Entre 2015 et 2022, quelque 15 000 personnes ont été tuées ou blessées par des mines, soit 5 chaque jour en Syrie et «environ 10,2 millions de personnes vivent dans des zones contaminées par des engins explosifs», rapporte l’UNMAS, le Service de l’action antimines des Nations unies.
Selon le représentant du département antimines de l’ONU en Syrie, Habibulhaq Javed, interrogé en juin par l’AFP, la Syrie est le pays au monde qui compte le plus d’accidents de ce type. Ce responsable regrette le manque de moyens, appelant au «soutien de tous les acteurs».
Dans un pays ravagé depuis 2011 par un conflit, qui a coûté la vie à un demi-million de personnes et déplacé des millions d’habitants, la lutte contre les mines antipersonnel demeure une tâche difficile. Posés sans être cartographiés par les différentes parties belligérantes, au milieu de terres agricoles et de zones résidentielles, ces engins de la mort restent une menace pour tous, partout, et pour longtemps.
«La durée de vie des mines est longue (…) et elles sont placées de manière aléatoire par différents groupes armés», a expliqué à l’AFP un officier du régime de Damas sous couvert d’anonymat. Presque quotidiennement, les autorités syriennes annoncent des explosions contrôlées pour détruire des engins explosifs, munitions et autres mines antipersonnel abandonnés sur le territoire.
Dans les régions qui échappent encore au contrôle de Damas, comme le nord-ouest de la Syrie, les équipes de secouristes des Casques blancs sont à l’oeuvre pour recenser, détruire les engins explosifs et informer la population avec des ateliers de sensibilisation. Raed Hassoun, directeur de l’un des centres de déminage géré par les Casques blancs, affirme que depuis 2016, environ 24 000 engins explosifs ont été détruits dans le nord-ouest. «Nous n’avons pas le droit à l’erreur», explique-t-il à l’AFP.
En décembre 2021, l’ONU a soutenu la première opération de déminage dans les villes contrôlées par le régime syrien à Daraya, en Ghouta orientale. Située près de Damas, cette zone, fief rebelle entre 2012 et 2016, a une concentration importante de mines. Au cours d’une opération de déminage similaire, l’ONU a retrouvé des engins explosifs dans environ 200 des 6 000 bâtiments du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, en banlieue de Damas.