Investi président de la République jeudi dernier, M. Tebboune a dû amortir son baptême du feu à la tête de l’Etat suite au décès subit du général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, inhumé hier au cimetière d’El Alia.

Survenu lundi matin, le décès de Gaïd Salah a ainsi chamboulé l’agenda du président de la République, qui venait d’effectuer sa première sortie sur le terrain en procédant dimanche à l’inauguration officielle de la Foire de la production algérienne.
Aujourd’hui, que les jours de deuil national qu’il a décrétés après la mort du désormais ancien vice-ministre de la Défense sont passés, le premier magistrat du pays retrouve le terrain de la réalité et toutes ses urgences. Sur ce registre, les urgences sont multiples, politiques, économiques, sociales, diplomatiques…
Si M. Tebboune a décliné, à l’occasion de ses sorties publiques après son accession au palais d’El Mouradia, ses priorités, il est certain que les «chantiers» nommés ne peuvent être entamés sans la désignation d’un gouvernement qui aura la mission dure de faire face à une multitude d’urgences.
Nul doute que les tractations ont été engagées dès l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle, cela est cependant loin d’être une équation aisée pour constituer un staff gouvernemental tenu d’être à la hauteur des attentes et des exigences de l’heure. Car, en plus du contexte économique et financier difficile, le président de la République est tenu de réussir la composition de son équipe gouvernementale, du moins pour bénéficier de la confiance des populations dont le niveau d’exigence dans la gestion de la chose publique a substantiellement évolué, notamment depuis la dynamique du mouvement citoyen pour le changement.
Sur ce terrain, le chef de l’Etat a livré quelques messages à l’occasion de l’ouverture de la Foire de la production algérienne, attestant sa volonté de redynamiser des secteurs biens ciblés, à l’image de l’agriculture et de l’industrie et mettre fin à la spirale du «tout-import». M. Tebboune a promis, par la même occasion, d’introduire des nouveautés en annonçant la création d’un département dédié à la start-up, considérée comme un des vecteurs de création de richesses et de postes d’emploi. Il a ainsi mis en évidence son intention de soutenir et d’encourager les porteurs de projets productifs par des avantages et des incitations en contrepartie de la création de postes d’emploi. «Les incitations fiscales et les avantages accordés par l’Etat (fonciers, crédits et autres) doivent avoir une contrepartie, à savoir la création d’un nombre important de postes d’emploi», a-t-il indiqué.
M. Tebboune a insisté sur la nécessité de «réduire le taux du chômage», estimant qu’un tel objectif ne saurait être réalisé qu’à travers de véritables projets productifs, créateurs d’emploi, fustigeant ce qu’il a qualifié de «richesse illusoire».
Se donnant des objectifs dès la nouvelle année (2020), qui sera, dit-il,
«différente pour les opérateurs économiques à la condition de s’engager à élargir leurs activités, à redynamiser l’économie nationale et à créer des postes d’emploi», M. Tebboune a souligné l’impératif d’encourager l’exportation du produit national. En matière d’orientation stratégique, il a relevé que la promotion de l’exportation du produit national est l’unique voie pour parvenir à la diversification de l’économie nationale et à la sortie graduelle de la dépendance aux hydrocarbures.
C’est dire combien le chantier de mettre le tissu économique national sur la bonne voie est énorme d’autant plus que l’entreprise nationale traverse une zone de turbulences avec un impact certain sur le front social qui ne cesse de grandir dans une conjoncture politique difficile.
Autrement dit, les défis sont multiples pour le chef de l’Etat et l’équipe gouvernementale qui sera chargée de mettre à exécution sa feuille de route. En plus des urgences économiques, le chef de l’Etat s’est fixé également des priorités politiques, dont notamment la révision de la Constitution qu’il a promis durant sa campagne électorale et qu’il a affirmé dès son investiture.
A l’issue de sa prestation de serment, M. Tebboune a rappelé ses principaux engagements, à leur tête, «l’amendement de la Constitution, pierre angulaire pour l’édification d’une nouvelle République, durant les mois à venir, voire les quelques semaines, afin de réaliser les revendications du peuple exprimées par le Hirak». Il a inscrit dans ce projet des objectifs : réduire les prérogatives du président de la République, prémunir le pays contre toute autocratie, garantir la séparation des Pouvoirs et assurer leur équilibre…
Des objectifs en attente de concrétisation par un Exécutif toujours en gestation.<