections que va organiser le gouvernement actuel avec les lois en cours n’auront aucune crédibilité », note l’Union nationale des Ordres des avocats. L’application de la Constitution ne permettra pas de répondre favorablement aux revendications du peuple algérien relatives à la transition démocratique, affirme la même source. En outre, l’Union nationale des Ordres des avocats, qui regroupe plus de 40 000 avocats, dénonce ce qu’elle appelle « le recours à la violence contre des manifestants pacifiques par les forces de l’Ordre ». « Le Conseil de l’Unoa dénonce la violence exercée sur les manifestants pacifiques par les forces de l’ordre et rappelle que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution », dénonce l’organisation qui appelle au retrait immédiat de tous le matériel utilisé dans la répression des manifestations.
Dans le même ordre d’idées, l’Unoa réitère son soutien au soulèvement populaire et son adhésion aux revendications exprimées par ce dernier. Un soutien qui va se traduire par l’organisation d’une série d’actions sur le terrain, indique le document. Des actions concernent d’abord le boycott des plénières les 17 et 18 avril ainsi que les 21 et 22 du même mois. Une démarche qui sera suivie par des sit-in devant les siège des cours de justice
les 17 et 21 avril. Par ailleurs, l’Unoa fait savoir que son conseil demeure en session ouverte en prévision de prendre de nouvelles positions sur l’évolution de la scène politique dans le pays.
De son côté, l’Ordre des avocats de la région d’Alger a annoncé, mercredi soir, sa décision relative à défendre gratuitement tous les manifestants pacifiques arrêtés par les forces de l’ordre des manifestations qui se sont déroulées dans la capitale ces derniers jours.
Il y a lieu de noter aussi que les avocats ainsi que des juges affiliés aux clubs des magistrats comptent organiser, ce matin, un rassemblement devant le siège du ministère de la Justice et Garde des sceaux pour demander le respect de l’indépendance de la justice.n