Des services risquent de fermer par manque d’effectifs…

Le corps médical tire à nouveau la sonnette d’alarme pour exhorter les Algériens au respect strict des gestes barrières face à l’amer constat de saturation de nombreux hôpitaux dans le centre mais, également, dans d’autres wilayas et aussi la propagation du virus parmi le personnel soignant qui paye un lourd tribut de son combat en première ligne.
En effet, selon les derniers chiffres, la Covid-19 a déjà décimé 130 médecins, infirmiers et autres personnels soignants depuis le début de la propagation du coronavirus en Algérie. Le nombre de contaminés à la Covid-19 parmi le personnel de la santé est également impressionnant, il dépasse plus de 7 500 personnes atteintes à travers tous le corps médical.
Au CHU Mustapha-Bacha de la capitale, dans certains services, à l’instar de celui de cardiologie, le nombre de contaminations parmi le personnel soignant frôle les 50%, nous affirme un médecin résident du service. Il confirme également l’afflux massif des malades dans les services d’urgence Covid, en nous déclarant : « C’est une catastrophe, le nombre de malades aux urgences Covid a été multiplié par quatre. Il y a trois semaines, moi-même j’étais assigné à ce service, il y avait une vingtaine de malades par jour. Cette semaine, il a atteint les quatre-vingt malades par jour».
Cela a eu comme conséquences, d’une part, la saturation de tous les services de l’hôpital qui affichent complets et, d’autre part, l’augmentation du nombre de contamination parmi le personnel médical. Le grand danger est que, maintenant, c’est le personnel médical qui risque de contaminer d’autres patients surtout s’ils sont asymptomatique. D’un autre côté, il y a risque de fermeture de certains services faute d’effectifs qui seront en majorité des malades Covid.
Le cardiologue relance encore une fois son appel aux citoyens en insistant : «Il faut vraiment que les gens prennent conscience que la seule manière de limiter les dégâts et d’éviter une situation catastrophique est de respecter les gestes barrières.»
Concernant la disponibilité des moyens de protection, à l’instar des masques FFP2 et des sur-blouses, le médecin résident nous assure que les choses se sont améliorées et que les moyens de protection sont mis à la disposition du personnel médical. Il nous confie toutefois que, suite à la polémique qu’il y a eu durant l’été sur la première prime Covid qui n’avait pas été versée, les choses sont rentrées dans l’ordre et la deuxième prime a été versée dans les délais.
Il nous signale une publication qui est diffusée dans les groupes de personnel de santé, rédigée par Dr Ouali Mourad, du service de réanimation médicale du CHU de Beni Messous, qui est également saturé et qui affiche complet. Le Dr Ouali Mourad souligne ainsi, qu’«au vu de l’importante recrudescence de la pandémie à travers le pays, je viens par cette publication faire un rappel sur la prise en charge de la Covid-19, de la consultation à l’hospitalisation hors réanimation ».
Il est précisé que lors de la consultation pour le personnel soignant, il est nécessaire d’avoir le matériel de protection, en l’occurrence les masques FFP2, les lunettes ou visières et des gants jetables. Il conseille également le lavage rigoureux des mains après chaque consultation et surtout de ne pas se toucher le visage. Il s’agit aussi de respecter les mesures barrières au moment des poses.

Des patients oxygénés à domicile faute de place
A propos de l’examen des patients qui se présentent aux urgences Covid ou centre de tri, il est précisé que tout patient avec un syndrome grippal est considéré comme atteint de Covid-19. Les signes les plus fréquents sont fièvre, myalgies, courbatures, céphalées, anosmie, agueusie, diarrhée, vomissements, douleurs abdominales.
Pour les personnes âgées, lors des auscultations Covid, il s’agit de faire attention aux troubles de la conscience et du comportement survenus brutalement. Les symptômes de la détresse respiratoire qui sont d’hospitalisation sont la polypnée, les signes de lutte (tirage et battement des ailes du nez) et la cyanose restent des signes de gravité.
Faute d’avoir des résultat de PCR rapidement, seul test fiable pour confirmer le diagnostic des personnes à la Covid-19, les hospitalisations sont préconisées pour certains profils de patients dont les personnes qui ont des facteurs à risque, à l’instar du diabète, affection respiratoire chronique ou immunodéprimés, ainsi que les patients de plus de 65 ans ou qui présentent des signes de détresse respiratoire. Mais, actuellement, avec «le manque de places au niveau des hôpitaux», il est conseillé aux médecins que ces patients (sauf en détresse vitale) soient gérés à domicile avec un extracteur d’oxygène pouvant délivrer jusqu’à 10 litres par minutes et ce jusqu’à libération d’une place. Les appareils de ventilation non invasive à domicile peuvent être utilisés chez des patients sans syndrome d’apnée du sommeil déjà initiés à ce type d’appareil, sinon la nécessité de recours à une ventilation non invasive est une indication formelle à l’hospitalisation.
Les autres patients sont traités en ambulatoire par le protocole déjà établi par le ministère de la Santé. Dans ce cas, les médecins doivent bien expliquer la nécessité absolue du confinement et du respect des mesures barrières aux patients traités en ambulatoire.
Rappelons que face au risque de catastrophe que les hôpitaux soient submergés, le gouvernement a déjà lancé un appel à la population pour le respect strict des gestes barrières pour faire baisser la courbe des contaminations, sinon la sanction sera un reconfinement. Le Pr Réda Mehyaoui, chef de service de réanimation au CNMS et membre du conseil scientifique, a encore lancé l’appel à une réelle prise de conscience citoyenne en affirmant que «la guerre contre la Covid-19 est de la responsabilité de tous, car pour le moment, il n’y a pas de vaccin et seuls les gestes barrières peuvent sauver des vies». Enchaînant que «la situation risque d’être incontrôlable et la solution sera le confinement pour éviter une deuxième vague».
Avec la saturation de plusieurs services de réanimation dans les wilayas les plus touchées, cela prouve que les formes graves de la contamination du coronavirus sont en nette augmentation. Et tel que le souligne de nombreux médecins au bord de l’épuisement : «Nous courons droit à la catastrophe, il faut vraiment que les gens prennent conscience de cela.» n