En ce huitième vendredi de la « révolution du sourire », l’Algérie vient de perdre un grand nom de la culture nationale, le comédien Aziz Degga, qui a offert tant de sourires aux Algériens avec son humour ciselé et ses répliques cultes dans notamment «Omar Gatlatou» ou dans «Le Clandestin». Il a été inhumé, hier, après la prière de Dohr au cimetière de Aïn Bénian, accompagné d’une grande foule d’admirateurs anonymes et de personnalités de l’art et de la culture.
Aziz Degga connu pour son rôle de Moh Smina dans le film «Omar Gatlatou» de Merzak Allouache, est décédé, hier matin, à l’âge de
74 ans des suites d’une longue maladie. Le premier à avoir diffusé l’information sur les réseaux sociaux est un proche de la famille. Le doute sur l’information qui a circulée comme une traînée de poudre a rapidement été confirmé par des publications officielles à l’instar de celle du directeur de la Cinémathèque algérienne Salim Aggar ou du directeur général de l’Onda Sami Bencheikh dans des messages de condoléances.
Le directeur de la Cinémathèque algérienne témoigne dans son message de condoléances qu’« il était toujours resté un fidèle du cinéma algérien et de la Cinémathèque. Avec son petit couffin, il n’a cessé de fréquenter le musée du cinéma où il était employé comme animateur. Il participait aux débats et apprenait certaines répliques pour les utiliser dans ces propres imitations. Il était amoureux des films japonais et des westerns.» Il rappelle également que le documentariste Hamid Benamara lui avait consacré tout un portait pour lui rendre hommage dans un documentaire intitulée « Degga». Né à El-Biar le 10 novembre 1945, Aziz Degga a débuté sa carrière artistique au début des années soixante comme animateur à la Cinémathèque d’Alger. Connu surtout pour ses capacités d’adaptation, ses mimiques, ses imitations et son humour typiquement algérois, le grand public le découvre dans le rôle principal en 1976 dans Omar Gatlato. Il endossera également des rôles de personnages principaux dans « Cri de pierre » (1987), «Le Clandestin» (1988) et «Morituri» (2007). Suite à sa mise à la retraite, Aziz Degga se consacre à l’écriture de contes pour enfants et à l’animation d’ateliers d’écriture et d’arts plastiques destinés aux enfants. Dans la présentation de son premier recueil de contes publié en 2002, intitulé « Degga raconte», il est souligné qu’Aziz Degga a une approche très particulière du conte. Son imaginaire foisonnant est constamment enrichi par cet univers cinématographique dans lequel il baigne depuis sa tendre enfance. Il tire son répertoire de son vécu, en racontant à des milliers d’enfants des tranches de vie. Il crée ainsi un univers d’émotions dans lequel il tente d’exprimer ses propres sentiments existentiels. Sa devise : « La paix, l’amour et la tolérance ».
Avec cette triste disparition est soulevée encore une fois la problématique de la marginalisation de l’artiste en Algérie qui disparaît sans avoir réussi à partager tout son talent à cause d’un système administratif qui relègue l’authenticité artistique au second plan. Aziz Degga, homme aux multiples talents et véritable intellectuel, qui a démontré de son vivant sa capacité d’animer des débats de haute voltige, s’est hélas éteint, sans que son potentiel et son talent ne soient reconnus à leur juste valeur.n