Le camp des opposants à l’octroi de statut d’observateur auprès de l’Union africaine à Israël se renforce au sein de l’organisation panafricaine. A ce jour, elles sont sept délégations permanentes à exprimer officiellement leur rejet de la décision prise par le président de la Commission de l’UA d’accorder ce statut à l’entité sioniste.

Par Feriel Nourine
Il s’agit de l’Algérie, l’Egypte, les îles Maurice, la Tunisie, Djibouti, la Mauritanie et la Libye qui ont affiché leur désapprobation de la décision de Moussa Faki qui a fait cavalier seul. «Nous souhaiterions aviser la Commission de notre opposition à la décision sensible de son président d’ordre politique, à savoir l’octroi de statut d’observateur auprès de l’UA à Israël», lui ont signifié ces sept délégations permanentes de l’UA dans une note verbale établie conjointement par leurs ambassades.
Ces dernières n’hésitent pas à traiter cette opération de «dépassement procédural politique, inadmissible, commis par le président de la Commission de par son pouvoir discrétionnaire». Partant, «les ambassades des sept pays s’opposent solennellement à l’acceptation par le président de la Commission des créances de l’ambassadeur d’Israël et sollicitent de sa personne d’intégrer cette question à l’ordre du jour de la prochaine séance du Conseil exécutif».
Une réaction qui, faut-il le souligner, s’inscrit dans le sillage de l’opposition formulée par l’Algérie au lendemain de la décision du 22 juillet, relayée par d’autres pays africains, dont l’Afrique du Sud et la Namibie, qui ont fortement contesté l’attitude de la Commission de l’UA. En effet, l’Algérie n’avait pas tardé à réagir à ce qui s’est passé entre la Commission de l’UA et Israël, affirmant que «cette décision, prise sans le bénéfice de larges consultations préalables avec tous les Etats membres, n’a ni la vocation ni la capacité de légitimer des pratiques et comportements dudit nouvel observateur qui sont totalement incompatibles avec les valeurs, principes et objectifs consacrés dans l’Acte constitutif de l’Union Africaine».
De son côté, l’Afrique du Sud a déposé une objection à cette décision, exigeant des précisions sur cette question. «Gardant à l’esprit que cette question a été examinée par l’Union en 2013 et 2015/2016 et que la demande n’a pas été approuvée, l’Afrique du Sud note que les critères d’accréditation des Etats non africains, des organisations internationales et d’intégration régionale sont clairs sur le fait que les buts et objectifs des Etats ou organisations non africains souhaitant être accrédités auprès de l’UA doivent être conformes à l’esprit, aux objectifs et aux principes de l’Acte constitutif de l’Union africaine», a souligné la mission sud-africaine à Addis-Abeba dans sa lettre d’objection, consultée par l’APS.
C’est donc dans cette même logique de rejet sans concession, les sept pays rappellent les décisions de l’UA qui, «depuis longtemps claires, ont exprimé sa position constante en faveur de la cause palestinienne, et en défaveur de toute forme de pratiques israéliennes à l’encontre du peuple palestinien frère, et contraire même à l’intérêt suprême, aux valeurs, idéaux et décisions de l’organisation panafricaine», affirment-ils, non sans déplorer la vision du président de la Commission, qu’ils considèrent comme «étrangère à celle de ses prédécesseurs qui a été conforme aux principes et objectifs cités dans l’Acte constitutif de l’Union et des résolutions des différents organes de l’organisation».
Les opposants à la démarche de M. Faki ne manquent pas non plus d’exprimer leur inquiétude, insistant sur son caractère «contraire aux préoccupations des pays membres, des critères d’octroi du statut d’observateur et du système d’accréditation au sein de l’UA, adoptés par le Conseil exécutif en juillet 2005».
La note est, par ailleurs, revenue sur «les positions fermes en faveur des droits des Palestiniens légitimes, à la tête desquels la résolution du sommet de l’UA à Accra au Ghana en 2007, en vertu duquel a été soutenue l’initiative de paix arabe, adoptée en 2002 au sommet arabe de Beyrouth».
La réaction des sept délégations permanentes à l’UA a provoqué un élan de solidarité exprimé par les ambassades de Jordanie, du Koweït, du Qatar, du Yémen ainsi que par la délégation de la Ligue arabe. Cette sortie ne manque pas pour autant de montrer que la majorité des membres de l’organisation panafricaine n’ont pas réagi officiellement à l’accueil de l’entité sioniste comme observateur à l’UA. Parmi eux, il y a la dizaine d’Etats qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël et qui, visiblement, soutiennent une décision du président de la Commission de l’UA à valeur de billet pour plus d’avancée de l’Etat hébreu sur le continent africain. Il y a également des pays qui n’entretiennent pas de relations avec cet Etat mais qui n’hésiterait pas à y aller dès que l’occasion se présente, alors qu’une troisième catégorie de membres de l’UA reste attachée aux principes qui condamnent les pratiques israéliennes à l’égard du peuple palestinien.
Une configuration déclinée en divergences qui risquent, à priori, de s’accentuer sous l’effet de l’offensive que mène l’Etat sioniste pour s’installer sur la sphère en Afrique après avoir récupéré le statut d’observateur au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) qu’elle avait perdu après l’avènement de l’UA, en 2002. <