A quelques jours de la remise du projet finalisé d’une dizaine de statuts particuliers des travailleurs de la santé, le ministre de la Santé Abdelhak Saihi poursuit son marathon des rencontres avec les syndicats du secteur avec une dernière audience, hier mardi, avec le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP).
Par Sihem Bounabi
En effet, le ministre s’était engagé auprès des syndicats et partenaires sociaux qu’aucun projet de statuts particuliers ne serait présenté à la Fonction publique sans apporter les dernières retouches en concertation avec les syndicats.
Il est à noter qu’Abdelhak Saihi a déjà reçu en audience le Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu), le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), la Fédération nationale des travailleurs de la santé (FNTS) affiliée à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le Syndicat national des sage-femmes, le Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique (SNMG/SP), le Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy), le Syndicat algérien des paramédicaux et le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Il y a lieu de rappeler que Dr Lyes Merabet, président du SNPSP, avait souligné, à Reporters, qu’une nouvelle rencontre avec la commission chargée de la révision des statuts particuliers devait avoir lieu, les négociations n’étant «finalisées» afin de se mettre «d’accord sur un projet consensuel» à ratifier avant son envoi par le ministère de la Santé à la Fonction publique.
Le ministre de la Santé concrétise ainsi l’un des points principaux de sa feuille de route qui est la reprise du dialogue et des débats dans «un cadre de concertation de manière à permettre la prise en charge de l’ensemble des préoccupations et revendications des personnels du secteur de la santé». Cette volonté de dialogue consensuel s’exprime ainsi par des propositions des syndicats concernant les amendements nécessaires ainsi que les réponses à apporter à certaines réserves de la Fonction publique, notamment débattues lors des réunions entre les syndicats et la commission chargée de la révision des statuts.
Le projet du statut particulier des généralistes finalisé
A ce sujet, le président du Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique, Abdelhamid Salah Laouar, confie qu’après l’audience accordée par le ministre de la Santé, plusieurs réunions de travail intensif durant plusieurs jours ont été organisées avec la commission chargée de finaliser les statuts particuliers.
Ce travail de concertation a abouti à un projet de statut particulier cosigné par le SNMG et le ministère de la Santé pour le présenter à la Fonction publique. Dr Abdelhamid Salah Laouar affirme que «le ministre s’est engagé à défendre le projet lors des négociations avec la Fonction publique», ajoutant que «cette mouture a été élaborée et validée sur la base de toutes les dispositions légales, tels les circulaires, les arrêtés ou les décrets et les lois en vigueur».
Soulignant la convergence de vue entre le ministère de la Santé et le SNMG/SP, il révèle que les principaux points de ce projet sont la création d’un statut particulier à part pour les médecins généralistes et la spécialisation de ce corps. « Nous avons défendu la proposition de la création d’un statut particulier à part qui concerne uniquement les médecins généralistes, car les médecins généralistes ont un cursus universitaire de bac + 7. Ce n’est pas logique qu’ils soient intégrés dans un statut avec d’autres corps qui ont moins de 7 ans de parcours universitaire. De plus, le diplôme de médecin généraliste est délivré avec un diplôme de docteur en médecine et non de praticien», a-t-il souligné.
Le projet du statut particulier des médecins généralistes comporte ainsi quatre grades, il s’agit du médecin généraliste, du médecin généraliste principal, du médecin généraliste spécialiste et du médecin généraliste conseiller.
Le président du SNMG précise que le ministère a validé également la proposition de la réduction du passage d’un grade à un autre à 5 ans au lieu de 7 ans, tel que pratiqué actuellement.
En termes de titre, ce nouveau projet de statut particulier comporte aussi la création du titre de «médecin référent». Dr Salah Laouar précise à ce sujet qu’il est spécifié qu’«au bout de cinq ans de pratique tout médecin généraliste peut prétendre au titre de médecin référent». «Le médecin référent est en fait le médecin de famille qui va suivre tout le parcours du malade depuis les symptômes jusqu’au traitement spécialisé et jusqu’au parcours de fin de vie», a-t-il précisé.
Il rappelle que le médecin référent existe dans la loi de la santé 2018 mais pas dans le statut particulier, d’où «l’importance de l’intégration du titre de médecin référent avec une bonification pour qu’il soit rémunéré».
Le SNMG/SP a également obtenu la création du titre de médecin-chef d’unité ou de chef de service dans un EPH ou dans une structure du type d‘hémodialyse de transfusion sanguine, en expliquant qu’«il y a des médecins généralistes qui exercent à ce niveau-là, mais qui ne perçoivent pas d’indemnité».
De plus, le SNMG/SP a proposé trois modes de progression de carrière : le concours, le diplôme, la promotion au choix sur listes d’aptitudes. Dr Abdelhamid Salah Laouar ajoute : «Nous avons demandé la reconnaissance de tous les certificats d’étude spécialisée (CES) en tant que diplômes» et pour cause, le ministère de l’Enseignement supérieur reconnaît les CES, alors que la Fonction publique ne reconnaît que les diplômes, a-t-il expliqué. Dans ce sillage, le syndicaliste interpelle le ministre de l’Enseignement supérieur «pour libérer la spécialité médicale dont le texte de loi finalisé est à son niveau depuis 2017».
L’autre proposition statutaire prise en compte par le ministère de la Santé est celle relative au volume horaire de travail de 35 heures, incluant les heures de garde. Le président du SNMG affirme à ce sujet qu’«actuellement, beaucoup de médecins dans certains établissements travaillent plus de 72 heures par semaine». Précisant que «ces médecins font leurs 40 heures en plus d’assurer trois ou quatre gardes, et de facto, ils dépassent les horaires légales de travail souvent jusqu’à 72 heures par semaine. Il est temps que cela soit réglementé dans les statuts».
Dr Abdelhamid Salah Laouar a assuré que les séances de travail avec la commission du ministère de la Santé se sont déroulées dans un esprit de débat respectueux et a insisté à saluer «l’esprit du dialogue et d’écoute du ministre de la Santé et son engagement à nous accompagner dans nos revendications». Ajoutant : «Nous tenons aussi à saluer la décision du président de la République qui a ordonné l’ouverture des négociations concernant la révision de ces statuts.» n