La réforme du système éducatif doit passer par un consensus national afin qu’il soit adapté aux besoins et contexte actuels, a indiqué, hier sur les ondes de la Chaîne III, Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonomes des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest).
Le but de ce consensus, qui réunira antagonistes et idéologiques, selon lui, est de mettre en place une constituante éducative afin notamment, que le système éducatif soit à l’abri des ingérences et des interférences politiques. «Ne plus permettre aux politiciens de solder leurs problèmes sur le dos des élèves. Dans ce consensus, les parties concernées par le débat autour de la réforme seront appelées à évaluer le système éducatif actuel, ses lacunes, les bavures dans la transmission de la connaissance, entre autres. Déterminer les incohérences qui ont empêché ce système d’atteindre ses objectifs», estime-t-il. Il juge nécessaire aussi la révision des méthodes pédagogiques, l’innovation, ne pas rester statique. «Nous n’avons pas besoin d’importer un système éducatif. Nous sommes capables d’en mettre un en place en fonction de nos besoins et de nos moyens. Il est très important d’avoir les moyens de nos réformes. Dans le contexte actuel, il faudra savoir quelle Ecole devrons-nous assigner pour l’Algérie nouvelle», souligne-t-il en espérant que l’école nationale retrouve son standing d’antan.
En matière de réforme, il favorise notamment la refonte de l’enseignement technique au lieu de le supprimer. «Ce type d’enseignement coûte cher, il est vrai. Mais il est nécessaire pour le développement économique national et l’amélioration de nos taux d’intégration. Pour réduire les coûts de ce type d’enseignement, nous pouvons limiter le nombre de lycées techniques qui soient d’excellence, à un seul pour chaque région», suggère-t-il. Il faudra, par ailleurs, selon lui, penser à mettre de véritables passerelles entre l’école et la formation professionnelle. «Environ 500 000 élèves sont rejetés de l’école par an dans notre pays. C’est là où la formation professionnelle doit intervenir de facto pour récupérer ces élèves. D’autant plus que le pays a autant besoin de cadres que de petits métiers. D’où la nécessité de mettre des passerelles entre les deux secteurs, en impliquant les grosses entreprises. Ces dernières sont appelées aussi à créer des centres de formation pour répondre à leurs propres besoins et à ceux de l’économie d’une façon générale», signale-t-il. Pour lui, le concept de la citoyenneté doit s’introduire dans le système éducatif pour s’assurer une école républicaine et ouverte au monde.
Ce projet d’école passe aussi, poursuit-il, par une formation plus professionnelle des enseignants. «Ce ne sont pas les moyens qui font les résultats. Bien former peut compenser le manque de moyens, mais le manque de moyens ajouté à un déficit dans la formation est un échec programmé», prévient-il.
Interpellé sur le système des examens de fin de cycles, il a affirmé que la révision de ce système est impérative. «La baccalauréat algérien est le plus lourd en termes de temps et le plus cher dans le monde. Il nécessite, en plus, l’intervention de l’Armée nationale pour acheminer les sujets vers les régions isolées. Il est impératif de réduire sa durée, de 5 à 3 jours. Revoir aussi la fiche de synthèse en encourageant davantage l’apprentissage des matières essentielles», dit-il, en appelant également à la révision des coefficients de chaque matière. Il a signalé à ce propos des incohérences, voir des «bavures» qui pénalisent le cursus des élèves. «Il faudra aussi revoir les coefficients du BEM. Les sujets dans les épreuves du BEM ou du baccalauréat doivent être centrés sur des questions d’intelligence. Ce qui va contribuer à réduire de 50% les risques de triche», pense-t-il. Pour ce qui est des examens de 5e année, ils peuvent être supprimés, selon lui, dans certains cas. «Quand l’élève par exemple a doublé plusieurs fois de suite pour une raison ou pour une autre s’il est âgé de plus de 10 ans, il ne peut pas rester dans le cycle primaire. On peut lui permettre de passer au moyen sans passer l’examen de 5e année et lui donner une chance au collège. S’il échoue, il sera orienté vers la formation professionnelle», conclut-il. Il recommande aussi la suppression de certaines matières dans le primaire qui handicapent et surchargent les élèves. «Réduire en somme le travail moral des élèves», explique-t-il en qualifiant la prochaine rentrée scolaire d’ «équatique». Car il s’agira, d’après lui, d’achever le programme scolaire tout en respectant le protocole sanitaire. «C’est une équation difficile», conclut-il. n