Le chef de l’Etat a annoncé hier en marge du sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba sa décision de mobiliser le montant d’un milliard de dollars pour le financement de projets dans des pays africains. Le pilotage de cette opération est confié à l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, deux ans après sa création en février 2020. L’annonce de la création de cet organisme s’est faite également à l’occasion d’une réunion de chefs d’Etats et de gouvernements africains, pour intervenir dans «tous les domaines de coopération», avait indiqué à l’époque M. Tebboune. Un test pour la stratégie géopolitique du pays et sa capacité à rayonner par le soft power sur un continent où la compétition internationale et entre les puissances régionales ne fait que commencer.

PAR NAZIM BRAHIMI
Les travaux du 36e Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’Union africaine (UA), entamés samedi, ont pris fin hier à Addis Abeba, la capitale de l’Ethiopie, avec notamment l’allocution du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui a annoncé l’octroi, par l’Algérie, d’un montant d’un milliard de dollars US à l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement (ALDEC), destiné au financement des projets de développement dans les pays africains.
L’ALDEC a été créée par le président Tebboune, qui en a fait l’annonce en février 2020 à l’occasion d’un Sommet de l’UA, précisant qu’il s’agit d’une agence «à vocation africaine, destinée à renforcer la coopération de l’Algérie avec les pays voisins, notamment avec les pays du Sahel».
Cette agence aura pour principale mission «la concrétisation sur le terrain de notre volonté de renforcer l’aide, l’assistance et la solidarité avec les pays voisins, notamment les pays frères au Sahel», avait-il souligné.
Selon le Chef de l’Etat, «tous les domaines de coopération seront couverts par cette agence qui sera dotée de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions à travers la réalisation de projets concrets et utiles».
Tebboune a salué, par la même occasion, «les pas importants franchis par notre Continent dans le processus d’intégration africaine, notamment à la faveur de l’entrée en vigueur de l’accord de la ZLECAf, et de la poursuite de la concrétisation des projets visant l’intégration régionale et le renforcement de l’infrastructure au titre de l’initiative du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD)».
Hier, à Addis Abeba, le chef de l’Etat a affirmé que cette démarche procède de la conviction de l’Algérie que la sécurité et la stabilité en Afrique sont liées au développement.
«J’ai décidé d’injecter un montant d’un milliard de dollars US au profit de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement pour le financement de projets de développement dans les pays africains notamment les projets d’intégration ou ceux à même de contribuer à accélérer le développement en Afrique», a-t-il dit dans son allocution lue par Aïmene Benabderrahmane, son représentant à ce sommet.
L’Agence entamera les procédures d’exécution de cette initiative stratégique en coordination avec les pays africains souhaitant en bénéficier.

Lutte antiterroriste : «le plan d’action de l’année 2003 est caduc»
Sur un autre registre, qui n’est pas moins important, le Président Tebboune a appelé à accélérer l’application des propositions de l’Algérie pour le renforcement des mécanismes de l’UA de lutte antiterroriste, mettant en avant «les défis complexes et interdépendants auxquels le continent africain est confronté, à leur tête le phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent, les nombreux foyers de tension et les crises qui se sont gravement accentuées».
Ces facteurs constituent «une véritable entrave au progrès et au développement de nos pays», tout comme ils «compromettent nos efforts communs de lutte contre la pauvreté et pour la réalisation de la justice sociale et la satisfaction des aspirations légitimes de nos peuples», a plaidé le chef de l’Etat.
Il a souligné, dans ce contexte, que l’activation progressive des différentes composantes de la structure continentale de paix et de sécurité a eu «un impact positif sur la réduction des conflits en Afrique et l’identification précoce des risques et menaces, le traitement rapide des foyers de tension». Mais la complexité des défis impose cependant aux pays du continent de «redoubler d’efforts pour une activation complète de tous les mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits», a-t-il dit.
Face à cette situation, le Président Tebboune a réitéré son appel à accélérer la mise en œuvre des propositions pratiques formulées par l’Algérie, visant à «renforcer les mécanismes de l’UA, à l’instar de l’élaboration d’un nouveau plan d’action de l’organisation dans la lutte antiterroriste, au lieu du plan d’action de l’année 2003, qui est caduc».
Il a en outre appelé à «la dynamisation du sous-comité de lutte contre le terrorisme du Conseil de paix et de sécurité, ainsi qu’à l’établissement d’une liste africaine des individus, groupes et entités impliqués dans des actes terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers», et à la «concrétisation du projet de mandat d’arrêt africain».
M. Tebboune a tenu à «réitérer le soutien ferme de l’Algérie au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum libre et transparent, conformément aux chartes et aux résolutions internationales». Il a souligné, à cet égard, que «les tentatives désespérées d’entraver le processus de décolonisation en cours, et les décisions unilatérales contraires au droit international et aux principes de l’UA, ne sauraient en aucune manière légitimer l’occupation des territoires sahraouies ni attenter au droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination».
Face à ces développements dangereux, «il est impératif pour notre organisation d’assumer toute sa responsabilité vis-à-vis de cette question et de jouer le rôle qui lui est assigné, selon sa ferme conviction en faveur de la décolonisation».
Concernant la crise en Libye, le Président a exhorté les parties dans ce pays à «adhérer au processus pacifique pour résoudre la crise sans ingérence étrangère» (…), réitérant «la pleine disposition de l’Algérie à contribuer à toute action susceptible de rassembler tous les Libyens en vue de rapprocher les vues entre les acteurs de ce pays frère» et «parvenir à un règlement politique inclusif garantissant l’unité, la sécurité et la stabilité de la Libye».
A noter qu’au deuxième et dernier jour du Sommet, les dirigeants africains ont examiné, à huis clos, les principales questions intéressant le continent africain, notamment l’accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf et la situation de paix et de sécurité en Afrique, la lutte contre les changements climatiques et les défis de sécurité alimentaire, outre l’évaluation du plan d’exécution de la première décennie de l’Agenda 2063 de l’UA et la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. <