Si le voile a été levé depuis hier sur le nom du Premier ministre, avec la nomination à ce poste d’Abdelaziz Djerad, les intentions des Algériens restent orientées vers le staff qui va l’accompagner dans sa dure mission.
Une semaine, en effet, après son investiture, le président Abdelmadjid Tebboune a fait le choix de celui qui succèdera à Nourredine Bedoui, remercié depuis jeudi dernier et remplacé, pour gérer les affaires courantes, par Sabri Boukadoum, jusque-là ministre des Affaires étrangères.
Il reste ainsi la désignation d’un nouveau gouvernement qui interviendra, selon toute vraisemblance, au cours de la semaine au vu des urgences de l’heure. Aussi bien du point de vue politique, économique, social, diplomatique, voire même sécuritaire, avec les récents rebondissements régionaux autour de la crise libyenne.
Maintenant qu’est résolue la question du nom du chef de l’Exécutif, reste celle du staff que va composer Abdelaziz Djerad dans sa mission. Ce gouvernement sera-t-il technocrate ou politique ? Y aura-t-il des ministres jeunes, comme promis par le premier magistrat du pays, lors de ses premières déclarations juste après l’annonce de son accession au palais
d’El Mouradia ? Les départements de souveraineté changeront-ils de titulaires désignés dans le gouvernement des affaires courantes ? Les ministres encore en poste et qui ont exercé sous le règne de Bouteflika seront-ils reconduits ou remerciés ? Autant de questions que se pose l’opinion publique de plus en plus exigeante sur la gestion des affaires publiques.
L’entrée des formations politiques dans le gouvernement Djerad est également une des questions qui intéresse les Algériens, notamment avec la disponibilité de dialogue et de concertation affichée par le président de la République.
C’est le cas de la formation El Bina, dont le président Abdelkader Bengrina a créé la surprise lors du scrutin présidentiel en arrivant deuxième, juste derrière le candidat élu. Cette surprise a ainsi ouvert la possibilité de voir le parti islamiste intégrer le gouvernement, une probabilité que Bengrina n’avait pas manqué de confirmer, faisant part de son intention de réclamer plusieurs départements ministériels, une ambition légitimée, dira-t-il, par le score du parti lors du scrutin présidentiel.
Par ailleurs, des indiscrétions font part de la possibilité de voir le Front El Moustakbel, de l’ancien candidat à la magistrature suprême, faire partie du gouvernement de Djerad. C’est d’autant plus possible quand on imagine la difficulté, pour cette formation politique, de se maintenir loin des appareils de l’Etat alors qu’ils sont nombreux à accompagner M. Belaïd dans sa deuxième expérience pour devenir Président de la République.
Ce qui est, par ailleurs, improbable, c’est le scénario de voir le désormais Premier ministre puiser les membres de son gouvernement dans l’ancienne alliance présidentielle, notamment du duo FLN-RND, dont le poids électoral a été faible si l’on se réfère aux résultats obtenus par le candidat Azzedine Mihoubi, lors de la présidentielle du 12 décembre.
En tout état de cause, le staff de Djerad, attendu ces jours-ci, sera fortement scruté et observé et s’il sera en phase avec les préoccupations et les engagements lancés par M. Tebboune. Ce dernier avait rappelé, lors de son investiture, ses principaux engagements, à leur tête, «l’amendement de la Constitution, pierre angulaire pour l’édification d’une nouvelle République, durant les mois à venir, voire les quelques semaines, afin de réaliser les revendications du peuple exprimées par le Hirak». Il a inscrit dans ce projet des objectifs. Réduire les prérogatives du président de la République, prémunir le pays contre toute autocratie, garantir la séparation des Pouvoirs et assurer leur équilibre.