La pièce a été vue pour la première fois en 2010 à la salle El-Mouggar d’Alger. Depuis, elle poursuit son bonhomme de chemin et devrait continuer d’être à l’affiche durant la saison 2020, ainsi que l’indique le programme du théâtre national algérien (TNA).  Avant-hier, jeudi, elle a été programmée en «générale» au même TNA devant une audience remarquable par les temps (théâtraux) qui courent même si les fauteuils n’étaient pas tous occupés. «Ez’Zaouèche» (le moineau ou l’oiseau) est une adaptation en fait : une tragi-comédie tirée d’une œuvre du monumental Ferenc Karinthy, dramaturge hongrois disparu en 1992 et lui-même fils du grand écrivain et journaliste Frigyes Karinthy, par le metteur en scène algérien  Kamel Laïche. Le texte sur lequel ce dernier a travaillé s’appelle «Le Bosendorfer» écrite en 1967 pour raconter l’histoire d’un artiste solitaire et égocentrique,  un peu imposteur et doté d’une imagination phénoménale. En lisant un matin le journal, il découvre l’annonce d’une vieille dame qui désire vendre son piano, un «Bosendorfer» du nom de la marque viennoise de pianos (fondée en 1827 et aujourd’hui propriété entière du japonais Yamaha).   L’artiste appellera, donc, la vieille dame pour une conversation téléphonique interminable, durant laquelle il se changera tour à tour en plusieurs personnages dont un expert en piano, un enfant gâté, une vieille dame mourante ou, encore, une jeune fille suicidaire. La pièce s’articule principalement autour de ses interprètes dont Rania Serouti dans la peau de la vieille dame esseulée, une comédienne révélée au public  à l’âge de 17 ans dans la comédie musicale Mélodie de l’Espoir du défunt Djamel Fezzaz, qui a été longtemps absente des tréteaux et qui signe avec la pièce de Kamel Laîche un beau retour sur les planches. En 2010, le comédien qui feint l’achat du piano était campé par Arslane. Cette fois, il est joué par Brahim Chergui. Lui et Rania Serouti  évoluent dans un décor dépouillé   signé Mokhtar Mouffok.
Il est fait d’un siège en cuir, d’une petite table basse, d’un porte-manteau et d’un piano – le fameux Bosendorfer- couvert d’un drap blanc  ainsi que d’un amoncellement de cartons.  L’habillage sonore de la pièce est assuré par le recours à  «Mister Georgina» de Léo Ferré ou encore la «sérénade» de Schubert.  Kamel Laïche (qui fait du cinéma aussi) est connu du public par ses adaptations et mises en scène de textes majeurs de la littérature algérienne et universelle, «L’escargot entêté» de Rachid Boudjedra ou «Le Bel indifférent» de Jean Cocteau entre autres.