PAR NAZIM BRAHIMI
Deux semaines après son élection comme président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atmane Mazouz a animé sa première conférence de presse dans laquelle il s’est exprimé sur l’actualité politique du pays et particulièrement sur l’offre de dialogue du président Tebboune.
«Si le pouvoir attend des consultations ciblées qu’il a entreprises, l’établissement de la confiance entre les citoyens et les institutions du pays squattées par des procédés frauduleux, il se trompe lourdement», a considéré le président du RCD.
Estimant qu’on «ne dialogue pas autour des mesures comme la libération des prisonniers d’opinion, la fin des arrestations arbitraires, le respect des libertés fondamentales et des libertés démocratiques inscrites dans la Constitution du pays», relevant qu’on «décrète leur respect et on peut le faire en cette veille du 60e anniversaire de l’indépendance».
Pour le RCD, «tout dialogue doit avoir comme objectif la réunion des conditions pour entamer un processus démocratique et transparent pour donner la parole au peuple algérien», affirmant qu’il est «pour un tel dialogue», déclarant que «ce n’est pas l’opposition qui affaiblit l’Etat national, mais les fraudes électorales, la hogra, l’injustice et l’appauvrissement des populations».
En ce qui concerne le volet économique, le chef du RCD a estimé que «le blocage et le marasme ambiant ne peuvent pas être réglés simplement par la promulgation d’un nouveau code des investissements», ajoutant que «la visibilité et la lisibilité dans ce domaine nécessitent la stabilité dans la législation et les règlements y afférents, leur respect par une justice libérée des contingences politiques».
Le nouveau patron du RCD s’est exprimé également sur le projet de refonte du système des subventions publiques, estimant que «la solidarité nationale doit prévaloir», déplorant la gestion de ce dossier puisque «pendant des années, voire des décennies, les gouvernements successifs ont refusé d’entreprendre progressivement des réformes pour que les subventions ciblent les plus faibles et aident aussi les classes moyennes à éviter le déclassement, en attendant l’établissement de vrais salaires pour tous ceux qui travaillent».
Aujourd’hui, «dos au mur, le gouvernement espère associer des acteurs-alibis pour faire face au manque de ressources», pointe le chef du RCD, qui appelle à la «responsabilité», estimant qu’une telle question «doit être traitée loin des pressions du moment et des calculs politiciens, il y va de la cohésion nationale».
M. Mazouz a abordé aussi les bouleversements mondiaux, soulignant qu’avec «la guerre en Ukraine, au cœur de l’Europe, le monde semble découvrir qu’il n’y a pas de limites pour asseoir l’hégémonie». Pour ce qui est de la crise diplomatique algéro-espagnole, le conférencier a relevé qu’elle «ne peut être détachée du contexte mondial» dans le sens où «elle survient après la décision américaine de remettre en selle Israël dans la région et les bouleversements annoncés dans le domaine des approvisionnements énergétiques, le gaz en particulier».
Affirmant que l’Espagne a une «responsabilité historique» dans l’affaire du Sahara en tant que puissance occupante jusqu’à 1975, le président du RCD a considéré que «le revirement du gouvernement espagnol sur cette question provoque d’ailleurs des remous dans la classe politique ibérique dans la conjoncture mondiale…». Sur cette question et sur «le devenir des relations avec l’Espagne et l’Union Européenne en général avec lesquelles nous avons des relations commerciales importantes et parfois des liens historiques et humains denses, la préparation et l’anticipation dans une vision rénovée sont les meilleures armes», a recommandé le chef du RCD.
«Cela nécessite en effet de construire un front intérieur large», a relevé le conférencier, lequel soutient que «le front intérieur est le corollaire de la souveraineté du pays, plus exactement de la démocratie qui implique l’ouverture des champs politique et médiatique, le respect des libertés fondamentales dans une Algérie sans détenus politiques et d’opinion».
Le président du RCD a présenté à l’occasion de cette conférence, son secrétariat national composé de 26 personnes dont 7 femmes et marqué par plusieurs nouveautés. <