A la sortie de sa victoire épique contre Yoshihito Nishioka dans la nuit de mardi à mercredi au 1er tour à Flushing Meadows, Andy Murray a savouré le chemin parcouru depuis sa dernière apparition en Grand Chelem à l’Open d’Australie 2019. Plus que tennistiquement, l’Ecossais s’est rassuré physiquement. Il va devenir la référence des come-backs sur le circuit. Perdu ou presque pour le tennis voici un peu plus d’un an et demi, Andy Murray avait accompli un premier petit miracle en reprenant la compétition en simple l’été dernier après une lourde opération à la hanche. Mais l’Ecossais avait visiblement d’autres tours dans son sac. De retour sur la scène d’un Majeur, il s’est payé le luxe de remporter son premier match en cinq sets depuis sa défaite au 1er tour de l’Open d’Australie 2019, qui plus est en remontant un handicap de deux manches et un break dans le dernier acte, le tout avec une balle de match sauvée au passage. Cette victoire a donc une saveur particulière pour l’ex-numéro 1 mondial. «C’était assez émouvant. Quand je suis revenu dans le vestiaire, j’ai regardé mon téléphone, j’ai vu les messages de ma famille et de mes amis. Ce sont les gens qui m’ont vu traverser toutes ces épreuves, et qui ont été là pendant les périodes difficiles. Je ne sais pas combien parmi nous pensaient vraiment que je pourrais revenir et gagner ce genre de matches», a-t-il confié.

« Au début, je m’économisais presque »
Loin de son meilleur niveau, surtout dans les trois premiers sets, Murray aurait pu connaître une sortie sèche. Mais il s’est accroché, n’a jamais abandonné. Un mental de champion à toute épreuve dont il a retiré une certaine satisfaction et surtout beaucoup de fierté. « C’est assez spécial de m’en être sorti, parce que je ne jouais pas bien. Personne ne regardait. C’était un long match, le premier en cinq sets depuis longtemps pour moi. C’est une belle réussite d’être passé », a-t-il jugé. Plutôt à son aise lors du Masters 1000 de Cincinnati la semaine dernière où il avait battu un top 10 (Alexander Zverev, NDLR) pour la première fois depuis trois ans, Murray a pourtant connu une entame de match très compliquée. A tel point que ce manque d’énergie pouvait faire craindre un souci physique. Mais le problème était davantage psychologique. « Au début, je m’économisais presque. C’est le genre de chose qui arrive en début de carrière quand vous n’avez pas joué beaucoup de matches au meilleur des cinq sets. Mentalement, je ne savais pas comment j’allais me sentir si je jouais un match long, donc je ne voulais pas brûler trop d’énergie. Mais quand vous faites ça, vous ne vous déplacez pas bien, vous n’êtes pas lucide dans le choix de vos coups, et le match… s’allonge. C’est complètement contre-productif. » La thèse de Murray est d’ailleurs confirmée par les faits et les statistiques. Au fur et à mesure du match, il s’est progressivement relâché, a retrouvé de l’agressivité et de l’efficacité au service. Dans le cinquième set, il a ainsi frappé plus de coups gagnants que de fautes directes (16 contre 11), ce dont il avait été incapable dans les quatre précédents, et a servi 79 % de premières balles. De là à dire qu’il a fini la partie frais comme un gardon, après 4h39 d’efforts, il n’y a qu’un pas… qu’il n’a pas osé franchir.

Auger-Aliassime dans la ligne de mire
« Je suis épuisé, mes doigts de pieds me font mal, surtout mes gros doigts. Ils ont un bain de glace dans le vestiaire, quand je l’ai vu je me suis dit : ‘ça, c’est pour les urgences’, or les urgences c’est ce qui m’attend là. Mon corps me fait tellement mal que je vais leur demander l’autorisation de le plonger dedans », s’était-il exclamé à sa sortie du court. Une requête accordée à l’Ecossais qui a donc pu relativiser ses douleurs en conférence de presse quelques instants plus tard. « Je prends des bains de glace tout le temps.
C’est vraiment, vraiment pénible pour les doigts de pied, mais en fait physiquement, ça va plutôt bien. Je viens juste de jouer un match de 4h30 alors que je n’aurais jamais pensé que j’en serais capable. Je me sentais mieux à la fin de ce match que quand j’ai joué (Roberto) Bautista Agut en Australie. Je ne suis pas assis en face de vous avec une hanche qui me fait un mal de chien.
Et je dormirai bien ce soir », a-t-il savouré. Il faut dire que Murray a intérêt à bien récupérer en vue du prochain tour, puisque le jeune Félix Auger-Aliassime l’attend de pied ferme après avoir aussi bataillé près de quatre heures. « Je pense qu’il est 20e ou 21e mondial. Il se rapproche des meilleurs. Il aime jouer sur dur, c’est évident.
Il a eu quelques difficultés avec son service parfois. C’est quelque chose dont je vais essayer de profiter », a dévoilé l’Ecossais, déterminé. Même très heureux d’avoir passé le 1er tour, il n’est pas venu à New York pour se contenter d’un exploit. Qu’on se le dise, Murray a retrouvé son appétit de champion et il en veut toujours plus. n