Un mois après la conférence nationale organisée par la société civile, le «Collectif de la société civile pour une transition pacifique et démocratique» revient à la charge et appelle, cette fois-ci, à l’organisation d’une conférence nationale qui devrait réunir aussi bien les partis politiques que les associations et organisations de la société civile.
«Le Collectif constate, avec satisfaction, l’avancement de différentes initiatives politiques et souhaite voir tous les acteurs politiques réunis, dans les meilleurs délais, lors d’une conférence nationale unitaire (partis politiques/société civile). Cette conférence devrait permettre de cristalliser les revendications exprimées dans la rue algérienne chaque vendredi depuis le 22 février dernier», indique un communiqué rendu public hier. Les signataires du communiqué sont la LADDH (Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme), la LADH (Ligue algérienne des droits de l’Homme), RAJ (Rassemblement – Actions – Jeunesse), le CSVM-22 FEV (Comité Soutien Vigilance du mouvement 22 Février), le Comité le pouvoir au peuple, IBTYCAR, A2T2, AJOUAD, NABNI, FIKRA TANK et DZAYER 2.0.
Abdelwahab Fersaoui, président de RAJ, explique que l’appel à la conférence nationale unitaire renforce la décision de la conférence nationale organisée par la société civile le 15 juin dernier, et dont le Collectif de la société civile pour la transition démocratique était partie prenante avec d’autres espaces de la société civile, à l’image du Forum civil pour le changement, de la Confédération des syndicats algériens, etc. «Nous nous sommes dit, par la suite, que la conférence du 15 juin n’est pas une fin en soi et notre objectif, maintenant, c’est d’aller vers une conférence nationale unitaire». Il précise que cette conférence devrait regrouper les partis politiques, les personnalités nationales et la société civile dans son ensemble.
On notera, dans ce sens, que les partis des «Forces de l’alternative démocratique» et ceux des «Forces du changement» ont, eux aussi, chacun de son côté, évoqué l’organisation d’une conférence nationale. «Notre objectif est d’organiser une seule conférence nationale. Pour ce faire, nous avons déjà rencontré plusieurs partis et personnalités pour étudier la possibilité d’aller tous ensemble à une conférence unitaire», a déclaré notre interlocuteur.
Pour l’heure, cette mission semble périlleuse étant donné que les partis sont déjà divisés en deux pôles, l’un étant pour une période de transition avec une assemblée constituante et l’autre pour une élection présidentielle dans des «délais raisonnables». Et, à l’instar des partis politiques, les différentes composantes de la société civile ne sont pas toutes sur la même longueur d’ondes.
Dans le communiqué d’hier, les signataires soulignent que «la crise actuelle ne peut être réduite à la vacance de la fonction de Président, et que le peuple algérien, sorti par millions le 5 juillet et depuis le 22 février, exige, sans équivoque, la mise en place d’un processus pour une transition démocratique.
Une authentique transition ne peut se suffire d’une instance de surveillance des élections comme préconisée par le pouvoir».
De son côté, le Forum civile pour le changement (FCPC), nouvellement agréé, dont le président n’est autre que Abderrahmane Arar, président également du Réseau NADA, veut proposer «des personnalités nationales pour la médiation et le dialogue» auquel le pouvoir appelle et dont la finalité est l’organisation de l’élection présidentielle. Mais pour M. Fersaoui, cela ne saurait constituer un frein pour poursuivre les discussions, à travers les échanges permanents que les différentes parties entretiennent.
Les échanges existent aussi avec les partis des deux pôles, insiste-t-il, tout en se disant optimiste et qu’un compromis est possible.
Le Collectif de la société civile pour la transition démocratique estime, par ailleurs, qu’«on ne saurait parler d’une transition démocratique, de dialogue ou de solution politique sans la liberté inconditionnelle de l’ensemble des détenus d’opinion et politique, l’indépendance effective de la justice (qui est instrumentalisée pour étouffer la voix du peuple et affaiblir le Hirak) et l’ouverture des médias publics et privés».
Le Collectif signataire du communiqué «tient à témoigner son indéfectible soutien et solidarité aux concitoyens détenus d’opinion, parmi lesquels le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, qui n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté de manifestation et d’expression». «Nous dénonçons la répression dont ils sont victimes et exigeons leur libération immédiate. Nous condamnons l’entêtement des autorités à se maintenir au pouvoir dans ce climat délétère contre la volonté populaire et, désormais, sans aucun fondement constitutionnel – un fondement auquel les autorités n’ont eu cesse de se référer pour refuser le changement démocratique», ajoute le collectif, avant de réaffirmer «l’absolue nécessité d’aller vers une refondation du système politique à travers une Constituante (ou, au minima, une nouvelle Constitution), dont l’élection ne serait pas nécessairement antinomique avec des élections présidentielles».<