“Algeria does not court tourism. It doesn’t need to. It has vast crude oil resources, equal to Libya’s. Its infrastructure does not accommodate tourists, and there is precious little visitor information—hardly any in English”
(Carol Drinkwater, écrivaine britannique).

“The tourism industry has considerable potential to be a sustainability role model as a buyer of goods and other services, from building materials and green construction standards to farm produce”
(Arancha Gonzalez, ancienne Ministre des Affaires Etrangères, de l’Union Européenne et de la Coopération d’Espagne).

“The world is a book, and those who do not travel read only one page”
(Saint Augustine, bishop, né à Tagaste, Numidie (aujourd’hui, Souk Ahras) and mort à Hippo Regius (aujourd’hui, Annaba).

Par Arezki Ighemat, Ph.D in economics Master of Francophone Literature (Purdue University, USA)


L’économie algérienne est dangereusement dépendante d’un seul produit : les hydrocarbures, c’est-à-dire le pétrole et le gaz. Si, du jour au lendemain, cette manne venait à disparaître — et cela est une certitude, la seule chose qu’on ne connaît pas de façon précise est quand cela se produira-t-il exactement — l’Algérie ne pourrait plus récolter les revenus financiers qui lui ont permis jusque-là de subvenir aux besoins de la population qui ne cessent de croître et de financer son développement économique. En effet, les revenus des hydrocarbures représentaient, en moyenne, 95% des exportations du pays (5% seulement proviennent des autres secteurs), 40% des recettes budgétaires et plus de 20% du PNB entre 2016 et 2021. Jusqu’à maintenant, l’Algérie a vécu au rythme des fluctuations des prix des hydrocarbures, vivant dans l’euphorie en période de «boom» (augmentation des prix) et entrant dans une crise en période de «bust» (déclin des prix), un peu à l’image de «La Cigale et la Fourmi» dans la fable de La Fontaine, qui chante et danse pendant les moments d’opulence — sans penser à constituer des réserves pour l’avenir et sans penser à des alternatives à la situation du moment — et connaît des manques plus ou moins prononcés pendant les périodes de crises. Cela semble encore être le cas aujourd’hui avec l’embellie actuelle des prix du pétrole — qui sont autour de 80 dollars le baril — et les découvertes récentes de nouveaux gisements (In Amenas 2, Bassin d’Illizi, Bassin de Berkine, Taghit (Bassin de Bechar) qui ne feront qu’éloigner — de quelques années seulement — l’épée de Damoclès qui pèse sur l’économie du pays. Cela, en dépit du fait que les gouvernements successifs de l’Algérie, depuis les années 1970, ne cessent de rappeler le caractère éphémère de cette rente et la nécessité pour le pays d’abandonner le modèle de développement basé exclusivement sur l’exploitation et l’exportation des hydrocarbures et de s’ouvrir à d’autres secteurs de production (agriculture, industries légères, etc.) et aux secteurs de services, dont le plus prometteur, en termes non seulement de recettes, mais aussi d’intégration intersectorielle, est le tourisme. Il faut souligner, toutefois, que le tourisme ne pourrait pas, à lui seul, assurer le développement intégré du pays. Il doit être accompagné par le développement simultané des autres secteurs de production et de services évoqués ci-dessus. Cependant, le tourisme est une des alternatives les plus prometteuses de la transition énergétique et de l’entrée de l’Algérie dans un développement soutenu au niveau national et de son intégration dans l’économie mondiale. Dans le présent article, nous poserons d’abord la question : pourquoi l’Algérie a-t-elle toujours eu une sorte d’aversion contre le développement du tourisme ? Nous verrons ensuite quels sont les bénéfices du tourisme et comment peut-il contribuer à l’intégration nationale et nationale du pays. En troisième lieu, nous aborderons la question de l’importance de la formation comme facteur clé d’une politique touristique et celle d’associer le secteur privé national et étranger dans le développement du tourisme. Nous parlerons enfin de l’expérience de la République Dominicaine comme une école mondiale de tourisme, dont l’Algérie pourrait s’inspirer tout en gardant ses spécificités.

