Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, est invité à se rendre en visite officielle en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan, lui a renouvelé l’invitation pour se rendre dans son pays «dans les plus brefs délais», a indiqué hier samedi à Istanbul le Premier ministre et ministre des Finances algérien, à l’issue de l’audience que lui a accordé le président turc.

Par Lyes Sakhi
Aïmene Benabderrahmane a prononcé un discours où il a dit tout le bien qu’Alger pense du jeu géostratégique que mène actuellement Ankara pour des relations politiques et économiques de premier ordre avec l’Afrique. L’Algérie, a glissé le Premier ministre, a des atouts à faire valoir dans le déploiement turc qui correspond, selon lui, à une «correction» des effets négatifs de l’ordre économique mondial actuel sur les économies émergentes.
M. Benabderrahmane, qui a représenté le Président Abdelmadjid Tebboune aux travaux su 3e sommet Turquie-Afrique, n’a pas tari d’éloges sur la relation bilatérale entre Alger et Ankara, qu’il a qualifiée de «stratégique» et ouverte sur «d’autres perspectives» à la hauteur des ambitions des deux Etats d’aller vers un renforcement de leurs échanges économiques et commerciaux, et d’œuvrer surtout à l’édification d’un nouvel ordre économique régional, voire mondial.
Le terme de nouvel ordre n’a pas été utilisé par le Premier ministre et argentier du pays, mais l’ensemble de son propos sur le partenariat afro-turc a été saturé du message selon lequel il s’agit de «corriger», grâce à ce partenariat, «les déséquilibres du système international et relancer les perspectives de coopération sur des bases fondées sur la justice et l’égalité et d’une manière proactive à même de relever les défis actuels et futurs».
Quand on sait que l’Algérie milite aujourd’hui pour la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE), une entente qu’elle considère comme uniquement profitable à la partie européenne, on saisit mieux la portée des propos du responsable algérien qui a déclaré également que «l’Algérie accorde une grande importance au partenariat afro-turc» qu’elle «continuera de soutenir afin de booster la coopération entre l’Afrique et la Turquie».
«Tous les facteurs sont réunis pour la réussite de ce partenariat, que ce soit la volonté politique qui s’est renforcée depuis le premier sommet tenu en 2008 à Istanbul, ou en termes de conditions favorables à la relance économique du continent, lequel poursuit sa démarche constante vers la réalisation des objectifs de l’Agenda 2063 pour un développement intégré, favorisé par la sécurité et de la stabilité, a affirmé le Premier ministre Benabderrahmane qui a défendu l’idée que l’Algérie, outre le fait de consolider sa relation avec la Turquie, a l’ambition d’être une porte vers les marchés africains. L’entrée en vigueur de l’Accord sur la zone de libre-échange continentale au début de 2022 aura un «impact significatif» sur la consolidation de la nouvelle image de l’Afrique, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a indiqué l’Algérie appelle à «intensifier les investissements dans les domaines liés à l’intégration économique du continent, à l’instar des politiques de développement et des programmes économiques qu’elle (l’Algérie) entreprend avec une dimension d’intégration africaine». Il a cité, à ce propos, la route transsaharienne Alger-Lagos (2 415 km) qui facilitera la circulation des biens et des personnes entre l’Afrique et le reste du Monde, en boostant aussi le commerce international et en créant des corridors économiques à même d’améliorer la croissance et la prospérité dans la région et ouvrir aussi de nouveaux horizons pour les partenaires du continent, notamment les Turcs.
Le Premier ministre a, en outre, mis l’accent sur la coopération dans le domaine des ressources humaines à travers «la formation, le renforcement des capacités, l’échange des connaissances et le transfert des technologies pour développer les capacités industrielles en Afrique et permettre à tous les segments de la société africaine de contribuer à créer de la richesse et promouvoir un partenariat durable et de qualité» dans un climat de sécurité.
«Nous comptons beaucoup sur la contribution du partenariat afro-turc pour s’attaquer aux causes profondes de la fragilité menaçant la paix et la sécurité et conduisant à la violence et à la propagation des conflits», a relevé M. Benabderrahmane, faisant part du souhait de l’Algérie d’aboutir à un plan d’action pour la période 2021-2026, basé sur «cinq axes importants qui incluent la paix et la sécurité, le commerce, l’investissement et l’industrie, l’éducation et la promotion des jeunes et des femmes, le développement des entreprises de base et de l’agriculture, ainsi que la promotion de la santé». L’Algérie et la Turquie sont liées par un traité d’amitié et de coopération depuis 2006. n