Des cellules de veille ont été installées dans les ports et abris de pêche du pays, dont ceux de la wilaya de Tipasa, sitôt l’annonce faite de la réapparition du poisson lièvre, récupéré le 17 janvier dernier dans ses filets par un pêcheur de Damous (extrême ouest de la wilaya).

L’installation d’une cellule de veille est juste une mesure préventive et rassurante pour les pêcheurs et consommateurs mais aussi intéressante sur le plan scientifique puisqu’elle est suivie par le Centre national de recherche pour le développement de la pêche et de l’aquaculture (CNRDPA), situé à Bou Ismaïl, qui regroupe plusieurs stations réparties dans les wilayas côtières. La dangerosité de cette espèce de poisson se situe dans la consommation de certains de ses organes selon les spécialistes, qui réagissent par mesure préventive et déclarent qu’il n’y a donc pas de raison de s’alarmer, la situation est totalement maîtrisée. Mais le poisson-lièvre ou lagocephalus sceleratus peut s’avérer mortel s’il est consommé même s’il n’est ni agressif ni venimeux. Plusieurs de ses organes dont le foie, les reins, les intestins, les ovaires et la peau contiennent de la tétrodotoxine (TXX), une neurotoxine mortelle. Son ingestion provoque une paralysie progressive des muscles, jusqu’aux poumons qui se bloquent et provoquent une asphyxie mortelle. Les pouvoirs publics et, en particulier, les responsables du secteur de la pêche, qui ne s’alarment pas du tout, disent qu’il est important d’alerter les professionnels de la dangerosité de ce poisson. Ces derniers expliquent que les pêcheurs, qui sont les premiers concernés, savent reconnaître le poisson lièvre et doivent saisir, immédiatement, les autorités portuaires. Il faut rappeler que le poisson lièvre est découvert pour la seconde fois dans la wilaya de Tipasa dont la dernière à Damous. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il apparaît sur les côtes algériennes et même ailleurs en Méditerranée selon les spécialistes. Confronté à ce phénomène dans un passé récent, le ministère de la Pêche et des Produits halieutiques a déclenché un mécanisme d’alerte afin d’éviter que ce poisson ne se retrouve sur le marché. Il faut rappeler que, selon les responsables locaux du secteur, le ministère de la Pêche avait eu à gérer la même situation durant l’hiver 2014, lorsque plusieurs spécimens de poissons lièvres avaient été pêchés au centre et à l’est du littoral algérien, ce qui avait permis aux chercheurs du CNRDPA d’étudier et de mieux comprendre le lagocephalus sceleratus. Dans son rapport, élaboré en 2014, à la suite de la capture de poissons lièvres à El Kala et El Marsa, le CNRDPA a abordé la question de la toxicité et le caractère dangereux de cette espèce. Ils expliquent que « plusieurs études ont été menées pour étudier la dangerosité de cette espèce. Elle ne représente aucun danger au contact ou au toucher et ne présente aucun élément de contamination par rapport aux autres espèces pêchées en même temps qu’elle. La toxicité de cette espèce est liée à ses gonades (mâles ou femelles) qui contiennent une puissante neurotoxine appelée tétrodotoxine (TTX) qui provoque des malaises et des vomissements, mais elle peut aussi occasionner des troubles plus dangereux ». Par ailleurs, la semaine dernière des pêcheurs sont tombés, à Bousfer au large des côtes oranaises, sur le premier spécimen de ce poisson qui, en plus d’être toxique, est une espèce invasive qui dévore les algues des fonds marins nécessaires à la survie de nombreuses espèces marines.