Pourquoi l’Algérie a-t-elle toujours eu une sorte d’aversion contre le tourisme ?
Depuis l’indépendance jusqu’à ce jour, les gouvernements de l’Algérie ont tenu un double langage : d’un côté ils n’ont pas cessé de répéter que le pays dispose d’un énorme potentiel touristique qui s’étend à l’ensemble du territoire et incluant le tourisme côtier, le tourisme de montagnes, et le tourisme saharien ; de l’autre, ils ont considéré le tourisme comme une sorte de cheval de Troie par le truchement duquel les étrangers (investisseurs et touristes confondus) pénètreraient en Algérie et la «recoloniseraient», cette fois-ci sur les plans économique et culturel. Le résultat est que, pendant plus de 60 ans, l’Algérie a vécu en vase clos, décourageant toute initiative de développement du tourisme. Les quelques «complexes» touristiques construits dans les années 60-70, notamment ceux du modèle architectural «Pouillon», qui étaient des joyaux à l’époque — les complexes de Zéralda, Tipasa, Les Hammadites à Bejaia, etc. —qui avaient été construits avec l’idée que le tourisme international allait se développer dans le pays — non seulement n’ont pas connu l’essor espéré, mais ont connu une régression notable dans leur activité et dans la qualité de leurs infrastructures et de leurs services. Cette fermeture du pays à tout ce qui s’apparente au tourisme a fini par instiller dans la population une mentalité anti-touristes qui voit dans les touristes — y compris les Algériens vivant à l’étranger qui rentrent dans le pays pendant leurs vacances — des personnes riches ne venant que pour «profiter du pays» et de ses ressources touristiques, voire même pour les détériorer. A cela, il faut ajouter la considération — supposée ou réelle — selon laquelle les Algériens ont eux-mêmes une aversion pour servir l’étranger. En effet, selon certains Algériens, servir l’étranger aurait pour résultat d’humilier celui ou celle qui rendrait ce service. Dans le cours que je donnais à l’INSIM (Institut International de Management), je voulais confirmer ou infirmer ce sentiment en posant aux étudiants la question : Pourquoi l’Algérien n’aime-t-il pas travailler dans les services touristiques et le secteur des services en général ? La réponse des étudiants est quasi unanime : parce que les Algériens sont trop fiers pour servir. Ce sentiment — encore une fois réel ou supposé — n’est cependant pas irrémédiable comme en témoignent les expériences de certains pays qui ont réussi à développer leur tourisme. D’autres peuples sont aussi «fiers» que les Algériens, mais lorsque les emplois dans l’industrie touristique sont rémunérés à leur valeur, il n’y a pas de raison de ne pas vouloir travailler dans les services. Tout est question d’information et surtout de formation, un sujet que nous aborderons plus loin.
La troisième raison qui fait que le tourisme n’a pas reçu de la part des gouvernants algériens l’attention qu’il mérite est, bien entendu, la focalisation du pays sur un seul secteur : les hydrocarbures. Si l’Algérie veut avoir un développement équilibré et intégré régionalement et sectoriellement et aussi respectueux de l’environnement, elle doit absolument se guérir définitivement de son addiction aux hydrocarbures. Pour cela, les élites qui gèrent le secteur des hydrocarbures et ceux qui ont la responsabilité du développement économique global du pays doivent être «rééduqués» pour pouvoir accepter les coûts à court terme de la transition et récolter à moyen terme les bénéfices de la nouvelle économie plus diversifiée, plus intégrée et plus propre.
