Le passage de Ali Benflis, hier au forum du journal El Hiwar, a été riche en déclarations en rapport avec l’actualité nationale brulante. C’est ainsi que le patron de Talai El Hourryet a, d’emblée, évoqué la prochaine élection présidentielle, annoncée pour le 4 juillet prochain, en la rejetant. Et pour cause, «il n’y a rien de changé en matière d’arsenal juridique réglementant les élections», a-t-il lancé, avant de préciser que «nous avons toujours la même loi électorale et nous sommes en face de l’absence d’une véritable commission indépendante de surveillance des élections». Questionné à ce propos sur son invitation par le chef de l’Etat, Bensalah, pour une concertation sur la mise en place d’une instance indépendance de supervision des élections, Benflis s’est voulu catégorique, «non, je n’ai reçu aucune invitation de ce genre», avant de préciser : «Nous sommes avec le mouvement populaire depuis le début et nous ne sommes donc pas intéressés par ce genre d’invitation.» Outre les arguments techniques, Benflis justifie son rejet des élections par la position de la rue. «Nous nous positionnons aux côtés du peuple algérien qui a rejeté cette élection», a-t-il insisté. Toujours à propos de la présidentielle, Benflis dit ne pas être personnellement intéressé par une candidature au motif que «les jeux sont déjà faits et que le match est vendu d’avance». Aux yeux de Benflis, il y a plus important que la présidentielle, en l’occurrence «la satisfaction des revendications du peuple algérien», a-t-il plaidé tout en appelant à l’impératif de «préserver l’Etat algérien». Dans ce cadre, l’hôte du quotidien El Hiwar n’a pas manqué d’accuser «des forces extraconstitutionnelles», qui «essayent de faire capoter la dynamique du mouvement populaire». Selon lui, «même si le régime a jeté l’éponge, ses symboles sont toujours actifs». Ce qui est totalement rejeté par le peuple, note l’ancien chef du gouvernement pour qui «le peuple n’entend pas entrer dans une nouvelle étape avec des figures anciennes dont il considère le maintien comme une atteinte à l’intégrité de sa révolution et comme une couverture à la pérennité d’un régime politique qu’il veut effacer de la mémoire collective au plus tôt». Toutefois à ses yeux, le 8e vendredi a eu pour effet de «remettre les compteurs à zéro». «Il faut rechercher d’autres solutions politiques autrement plus consensuelles qu’avant». Dans ce cadre, il n’a pas manqué de soutenir que «l’application combinée des articles 7, 8 et 102 de la Constitution a fait l’objet d’une large acceptation comme base de sortie de la crise». Il estime que «la sagesse, tout autant que le réalisme et la clairvoyance, imposent un retour impératif à cette base autour de laquelle s’est formé un large consensus national». Aussi et tout en expliquant que son cheval de bataille demeure le respect de la Constitution, Benflis a fait observer que «l’application des articles 7 et 8 de la Constitution ne peut en aucune manière conduire à une violation des dispositions de la Constitution, bien au contraire, elle offrirait une couverture constitutionnelle solide à la partie politique de la solution de la crise».