Par Bouzid Chalabi
Agronomes et économistes admettent que le secteur de l’agriculture a certes connu des avancées en matière de production, ces dernières années, « toutefois, il reste beaucoup à faire avant que notre agriculture ne devienne un fer de lance du développement national », font-ils remarquer à l’unanimité. Dans cette perspective, « cela repose sur deux chantiers prioritaires, un élargissement des surfaces agricoles et la modernisation des techniques de production », avancent ces derniers.
Sur le premier chantier, les chiffres donnés par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Henni, lors d’une conférence sur la contribution du secteur au développement national, lundi en marge de la Foire de production nationale qui se tient actuellement à Alger, témoignent que des milliers d’hectares de terre arable restent encore en friche. En effet, selon le ministre, la surface agricole globale s’élève à 43,98 millions d’hectares, mais seulement 8,59 millions ha sont exploités dont 7,53 millions sont des périmètres de cultures annuelles et le reste, soit 1,05 million ha, de périmètres de cultures pérennes.
On en déduit facilement que l’écart est trop important pour ne pas susciter des interrogations sur comment changer cette tendance. Sur ce dernier point, le premier responsable du secteur juge que cela devient nécessaire « si l’on veut procéder à des opérations d’exportation régulières et augmenter nos parts de marché à l’externe. C’est d’autant plus à notre portée que nous disposons d’avantages comparatifs intéressants par rapport à d’autres pays méditerranéens ». Concernant l’amélioration des volumes à l’exportation, il a exhorté les investisseurs dans ce secteur à orienter leurs efforts vers la production de matières avec des normes propres à certains marchés, comme les Etats du Golfe, les pays d’Afrique, du Sahel et d’Europe, en vue de gagner des parts importantes de marché.
Toujours au registre des exportations, le conférencier a indiqué que « cela requiert de renforcer le transport, la logistique et la disponibilité des intrants nécessaires, en améliorant les cadres réglementaires et juridiques et les mesures incitatives au profit des agriculteurs et des éleveurs ». Concernant le deuxième chantier, il s’agira donc pour le ministre « de moderniser l’appareil de production nationale et de développement de l’ensemble des filières notamment celles stratégiques. C’est à ces conditions que nous pourrons assurer notre sécurité alimentaire ». A ce propos, il a expliqué : « Notre stratégie repose actuellement sur l’augmentation des rendements dans les filières stratégiques, à savoir le blé, l’orge, les légumineuses, les arbres fruitiers résistants à la sécheresse, les viandes rouges et blanches, ainsi que le lait ». Non sans faire remarquer au passage que « le secteur assure pour l’heure 73 % des besoins alimentaires du pays ».
Le ministre a, par ailleurs, rappelé à cette même occasion que la valeur de la production nationale, végétale et animale confondues, s’est élevée, durant l’année 2021, à 3 491,2 milliards DA dans 25 filières. « Le secteur agricole a opéré récemment un tournant majeur car il a 14,1% du PIB en 2020, contre 12,4% en 2019, et 17,2% hors hydrocarbures, avec 2,6 millions d’emplois permanents » a-t-il conclu.