La quatrième raison pour laquelle le tourisme n’a pas pu être développé en Algérie est la «Décennie Noire» et le terrorisme qui a créé un climat de peur dans le pays. Le terrorisme a non seulement empêché tout développement du tourisme, mais ses séquelles se ressentent encore aujourd’hui. Les touristes internationaux considèrent toujours l’Algérie comme un pays à risques (même si ce risque est quasiment absent aujourd’hui) et préfèrent toujours les pays voisins comme la Tunisie et le Maroc qui, en outre, ont des traditions et une expérience touristiques internationales plus grandes et plus anciennes.

Quels sont les bénéfices du développement touristique ?
Le premier bénéfice direct et visible du développement du secteur touristique est qu’il procure des recettes importantes et renouvelables. Au contraire des revenus procurés par l’exportation des hydrocarbures — qui dépendent du marché international et de la volatilité des prix du pétrole et du gaz — les revenus du tourisme sont plus stables, surtout si l’Algérie développe simultanément tout son potentiel touristique qui comprend le tourisme côtier, le tourisme de montagnes et le tourisme saharien. Il n’est pas question, bien entendu, d’abandonner complètement le secteur des hydrocarbures pour se focaliser sur le seul secteur du tourisme — ce serait commettre la même erreur que la focalisation actuelle sur le secteur des hydrocarbures — mais plutôt de développer le tourisme parallèlement aux autres secteurs de production de biens et services. Cela, bien sûr, engendre des coûts importants en infrastructures touristiques et en formation du personnel de management et de services. Ces investissements en capital physique et en capital humain doivent, sans aucun doute, provenir des revenus des hydrocarbures. C’est pourquoi, dans le court/moyen terme, le pays aura encore besoin du secteur des hydrocarbures. Pour inciter les gouvernants à faire cet investissement, il serait utile de faire une «cost/benefit analysis» (une analyse ‘coûts-bénéfices’) pour évaluer chaque côté de l’équation touristique.
Le second bénéfice — moins direct à court, mais plus réel à moyen/long terme — est l’intégration intersectorielle. Le tourisme est un secteur, qui, à la fois développe les autres secteurs et est développé, en retour, par ces derniers. Tout d’abord, le tourisme est un secteur «labour-intensive» qui crée énormément d’emplois dans diverses et multiples spécialités : management, personnel d’accueil, serveurs, cuisiniers, personnel de nettoyage, plombiers, électriciens, peintres, électroniciens, «tour operators», jardiniers, animateurs-loisirs, agents de sécurité, transporteurs, etc. Grâce à cette création d’emplois, l’Algérie pourrait réduire de beaucoup le chômage substantiel actuel et embaucher les jeunes qui sortent des écoles de formation et des universités. Le tourisme fait travailler les compagnies aériennes. En effet, une étroite collaboration entre les places touristiques et les compagnies de transport aérien, maritime et terrestre est indispensable pour une utilisation à pleine capacité des installations touristiques. Le tourisme fait aussi travailler l’industrie des produits alimentaires et des boissons. La restauration étant un élément important des services touristiques, la provision constante de ces produits est indispensable pour un bon fonctionnement des facilités touristiques. Le tourisme a également besoin des loisirs. En effet, les touristes ne vont pas dans les places touristiques uniquement pour dormir et manger. Ils ont besoin de se distraire pour sortir de leur routine «boulot-dodo» habituelle. Une partie de ces loisirs doit être fournie par les places touristiques elles-mêmes, mais une autre partie doit provenir des entreprises privées spécialisées dans l’offre et l’organisation de loisirs : musique et danses régionales, nationales et internationales. Les loisirs sont particulièrement importants pendant les saisons de faible fréquentation comme l’hiver. Le tourisme a aussi besoin d’organiser les navettes, notamment entre les aéroports, ports et les gares ferroviaires d’arrivée des touristes. Une partie de ces navettes doit être organisée par les places touristiques, mais une autre partie doit être fournie par le secteur privé. La capacité du tourisme d’intégrer l’économie nationale a été soulignée par Arancha Gonalez, ancienne Ministre des Affaires Etrangères d’Espagne, dans la deuxième épigraphe indiquée tout en haut de cet article : «The tourism industry has considerable potential to be a sustainability role model as a buyer of goods and other services, from building materials and green construction standards to farm produce» (L’industrie touristique a un potentiel considérable pour devenir un modèle comme acheteur de biens et services, allant des matériaux de construction, de