Avec un parc vétuste et vieillissant, la réalité du terrain a étalé encore une fois, en 2019, au grand jour le déficit en matière de stades de football en Algérie, en attendant la réception des nouvelles enceintes dont l’inauguration tarde à voir le jour. A l’exception du temple olympique du 5-Juillet, la capitale ne possède plus de stades répondant aux normes techniques et internationales de la pratique de la discipline, d’où les difficultés rencontrées par la Ligue de football professionnel (LFP) de respecter sa programmation, notamment au début de la saison 2019-2020 quand les enceintes du 20-Août-1955 et du 1er-Novembre-1954 étaient fermées. La LFP s’est d’ailleurs résignée et a reporté le match de la 6e journée de Ligue 2 entre l’USM El-Harrach et la JSM Béjaïa, faute de terrain, alors que le NA Husseïn-Dey a dû «immigrer» à Bologhine puis à Dar El-Beïda et le CR Belouizdad au 5-Juillet. Et pour ne rien arranger, la mission de la Confédération africaine de football a recalé les stades du 20-Août, Omar-Hamadi (Bologhine) et Rouiba pour ses compétitions continentales. Avec la fermeture du 5-Juillet pour la mise en place des équipements de contrôle d’accès et de billetterie électronique et la réhabilitation de la pelouse, l’USM Alger, le Paradou AC et le MC Alger, engagés dans les différentes coupes africaines et arabe, se sont rabattus sur le stade Mustapha-Tchaker de Blida. Mais l’état de la pelouse de ce dernier est loin d’être optimal et tout le monde se souvient du coup de gueule du sélectionneur national, Djamel Belmadi, le 8 octobre dernier en conférence de presse avant le match amical contre la RD Congo à Blida. «Il y a un très gros souci de stades. Franchement je suis dépité. Je me suis déplacé à Tchaker… la pelouse c’est du bricolage au sens propre du terme. Les choses n’ont jamais évolué», avait-il lancé avec regret. «Le stade (Mustapha-Tchaker, ndlr) est vétuste. Il est dépassé par le temps», avait affirmé Belmadi, évoquant au passage le «triste spectacle» auquel il a assisté, le 21 septembre dernier, à l’occasion du match entre la sélection algérienne des joueurs locaux et son homologue marocaine, disputé à Blida dans le cadre des éliminatoires (aller) du Championnat d’Afrique des nations-2020. «Pelouse en piteux état, coupure de l’éclairage….Ca faisait mal de voir ça», a-t-il dit, en citant quelques anomalies constatées lors de ce match par le sélectionneur national qui espère toutefois, comme tous les amoureux du ballon rond en Algérie, «voir l’inauguration, comme prévu, de nouveaux stades en 2020».
Quid des nouveaux stades ?
Il faut dire qu’en raison d’une politique jugée «peu efficace» par beaucoup en matière de réalisation des stades, la capitale, à l’instar d’autres wilayas, s’est retrouvée au fil des années avec un nombre de pratiquants en hausse et des infrastructures de plus en plus vieillissantes. En matière d’investissements et dans le cadre du plan de soutien à la croissance économique lancé en 2007, quatre stades olympiques sur les sept programmés par le gouvernement sont en cours de réalisation à Tizi Ouzou (50.000 places), Oran (40.000), Baraki/Alger (40.000) et Douéra/Alger (40.000). L’organisation par l’Algérie du Championnat d’Afrique des nations de football des locaux en 2022 oblige les pouvoirs publics à réhabiliter les stades du pays et non pas seulement ceux d’Alger qui attendent toujours la livraison, après plusieurs reports, des enceintes de Baraki et Douéra, dont les travaux ont été lancés en 2009. «Il y a aussi le grand stade de Sétif dont l’accélération de la cadence de construction s’impose et pourquoi pas construire un grand stade au Sahara», avait lâché le ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Salim Bernaoui, dans une de ses sorties sur le terrain. Dans le même contexte, le premier responsable du secteur avait révélé que la ville de Sig, dans la wilaya de Mascara, a bénéficié d’un stade d’une capacité d’accueil de 20.000 places, conforme aux standards internationaux et dont la réalisation a été «peu coûteuse». Plusieurs grands clubs de football en Algérie disposent de stades vétustes, à l’instar de la JS Kabylie, de l’USM Alger, du CR Belouizdad et de l’ES Sétif, des formations qui accumulent pourtant une grande partie des titres nationaux, mais restent démunies sur le plan infrastructurel. La JSK, club le plus titré de l’histoire du football en Algérie, tant sur le plan national qu’africain, continue d’évoluer dans son vieil antre du 1er-Novembre, en attendant la livraison de son stade flambant neuf de 50.000 places situé dans la localité de Boukhalfa (Tizi-Ouzou). Les regards se tournent inévitablement vers l’Etat, seule entité capable de construire stades et complexes olympiques sur tout le territoire national. A cet effet, l’ancien Premier ministre Noureddine Bedoui a donné, quelques jours avant sa démission, son accord pour le financement de plusieurs opérations, dans le cadre de la modernisation et de mise à niveau des stades de football existants, selon le ministère de la Jeunesse et des Sports. La première opération consiste en la mise en place de systèmes de contrôle d’accès électroniques pour 5 stades : Mustapha-Tchaker (Blida), 8-Mai-1945 (Sétif), 24-Février-1956 (Sidi Bel-Abbès), 19-Mai-1956 (Annaba) et Chahid-Hamlaoui (Constantine). Aussi et en prévision du CHAN-2022, cinq enceintes sportives seront mises à niveau et modernisées, en l’occurrence celles d’Annaba, Blida, Constantine, le 5-Juillet-1962 (Alger) et Ahmed-Zabana (Oran). Mais pour des acteurs du ballon rond en Algérie, les clubs, dont certains dépensent des milliards de centimes par an en masse salariale sans penser à édifier un centre d’entraînement, ont également une part de responsabilité et doivent s’impliquer davantage. (APS)