L’embellie se poursuit pour les principales devises cotées au marché informel du square Port-Saïd d’Alger, réputé être la plaque tournante des transactions du change parallèle.

Depuis l’annonce par le gouvernement de son plan de déconfinement progressif, donnant la priorité à certaines activités fortement affectées par la pandémie de coronavirus, dont les agences de voyages et de tourisme, les cambistes se frottent les mains, voyant un espoir d’une reprise du marché des changes, réduit à sa plus simple expression depuis la diffusion de la pandémie de la Covid-19 à travers le monde. Les deux principales devises, l’euro et le dollar en l’occurrence, continuaient de progresser dans un marché qui semble renaître de ses cendres sous l’effet de l’espoir que suscite le déconfinement annoncé pour nombre d’activités. Un euro valait hier 195 dinars sur le marché informel, alors qu’un dollar était coté à 174 dinars. La cotation des deux devises semble avoir été soutenue par l’annonce du plan de déconfinement progressif du gouvernement, qui faisait la part belle aux agences de tourisme et de voyages, qui, faut-il le souligner, représentent un des principaux demandeurs de devises du marché informel. «Certains responsables de ces agences de voyages ont repris langue avec les cambistes en prévision d’une ouverture des frontières vers la Tunisie dès le mois de juillet», nous explique l’un d’eux au square Port-Saïd. Il a souligné que la demande a légèrement repris même si, globalement, la thésaurisation en devises «a eu le mérite de préserver un minimum d’activité sur le marché». L’offre a, néanmoins, fait défaut durant les longs mois de confinement car, dans un contexte de baisse des cours, les cambistes ont baissé rideau de crainte de vendre à perte. Si l’espoir d’une réouverture des frontières vers la Tunisie venait à se confirmer dans les jours à venir, les cambistes s’attendent à ce que la demande retrouve de la vigueur. Celle-ci pourrait également rebondir avec la perspective d’une éventuelle reprise du trafic aérien dès le mois de juillet, étant donné que des compagnies aériennes et des Etats de l’espace Schengen ont d’ores et déjà annoncé leur intention de libérer le secteur des voyages et du transport aérien dès juillet prochain. C’est un espoir vulnérable ! Car, depuis peu, l’optimisme a cédé le terrain à l’inquiétude d’une deuxième vague de la pandémie, d’autant plus que le nombre des contaminations à la Covid-19 est reparti à la hausse dans de nombreux Etats européens, magrébins et asiatiques. D’ailleurs, la valeur du dollar sur le marché parallèle est tombée de 176 à 174 dinars en un laps d’une semaine seulement, tandis que la valeur de la monnaie unique européenne est repassée au-dessous de 200 dinars, soit à 195 dinars, au début de la semaine dernière. Ainsi, l’espoir d’un déconfinement qui serait inévitable pour des raisons socioéconomiques, et qui a aidé au rebond spectaculaire des devises la semaine dernière, demeure jusqu’ici très fragile. Dans cette histoire, c’est la monnaie nationale qui risque d’être à nouveau malmenée sur le marché informel, alors que sur le marché officiel, les velléités de dévaluation se sont fait sentir il y a plusieurs semaines déjà. Le dollar enchaîne justement la énième semaine de hausse face au dinar sur le marché interbancaire des changes, grimpant à 129,194 dinars pour un dollar. Du jamais vu ! De son côté, la valeur de l’euro a été fixée par la Banque centrale à 144,892 dinars sur la période allant du 19 au 23 juin. Depuis plusieurs semaines déjà, les principales devises de règlement, l’euro et le dollar, enchaînent des hausses de leurs cours sur le marché officiel, face à un dinar en perte de vitesse dans un contexte marqué par la baisse de l’ensemble des fondamentaux de l’économie. De nombreux économistes estiment sans réserve que la dévaluation de la monnaie nationale est inévitable pour faire face au choc externe auquel fait face l’économie du pays.