l’environnement et des produits alimentaires». Un autre bénéfice important du tourisme est qu’il facilite la connaissance des autres cultures internationales. Même s’il y a de plus en plus d’Algériens qui voyagent et qui se frottent à d’autres cultures, l’Algérie reste cependant fortement refermée sur elle-même. Le tourisme permettra progressivement d’effacer l’image négative que les Algériens ont des touristes et du tourisme. En accueillant d’autres cultures et en s’y frottant, les Algériens apprendront à tolérer d’autres cultures et à adopter ce qui est bon des cultures et à rejeter ce qui n’est pas bon. Ces échanges culturels feront aussi disparaître un grand nombre de clichés et de préjugés sur telle ou telle culture et permettront aux touristes étrangers de découvrir les différentes et importantes cultures régionales très diversifiées de l’Algérie. Ainsi que le souligne Saint Augustin dans la troisième épigraphe indiquée en haut de cet article : «The world is a book and those who do not travel read only one page» (Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas ne lisent qu’une seule page de ce livre).

Quels sont les éléments importants d’une bonne politique touristique ?
Plusieurs facteurs doivent être réunis pour un développement touristique optimal, mais deux sont particulièrement importants : la formation du personnel touristique et la contribution du secteur privé. L’élément clef de la réussite d’un développement touristique est la formation du personnel à tous les niveaux de la gestion du secteur. Et au sein de cette formation, celle du personnel d’accueil des touristes est primordial. Car les touristes ne viennent pas uniquement pour découvrir le pays—ses différents sites—mais aussi et surtout pour découvrir un peuple, sa culture, ses traits communs avec leur propre culture, et ses traits distinctifs. De l’aéroport, du port ou de la garde d’arrivée des touristes jusqu’à leur hôtel et dans toutes leurs interactions avec le personnel de la réception de l’hôtel, avec les cuisiniers, les serveurs des restaurants et des cafétérias, les chauffeurs qui les conduisent dans les sites qu’ils désirent visiter, la qualité de l’accueil est stratégique pour leur satisfaction ou non et pour leur retour au pays après leur séjour. Vient ensuite la qualité du service, dans les restaurants, les cafétérias, le nettoyage des chambres et des lieux communs, les étages, les plages, les swimming pools, les lieux de loisirs, etc. La formation du personnel chargé de toutes ces taches doit être minutieusement préparée et exécutée car c’est là que les touristes jugeront la qualité de leur séjour et donneront ou non une bonne note au pays sur le plan touristique. Un autre élément de la formation du personnel d’accueil à tous les niveaux est l’apprentissage des langues internationales. Il n’est pas question, bien sûr, d’apprendre toutes les langues parlées dans le monde, mais dans le domaine touristique, les langues les plus utilisées comme langues-relais sont : l’Anglais, le Français et l’Espagnol. Bien entendu, plus le personnel d’accueil connaît de langues, plus la satisfaction des touristes est grande. Le deuxième facteur stratégique dans la réussite du tourisme est de faire intervenir le secteur privé quasiment à tous les niveaux. L’Etat ne pouvant pas tout faire—et le tourisme n’est souvent pas le secteur où la performance de l’Etat est satisfaisante—il doit être relayé par les entreprises du secteur privé qui ont une plus élasticité d’action. Il n’est pas question, bien entendu de laisser entièrement le tourisme entre les mains du secteur privé, car il y a secteur privé et secteur privé. L’Etat doit encourager le secteur privé à intervenir au maximum dans la fourniture des principaux services qui font la qualité du tourisme, mais il doit en même temps préparer un plan touristique national et contrôler l’exécution de ce plan. L’Etat doit aussi aider le secteur privé dans certains domaines clés : les terrains d’installation des sites touristiques, l’octroi des prêts aux entreprises chargées de ces installations et celle responsables de la fourniture des services, la formation du personnel managérial et de services. Pour cela, l’Etat doit disposer d’écoles et d’instituts de formation dans les différentes branches du service touristique. Le secteur privé, à son tour, doit adhérer à ce plan de développement touristique et l’exécuter dans les meilleures conditions possibles en respectant le cadre juridique du pays et les lois dans le domaine de l’environnement. L’Algérie doit aussi s’inspirer des expériences de certains pays développés et moins développés et ne pas hésiter à prendre ce qui est bon dans les pays dont la réputation en matière touristique est au top. Une de ces expériences est celle de la République Dominicaine, dans les Caraïbes.

