Alors que la matinée d’hier a vu l’élargissement de la campagne de vaccination à deux nouvelles wilayas du Centre, l’après-midi a été marqué par l’arrivée du vaccin AstraZeneka-Oxford sur le tarmac de l’aéroport international d’Alger.
Ce sont donc les wilayas limitrophes de la capitale Boumerdès et Tipasa qui ont commencé à administrer aux citoyens leurs premières doses du vaccin russe Spoutnik V au troisième jour de la campagne de vaccination, après le lancement de l’opération à Blida samedi dernier, suivie par Alger dimanche. Les directeurs de la santé et de la population (DSP) des deux wilayas ont affirmé, à partir des polycliniques où devaient avoir lieu les premières vaccinations, «la disposition aussi bien des structures sanitaires que des équipes médicales dédiées pour la réussite de cette opération».
«Le vaccin sera distribué à partir de demain (aujourd’hui, ndlr) dans d’autres wilayas du pays», a annoncé, pour sa part, le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus, Dr Djamel Fourar, lors de la réception du vaccin d’AstraZeneca-Oxford à l’aéroport d’Alger. Cette livraison n’est que la première de ce vaccin et concerne un lot de 50.000 doses qui sera d’abord acheminé vers l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), a-t-il fait savoir.
Il est attendu que l’Algérie réceptionne, durant les prochains jours, d’autres doses du vaccin d’AstraZeneca-Oxford et de celui de Spoutnik V, a affirmé Dr Fourar sans indiquer un échéancier précis ou les quantités à venir, mais en soulignant que de nombreux dans une situation épidémique grave n’ont pas pu encore acquérir l’antidote vu la tension sur la demande qui pèse au niveau mondial.
«L’arrivée de cet antidote va nous permettre d’étendre la vaccination à la population à risque, de même que cela va nous permettre de le distribuer, outre le Spoutnik V, dans les wilayas prioritaires, à savoir celles qui sont durement touchées par la pandémie de coronavirus et qui continuent, à ce jour, d’enregistrer le plus grand nombre de cas de décès et de contaminations», a expliqué le porte-parole du Comité scientifique. Il a poursuivi en soutenant que la vaccination sera assurée pour tous et que le programme de vaccination est appelé à s’étaler sur plusieurs mois, voire une année.
«La réception du vaccin se fera de façon progressive jusqu’à satisfaction de l’ensemble des besoins du pays», a-t-il encore assuré, confirmant la précédente déclaration du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, qui avait annoncé, vendredi dernier, lors de la réception du Spoutnik V, que d’«autres vaccins devraient encore arriver de Russie, d’Inde, de Chine et d’autres pays». Dimanche dernier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait, à son tour, soutenu que la quantité de vaccins qui sera acquise par l’Algérie sera «suffisante pour satisfaire les besoins de l’ensemble de la population».
Un besoin de 40 millions de doses sur un an
L’Algérie ambitionne de vacciner 70% de la population, soit 20 millions de personnes, pour atteindre l’immunité de groupe. D’où les besoins exprimés se chiffrent à 40 millions de doses de vaccins sachant que chaque personne vaccinée a besoin de deux doses, selon les chiffres annoncés précédemment par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid.
Actuellement, le pays a reçu le premier lot du vaccin Spoutnik constitué de 50.000 doses sur un total de 500.000 doses attendues. La prochaine livraison est prévue pour le mois courant, mais on ignore dans quelles proportions. Le premier lot du vaccin AstraZeneca-Oxford est également constitué de 50.000 doses sur un total dont le nombre n’a pas été révélé, ni celui du prochain arrivage, surtout que le laboratoire subit de fortes pression de la part de l’Union européenne qui lui a exigé de lui fournir 300 millions de doses avec une possible quantité supplémentaire de 100 millions de doses selon les accords contractuels entre les deux parties.
L’Algérie devrait, normalement, recevoir également le vaccin chinois Sinopharm. Mais pour l’heure, c’est le black-out total sur cette commande, que ce soit sur la quantité ou l’échéancier d’arrivée. La commande du pays devant être satisfaite dans le cadre de l’initiative Covax est de 8 millions de doses. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui chapeaute cette initiative onusienne dont l’objectif est d’assurer un accès juste et équitable du vaccin aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, avait émis le souhait de pouvoir distribuer les vaccins au premier trimestre de 2021. Mais il se peut qu’il y ait un glissement de calendrier, les pays riches ayant tout (ou presque) raflé, ce qui n’a pas manqué de provoquer l’ire de l’OMS qui a dénoncé cet état de fait. La forte tension sur les vaccins ne fait que s’accentuer, compromettant, ainsi, l’accès de l’antidote à tous.
A ce jour, l’Algérie a donc pu recevoir deux lots de vaccins totalisant une quantité de 100.000 doses assurées d’être administrées aux Algériens, ce qui semble un peu maigre. Il y a alors la solution de pouvoir fabriquer localement le vaccin russe Spoutnik V pour laquelle des contacts viennent d’être initiés.