A quelques semaines du mois de Ramadan, une période généralement marquée par des hausses souvent artificielles des prix des aliments de première nécessité, les autorités multiplient de leur côté les annonces visant à la régulation des marchés.
Par : Nadir Kadi
En ce sens, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a fait savoir, jeudi, que plusieurs décisions étaient en cours d’application en ce qui concerne la tarification des viandes et des produits de large consommation, dont le lait.
Le gouvernement, au travers de la déclaration du ministre, donnant notamment « un dernier avertissement » aux acteurs activant dans la filière des viandes blanches, souhaite en ce sens envoyer un message clair aux « spéculateurs », largement tenus pour responsables de l’instabilité des prix.
En effet, intervenait jeudi en marge d’une séance plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, le ministre Mohamed Abdelhafid Henni a souligné que les prix des viandes blanches seraient « très prochainement » en baisse, grâce notamment à la décision de son secteur de plafonner le prix du kilogramme de poulet à 350 dinars au niveau des points de vente de l’Office national de l’aliment de bétail (Onab).
Une mesure lancée en parallèle des concertations entre les différents intervenants de la filière et qui devrait mécaniquement entraîner une baisse sur l’ensemble des marchés, ajoute le responsable, cité par l’APS. L’objectif du gouvernement est, en effet, de parvenir à des prix « adaptés » au pouvoir d’achat du consommateur tout en préservant une marge bénéficiaire pour les acteurs de la filière. Par ailleurs, le secteur de l’Agriculture n’écarte par la prise de mesures plus fortes en cas de persistance de la hausse : « Si les prix demeurent élevés, a-t-il ajouté, des mesures seront prises en coordination avec le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations et les services de sécurité ».
Cette dernière déclaration du ministre faisant clairement allusion aux spéculateurs, M. Henni, exprimant en ce sens son étonnement face à la hausse « rapide » du prix du poulet, passé de 320 DA le kilo à plus de 400 DA, qualifiant cette augmentation « d’injustifiée, d’inacceptable, voire d’inhumaine ». Par ailleurs, concernant les prix des viandes rouges, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a de nouveau précisé que le secteur s’était orienté vers l’importation de viandes rouges via l’Algérienne des viandes rouges « Alviar ». Une décision prise pour « rassurer les consommateurs pendant le Ramadan » et qui permet de fixer les prix des viandes rouges « autour de 1 200 DA le kilogramme », ajoute la même source. Quant à l’origine des viandes importées, il s’agit, selon le ministre, de viandes issues de « certains pays d’Amérique latine et d’autres pays avec lesquels nous avons des relations fraternelles ».
Et dans cette même logique de préservation et de stabilisation des prix sur les marchés, des mesures seront également prises, ajoute le ministre, pour assurer la stabilité des produits de large consommation et notamment la pomme de terre. Quant à la distribution du lait subventionné, plusieurs mesures sont en cours d’application avant le mois de Ramadan, mais également à plus long terme. Ainsi, les départements ministériels avaient été chargés de trouver « une solution définitive avant le mois de Ramadan, en assurant un contrôle de la chaîne de production et de commercialisation ». Les laiteries publiques et privées ont été mobilisées pour produire des quantités dépassant les besoins des consommateurs.
Quant aux décisions à plus long terme concernant le marché du lait, Mohamed Abdelhafid Henni a notamment expliqué, en réponse aux questions de députés, qu’une nouvelle carte de distribution du lait subventionné serait mise en place « après le Ramadan ». Une commission intersectorielle composée de représentants des secteurs de l’Agriculture, du Commerce et des Finances devant en ce sens « se réunir la semaine prochaine en vue de revoir, après le mois de Ramadan, la carte de distribution du lait subventionné, de manière à approvisionner chaque wilaya en quantités suffisantes et donner un nouvel élan à cette activité ».
Par ailleurs, le ministre a également communiqué plusieurs chiffres concernant la consommation du lait et le coup des subventions. Ainsi, il apparaît que la consommation annuelle s’établit à 45 litres par personne, la valeur des subventions consacrées par l’Etat au lait était de « 85 milliards DA par an », et la quantité de lait en poudre destinée à la production du lait subventionné « équivaut à 15 000 tonnes par mois, soit 1,7 milliard de litres de lait par an ». Le prix du litre de lait subventionné est, pour rappel, de 25 DA et l’objectif des autorités est de réduire les importations en favorisant la production locale, le ministre soulignant face aux députés que la vision des autorités publiques était, entre autres, de subventionner la production de fourrage et l’élevage dans le cadre d’un programme futur complémentaire couvrant tout le processus de la filière lait, de la production à la commercialisation. <