Les atouts qu’offre la Zlecaf ainsi que le rôle attendu d’elle pour réaliser l’intégration continentale auront été au cœur de la participation algérienne au 17e Sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) dont les travaux se sont achevés avant-hier à Niamey (Niger).
PAR NAZIM BRAHIMI
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, du ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar et du ministre du Commerce, Kamel Rezzig, a mis en avant l’impact économique qu’aura la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Une approche qui atteste visiblement du choix pour les autorités algériennes de se positionner davantage sur le marché africain qui offre, selon les spécialistes, de nombreux avantages d’investissement et d’intégration économique.
La création de la Zlecaf est «une étape cruciale vers la réalisation de l’intégration continentale», a estimé M. Benabderrahmane dans son allocution, considérant que la rentrée en vigueur de la Zlecaf «reflète la forte volonté politique de nos Etats en faveur de la consécration effective de l’Agenda africain de développement en 2063 et ses projets pionniers, en vue d’atteindre son premier objectif, une Afrique prospère reposant sur un développement inclusif et durable».
D’autant plus qu’il s’agit de l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde avec un marché de plus de 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné d’environ 2,500 milliards de dollars.
Raison pour laquelle l’Algérie a réaffirmé son engagement en faveur «des objectifs de complémentarité et d’intégration en Afrique», lequel «reflète sa vision d’intégration à travers ses infrastructures nationales et son soutien soutenu à toutes les initiatives allant dans ce sens».
Il a rappelé, à cette occasion que son action pour «le renforcement des couloirs économiques dans notre région, ainsi que sa participation permanente et qualitative à toutes les réunions consacrées à la redynamisation de la Zlecaf, s’inscrit dans le cadre de l’effort commun visant à réaliser les aspirations de nos peuples quant à cet accord».
Cet accord devra permettre «d’augmenter le taux de commerce interafricain, estimé actuellement à près de 15%, à des niveaux dignes de nos capacités et de nos aspirations», outre «la création d’un marché africain qui assure une libre circulation des marchandises entre les pays et d’instaurer, par la suite, une union douanière et un groupe économique africain à l’horizon 2028 à même de concurrencer les autres blocs économiques internationaux».
Le poids du contexte, l’étendue des attentes
Pour l’Algérie, ce sommet intervient dans une «conjoncture internationale spécifique dont les répercussions nous obligent à adhérer, plus que jamais, à un processus plus sérieux pour la redynamisation de nos outils économiques et la mobilisation de nos capacités à même de réaliser nos aspirations figurant dans l’agenda de l’UA à l’horizon 2063, notamment la Zlecaf».
«Nous sommes pleinement conscients que notre parcours n’est qu’à son début. Nous devons œuvrer davantage pour activer cet accord», a indiqué l’Algérie, soulignant que cela passe à travers «une mise en œuvre efficace de ses outils opérationnels, la libération du commerce et des services, la mise en place des règles de la concurrence, le règlement des conflits et la protection de la propriété intellectuelle».
Le Premier ministre a plaidé, dans ce sens, pour «développer les infrastructures africaines, réaliser des projets structurants, mettre en place un environnement logistique idoine pour le trafic des marchandises, des services et des contacts et réduire les coûts des transports et des investissements».
Il a rappelé le contexte de la rentrée en vigueur de la Zlecaf, en janvier 2021, marqué notamment par la propagation de la pandémie du Coronavirus et l’exaspération de ses multiples répercussions qui nous placent (…) face à nos responsabilités en matière de «consolidation de la coopération et de la solidarité internationales ou encore l’activation des mécanismes de l’action multilatérale».
Cette démarche, a noté M. Benabderrahmane, tend à «relever conjointement ces défis, instaurer les fondements d’un nouvel ordre mondial post-Covid, établir les normes de justice et d’équité et assurer la participation égale de tous les pays sans distinction aucune».
Il a rappelé, dans un autre registre, le rôle « essentiel» des PME dans le domaine de l’industrie, soulignant l’importance de «leur accorder le soutien et l’appui nécessaires et d’améliorer leurs capacités concurrentielles».
Il a appelé, à cet effet à «la mise en place d’un nouveau modèle économique» et à l’élaboration d’une «stratégie industrielle globale», en vue d’atteindre une industrie efficiente et «une économie forte, intégrée et cohérente qui lui assure une place dans les chaînes de valeurs régionales, continentales et africaines».
Pour rappel, la Zlecaf est entrée en vigueur en janvier 2021 à travers une première phase consacrée à l’élimination progressive des droits de douane sur 90% des marchandises, ainsi qu’à la réduction des obstacles au commerce des services.
Attendu pour faire sortir de leur hibernation, les potentialités d’échanges entre les pays africains et leur insuffler une dynamique révolutionnaire, l’accord interafricain pourrait augmenter les revenus régionaux de 9% d’ici 2035, a estimé la Banque Mondiale (BM) en juillet 2022. «Une fois entièrement mis en œuvre pour harmoniser les règles d’investissement et de concurrence, l’accord commercial pourrait accroître les revenus régionaux de 9%, soit 571 milliards de dollars d’ici 2035», prévoit l’institution de Bretton Woods. n