L’expérience de la République Dominicaine : un exemple à suivre
L’Algérie est un grand et beau pays avec des potentialités gigantesques dans le domaine touristique. Elle possède une côte de 998 km de longueur au bord de la Méditerranée qui s’ouvre directement sur l’Europe ; un désert (le Sahara) qui s’étend sur une superficie de 2 millions de km2 (soit 84% de la superficie totale du pays) ; le nord est sillonné d’Est en Ouest par une double chaîne montagneuse (atlas tellien et Saharien) comprenant le Dahra, l’Ouarsenis, le Hodna, le Djurdjura, les Babors, les Bibans et les Aurès ; ainsi que de nombreuses forêts parsemées sur tout le territoire national. L’Algérie peut donc développer trois principaux types de tourismes : le tourisme côtier, le tourisme montagneux et le tourisme saharien. Pour pouvoir développer ces trois ressources touristiques, l’Algérie doit d’abord et avant tout compter sur ses propres moyens, mais elle devrait aussi s’inspirer des expériences de certains pays en la matière. Une de ces expériences qui méritent d’être étudiées est celle de la République Dominicaine, un pays 50 fois plus petit que l’Algérie, mais qui est une des destinations touristiques les plus importantes du monde. Le tableau suivant permet de comparer les deux pays sur le plan de l’importance représentée par le tourisme :

Importance du tourisme en Algérie et en République Dominicaine
Ce tableau montre, à l’évidence, que le tourisme en Algérie est tout à fait insignifiant par tous les standards (nombre de touristes par rapport à la population, revenus en devises, pourcentage du tourisme dans le PNB et rang dans le monde) par comparaison à ses ressources touristiques potentielles. Qu’est-ce qui fait donc que la République Dominicaine (50 fois plus petite que l’Algérie et ne disposant pas d’hydrocarbures) est considérée comme une école en matière de développement touristique ? La courte réponse à cette question est : la qualité des services et le rôle du secteur privé dans ce secteur. S’agissant de la qualité des services, tous les touristes qui ont visité ce pays s’accordent à reconnaître que la prise en charge du touriste est totale en République Dominicaine. Le touriste n’a qu’à choisir le site où il veut séjourner et acheter un billet d’avion comprenant le prix du vol aller-retour, le séjour à l’hôtel, les trois repas de la journée—qui sont très variés et servis par plusieurs restaurants de différentes nationalités—les loisirs, la gym, le transport gratuit du site aux lieux de shopping, etc. C’est ce que l’on appelle dans le langage touristique les «all inclusive deals» (prise en charge totale). L’autre élément distinctif du tourisme en République Dominicaine est le rôle joué par le secteur privé national et international dans la construction des complexes touristiques et leur gestion. L’Etat n’est là que pour faire respecter les lois du pays et celles concernant l’environnement. Le secteur privé national s’associe aussi souvent avec le secteur privé international pour construire et gérer des sites de rang international capables d’absorber un nombre quasi illimité de touristes périodiquement. Le problème que l’Algérie doit résoudre est son aversion pour le secteur privé aussi bien national qu’étranger. En dépit de toutes les lois récentes annonçant l’encouragement des deux secteurs à participer au développement national, la réalité est que l’Etat est encore de loin l’initiateur et le gestionnaire des secteurs économiques, y compris le secteur touristique. Le troisième facteur qui fait le succès du tourisme en République Dominicaine est l’intégration des différents acteurs et facteurs du développement touristique. Chaque site (appelé «resort») est intégré quant à tous les ingrédients (produits et services) dont le site a besoin. Les hôtels sont