La direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou lance aujourd’hui le «Mohia d’or» de la meilleure création théâtrale et dramaturgique en tamazight. La création
de ce trophée est un hommage à l’œuvre du poète et dramaturge Abdellah Mohia, figure majeure de l’expression théâtrale algérienne, ainsi qu’un encouragement aux jeunes créatifs du 4e art de langue amazighe dans notre pays.
C’est en tous les cas ce qui est expliqué dans le communiqué paru jeudi dernier sous la signature de la direction de la culture. Pour rappel, le prix «Mohia d’Or» existe depuis cinq ans déjà. Il a été instauré en 2014 avec la contribution de l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou et le théâtre régional Kateb Yacine, mais avec la vocation de promouvoir la création théâtrale à l’échelle locale uniquement. Cette fois, la distinction prend une valeur nationale et sera décernée à tous ceux qui créent et montent des pièces théâtrales en tamazight, la langue de travail du dramaturge Mohia, est en effet ouverte à tous les auteurs dramatiques en langue amazighe au niveau national, elle récompensera un seul texte dont les modalités sont définies par le règlement intérieur du concours que les participants peuvent retirer auprès des organisateurs. Une commission de lecture constituée de dramaturges, de scénographes et d’universitaires spécialisés est chargée de la sélection des meilleurs textes et des meilleurs projets de mise en scène. La date limite de dépôt des textes est fixée au 27 mars de chaque année consacrée journée internationale du théâtre, alors que la cérémonie de remise du prix interviendrait dans le cadre des festivités prévues pour la célébration du printemps amazigh, coïncidant avec le 20 avril. Le prix est doté d’une récompense financière de 500 000,00 DA pour le lauréat et une autre de 100 000,00 DA qui sera décernée en guise de soutien à l’écriture en tamazight. L’auteur de l’œuvre primée s’engage à céder l’exclusivité de son texte pour une durée de cinq années pour d’éventuelles exploitations théâtrales, est-il indiqué dans le règlement.
L’œuvre de Mohia, qui s’étale sur plus d’une trentaine d’années d’interprétation et de réflexions philosophiques, constitue «un gisement littéraire inépuisable d’expression amazighe et une œuvre novatrice monumentale», est-il relevé dans le communiqué de la direction de la culture. Mohand Ouyahia, Abdellah Mohya ou Moyha, son nom d’artiste sous lequel il est le plus connu, est né le 1er novembre 1954 à Azazga. Après des études universitaires à Alger, il s’installe à Paris, dès les années 1970, où il rejoint le groupe d’études berbères pour se consacrer à la production théâtrale en tamazight et aussi à l’adaptation d’illustres auteurs. Parmi ses adaptations les plus illustres, «Si Pertuff», adaptation de «Tartuffe» de Molière, «Muhend Ucaba» adaptation de «Le ressuscité» de Lu Sin, «Am win Yettrajun Rebbi», celle de la pièce de Bekett «En attendant Godot» ou encore «Thachvaylith» qui est celle de «La jarre» de Luigui Pirandello. Il a été, également, l’auteur de textes poétiques interprétés par plusieurs chanteurs tels les groupes Ideflawen, Imazighen Imula, Matoub Lounès et tout récemment de jeunes artistes.n