Aussitôt annoncés par l’Américain Chevron aussitôt confirmés par le groupe Sonatrach ; les pourparlers entre les deux compagnies pétrolières semblent avancer à pas de géant à tel point que des responsables de la compagnie publique d’hydrocarbures espèrent conclure les négociations cette année et donner corps plus rapidement à des contrats dans l’exploration et la prospection.
Par Hakim Ould Mohamed
Lundi, le «Wall Street Journal» rapportait l’information selon laquelle le géant pétrolier américain Chevron discute de projets d’exploration et de prospection en Algérie. Le média américain a précisé que Chevron a dépêché ses représentants à Alger et mandaté des diplomates américains afin de rencontrer des responsables du secteur de l’énergie, en Algérie, en vue de concrétiser ses ambitions sur le marché algérien. Quelques heures plus tard, c’était au tour du patron de Sonatrach de confirmer les pourparlers avec la compagnie américaine Chevron.
Ces négociations interviennent alors que la demande européenne aux hydrocarbures, le gaz en particulier, n’a jamais été aussi croissante, offrant à l’Algérie une précieuse opportunité pour consolider son positionnement sur l’échiquier gazier européen et mondial. Certes, Chevron n’est pas la première major américaine à s’implanter en Algérie, si cette ambition venait à se concrétiser, mais il s’agit d’un poids lourd mondial dont l’intérêt pour le domaine minier national ne passe pas inaperçu dans les milieux mondiaux des pétroliers.
«Nous sommes en discussion sur le choix des périmètres», a déclaré Toufik Hakkar, PDG du groupe Sonatrach, à l’agence de presse américaine Bloomberg. «Demeurent les aspects contractuels. Notre objectif est de conclure un contrat au cours de cette année», a-t-il précisé sans donner de détails sur les négociations ni sur la nature des contrats, objets de ces discussions avec Chevron. Depuis quelques mois déjà, au lendemain de la publication de la nouvelle loi sur les hydrocarbures ainsi que l’ensemble de ses textes d’application, la compagnie publique Sonatrach a lancé des consultations bilatérales avec plusieurs groupes pétroliers et gaziers. Ces consultations se sont traduites par la signature de mémorandums d’entente et plusieurs contrats majeurs, notamment avec Sinopec et ENI. Parallèlement à ces consultations bilatérales, l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) a rendu public, début octobre dernier, un nouvel appel d’offres adressé aux compagnies nationales et internationales intéressées par l’investissement dans le domaine minier algérien.
«Nous avons l’honneur de vous informer que l’Etat algérien à travers Alnaft a lancé un appel à manifestation d’intérêt national et international pour la pré qualification des compagnies souhaitant investir ou opérer dans le domaine minier hydrocarbures», lit-on dans l’appel en question, adressé aux compagnies nationales et internationales. Les critères et les règles de pré qualification ont été précisés dans le site web d’Alnaft. Comme ce fut le cas avec Sinopec et ENI, les consultations bilatérales menées par Sonatrach déboucheraient sur la signature de partenariats, indépendamment de ce que l’appel d’offres lancé par Alnaft peut drainer comme investisseurs potentiels. L’Algérie compte désormais sur les avantages apportés par la nouvelle loi sur les hydrocarbures, adoptée en 2019 et dont les textes d’application ont été finalisés et publiés courant 2021, pour relancer l’investissement dans son amont pétrolier et gazier. La conjoncture internationale marquée par la hausse de la demande et la quête par les Européens de nouvelles sources d’approvisionnement s’y prête.
Membre de l’Opep disposant d’importantes réserves en pétrole et en gaz, l’Algérie veut rompre avec plusieurs années de mauvaise gestion du secteur de l’énergie qui s’était traduite par un désinvestissement criant dans l’amont pétrolier et gazier. L’intérêt des firmes internationales projette le pays sur de nouvelles perspectives, lui permettant de jouer pleinement son rôle de fournisseur fiable et stratégique. n