Abdelmadjid Attar a révélé, hier, que le groupe Sonatrach a cumulé des créances de l’ordre de 897 milliards de dinars dues au soutien de l’Etat au prix des carburants durant la période allant de 2015 à 2020. Quant aux créances cumulées par le groupe Sonelgaz durant la même période, dues à la différence entre le prix de revient de l’électricité et du gaz et les prix subventionnés par l’Etat, elles sont de 314 milliards de dinars.

Auditionné par la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, a révélé en effet que le groupe Sonatrach a cumulé des créances de l’ordre de 897 milliards de dinars dues au soutien de l’Etat au prix des carburants durant la période allant de 2015 à 2020. Sur la seule année 2020, ces créances ont atteint jusqu’ici 145 milliards de dinars. Ces dernières, qui correspondent au différentiel entre le prix de revient et le prix de vente, que l’Etat devait payer à Sonatrach en guise de compensation, n’avaient pas encore été payées par le trésor. Le montant cumulé devait ainsi être inscrit dans la comptabilité de l’Etat en tant qu’une dette publique interne ; celle-ci avait justement beaucoup augmenté depuis 2016 en raison, en partie, des créances cumulées par les deux groupes, Sonatrach et Sonelgaz en l’occurrence. Pour pouvoir compenser les pertes du groupe Sonatrach dues aux prix subventionnés, le ministre de l’Energie a fait savoir qu’une enveloppe financière de 138 milliards de dinars était proposée dans le projet de loi de finances 2021, mais le ministère des Finances avait opposé son veto, faute de ressources. Quant aux créances cumulées par le groupe Sonelgaz durant la période 2015-2020, dues à la différence entre le prix de revient de l’électricité et du gaz et les prix subventionnés par l’Etat, Abdelmadjid Attar a levé le voile sur un montant de 314 milliards de dinars.

Le ministère des Finances oppose son veto
Comme pour le groupe Sonatrach, Sonelgaz devait bénéficier d’une dotation financière de 106 milliards de dinars au titre du prochain exercice budgétaire, proposée dans le projet de loi de finances pour 2021, mais le ministère des Finances a jugé que les ressources n’étaient pas disponibles pour valider ladite dotation.
Crise oblige, finies les dotations financières anarchiques que l’Etat mettait à la disposition de ses deux groupes de production et de distribution de produits énergétiques. Lors de la présentation de son étude «Quelle transition énergétique pour l’Algérie», datée de fin 2016, à l’occasion d’une conférence organisée par le FCE, Abdelmadjid Attar avait évalué alors les subventions indirectes aux prix des produits énergétiques, à savoir les carburants, l’électricité et le gaz, à environ 15,3 milliards de dollars annuellement, soulignant que l’Algérie était un pays «qui consommait plus qu’il ne produisait», mettant en exergue un taux de consommation de produits énergétique qui évoluait à vivre allure. En matière de politique des prix, Abdelmadjid Attar avait depuis toujours soutenu l’idée d’une réorientation des usages et de la consommation vers les secteurs à haute valeur ajoutée, de sorte à ce que le soutien aux prix soit compensé par la création de valeur ajoutée. C’est l’idée que le ministre a défendu récemment lors d’une visite de travail effectuée dans la capitale. En effet, Abdelmadjid Attar a déclaré fin août dernier que la priorité de son secteur à court terme était d’orienter la consommation d’énergie, notamment de l’électricité et du gaz naturel, vers les secteurs générateurs de richesse et d’emplois, tels l’agriculture, l’industrie et les services. «75% de l’énergie produite par Sonelgaz (électricité et gaz) est destinée aux ménages, ce qui ne permet pas de créer de la richesse au profit de l’économie nationale», avait-il soutenu, plaidant indirectement en faveur de la réforme des subventions aux prix des produits énergétiques. <