sur place—offrant plusieurs catégories de chambres et de suites ; les restaurants sont sur le site (restaurants de type «buffets», restaurants ethniques (Chinois, italiens, français, etc.) ; les boutiques de shopping sont aussi sur site, mais les touristes ont la possibilité de «shopper» en dehors du site, des navettes étant à leur disposition pour les y emmener et les ramener au site après le shopping ; des loisirs diversifiés (nationaux et internationaux) sont offerts tous les jours (dans la journée et le soir) ; des endroits ombragés sont aménagés pour les promenades journalières et nocturnes et en cas de pluie ; des gyms pour la pratique du sport et de l’aérobique sont accessibles toute la journée ; des cours de danses et de yoga sont offerts tous les jours ; des jeux sont offerts tous les jours aux touristes sur les plages et les swimming pools. Toutes ces activités, animées par des jeunes hommes et femmes du pays ont pour but d’occuper et de distraire les touristes et faire que leur séjour ne soit pas celui d’un hôtel ordinaire de la ville mais un séjour qui sera gravé à jamais dans leur mémoire.

Conclusion
Au vu des données précédentes, il est clair que le tourisme n’a jamais eu l’importance qu’il mérite pour les raisons invoquées plus haut, la raison majeure étant la crainte que les gouvernements algériens ont toujours eue que le tourisme serait un prétexte pour le pays d’être «recolonisé» et de perdre sa souveraineté récupérée à prix fort. Cependant, comme le montrent les expériences de développement touristique de plusieurs pays—développés et moins développés, notamment celle de la République Dominicaine—un pays peut opter pour le développement de son secteur touristique sans nécessairement perdre sa souveraineté. Dans le cas particulier de l’Algérie, le cadre juridique existant—qui doit dans une certaine mesure être adapté aux exigences du développement touristique—ainsi que les capacités sécuritaires dont est doté le pays peuvent faire en sorte que le pays peut assurer à la fois un tourisme de niveau international respectueux de l’environnement et assurer sa sécurité nationale. Cependant, comme le souligne Carol Drinkwater, une écrivaine britannique, dans l’épigraphe indiquée tout en haut de cet article : «Algeria does not court tourism. It doesn’t need to. It has vast crude oil resources, equal to Libya’s. Its infrastructure does not accommodate tourists, and there is precious little visitor information—hardly any in English” (L’Algérie ne cherche pas à s’orienter vers le tourisme. Elle n’en a pas besoin. Elle dispose de vastes ressources en pétrole, équivalant celles de la Libye. Son infrastructure n’est pas adaptée aux touristes, et il y a très peu d’information en direction du visiteur, presque qu’aucune en Anglais). Comme nous l’avons souligné dans cet article, le tourisme n’est qu’un des moyens d’assurer la transition d’une économie basée entièrement sur l’extraction et l’exportation du pétrole et du gaz—qui ne sont pas renouvelables et qui sont polluantes—à une économie basée sur des ressources renouvelables et respectueuses de l’environnement. Par conséquent, parallèlement au développement du tourisme, pour assurer une transition complète de l’économie actuelle vers une économie plus durable et plus intégrée, l’Algérie devrait aussi développer les autres secteurs tels que l’agriculture, les industries de biens de consommation et de biens d’équipement ainsi que les secteurs de services autres que le tourisme, notamment la formation à tous les niveaux, en particulier la formation professionnelle, les transports, la restauration, les technologies de télécommunications et les médias sociaux, notamment Internet, qui sont indispensables à une intégration totale de l’économie national aux niveaux national et international.